Effroyable mais
vrai !…Ce que vous rapportez à propos de l’ex-Yougoslavie, mis en parallèle
avec ce qui commence à être connu de ce qui s’est réellement passé au Rwanda de
1990 à 1994 (et continue à se produire), fait froid dans le dos….Car, comme
aurait dit Carla Del Ponte, si le FPR devait être l’auteur de l’assassinat
d’Habyarimana toute l’histoire du génocide rwandais devrait être revue……Elle a
découvert la vérité et a été « virée » des TPI….Sa vie est, évidemment,
en danger, comme l’a été celle d’Alison Desforges (qui n’a pas survécu à sa découverte
de la vérité). Carla Del Ponte, elle, elle est d’une grande prudence, compte
tenu de son expérience avec la maffia et l’assassinat du juge Falcone.
Mais les médias
main stream n’en ont rien à cirer. Depuis bien avant 1990, ces médias ont mis
en condition l’opinion publique sur ce qui se préparait et s’est passé au Rwanda.
Aujourd’hui encore la structure du « langage conforme », qu’il s’agisse
de la Libye, de l’Irak ou de la Syrie, ou de la RDC, est en parfaite adéquation
avec l’effet recherché qui est, justement, celui de satisfaire la demande de « cohérence »
que nous exprimons, à travers la nécessité de sauvegarder le fondement de nos
acquis culturels ….(Occident « judéo-chrétien » versus Islam ; NTIC versus
coltan , injuste agresseur versus légitime défense préventive, « rébellion »
versus ingérence humanitaire, etc.). Il faut relire à ce sujet
« Propaganda » d’Edward Bernays (1928).
L’effet escompté
est atteint : 200.000 morts en Libye et en Syrie contre 6.000.000 (six millions)
de morts au Rwanda et en RDC….Mais, d’un côté cela se "passe près de chez
nous« et de l’autre, là-bas, »ce ne sont que des nègres« ….donc… »on
n’a qu’à regarder ailleurs, ils savent bien ce qu’ils ont à faire" ’(Susan
Rice), car de toutes les façons « cela en vaut la peine » (Madeleine
Albright).
Mais si on compare
ce qu’on connaît aujourd’huib à ce qu’on découvre de ce qui s’est réellement passé
au Tonkin, à Pearl Harbour, à Katyn, à Varsovie…n’est-on pas en droit d’avoir
très froid dans le dos quant on pense à l’Holocauste ? Faut-il rappeler que la
seule réaction connue de Wittgestein à la question de savoir ce qu’il pensait
de ce qui se passait avec les Juifs en 1944 a été : "Je ne puis m’empêcher de
penser que cette guerre nous a donné la possibilité d’apprendre beaucoup de
choses sur la nature humaine : nous n’avons qu’à garder les yeux bien ouverts".
Il en est de même avec Annah Arendt et la structure des réactions qu’ont suscitées
ses articles sur le procès d’Eichman à Jérusalem. Ces mêmes structures
d’expressions critiques se sont retrouvées, par un fluage caractéristique du
langage mainstream, dans les commentaires et critiques du film lui-même et de sa
réalisatrice Margarethe Von Trotta ……
Ce n’est
peut-être pas assez de dire que cela fait très froid dans le dos……