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Commentaire de Ricquet

sur Rêves d'une vie. Fin


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Ricquet Ricquet 17 septembre 2013 10:29

@l’auteur : une lettre pour Amadou.

Salut Amadou.

J’ai besoin de toi, tout va mal : rien ne vas plus !

Ma chèvre est morte avant-hier et Fatoumata, à présent, dépérit à chaque heure de mal en pis !

Je suis venu te demander un service que justifient l’entraide, l’amitié et la nécessité.

Peut-être as-tu conservé des galettes de maniocs ou du mil, pour nous permettre de subsister quelques temps, jusqu’à la prochaine pluie ?

Tu ne dis rien ... pas un mot ! As-tu perdu l’usage de ta langue ? Es-tu malade Amadou ?

Que t’arrive-t-il qui te mette dans un tel état, mi- renfermé, mi- léthargique ? Amorphe !

Ne sois pas affligé ! Certes la famine nous ruine et fait rage, mais nous en avons vu d’autres. Nous repartirons, si le vent tourne dans le bon sens, et il tournera comme d’accoutumée, puis viendront les pluies.

Amadou, nous avons besoin de toi, comme tu as besoin de nous !

Ta force et ta vigueur sont des atouts pour notre communauté.

Ne les gâche pas  ! Nous n’avons ni le droit, ni les moyens de nous morfondre ...

Viens, sors de ta case et accompagne-moi un bout sur la route qui mène à Ndjamena.

Tu sais, même dans les cas désespérés, la nature prodigue encore quelques soins.

Amadou, secoue-toi ! Tu sembles absent du monde et si loin de tes semblables !

Isolés, nous ne sommes plus rien. Nous ne pouvons tenir les uns sans les autres ...

Regarde-toi ! As-tu mal aux dents pour te tenir ainsi la joue, comme un fardeau inutile ?

Notre disgrâce est laissée pour compte du monde des blancs, il n’y a plus que nous.

Nous formons une famille où le sort de l’un n’indiffère à personne !

Naguère à la chasse, ton œil était vif et perçant. Mais alors, qu’as-tu fait de tes yeux noirs et saillants qui rivalisaient d’audace avec les antilopes gerenuks ou les phacochères ?

Je les ai vu briller maintes fois pour l’une ou pour l’autre ; ou lorsque après les semences, les récoltes étaient engrangées dans la hutte de ton grand-oncle, au centre de notre village.

Amadou, j’ai peur du vide ! Ton regard s’est obstrué et ne laisse entrevoir qu’amertume, peine, misère, lassitude et le renoncement prématuré d’un jeune homme de 25 ans.

C’est un masque délavé d’où ne filtre plus la moindre larme, ni la moindre étincelle.

Réveille-toi Amadou, tu as le cuir tanné des chasseurs et du sang rouge dans les veines.

Il chauffe nos corps. Résigné, que penseront nos aînés ? Quels exemples pour nos enfants ? 

Amadou, même avec le ventre vide, tu as des bras habiles, des jambes et des épaules solides, une tête bien faite, plus que jamais nous comptons sur toi : 

La dépression est un luxe auquel nous ne pouvons souscrire.


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