Votre idéologie est bien belle Démosthène, mais maintenant revenons-en à la réalité. Aujourd’hui, les études ne sont pas complètement gratuites, même publiques. Et quand bien même elles le seraient, il faut encore pouvoir se nourrir pendant que l’on fait ses études. Vous me répondrez qu’il y a pour cela des bourses : sauf qu’aujourd’hui elles sont très insuffisantes, et régressent chaque année.
Comptez également le fait qu’il s’agit de bourses qui sont déterminées sur des critères de mérite et de capacité financière : ; bien évidemment si on a un système de bourses, et il est indispensable d’y accoler un minimum de mérite, en particulier s’il s’agit de bourses qui doivent permettre de vivre à elles seules, autrement les abus seront immédiats avec une recrudescence d’« étudiants » qui n’en auront que le nom. Bref, il y a donc condition de mérite par nécessité : sauf qu’à ce moment là, vous interdisez à un étudiant d’origine modeste, mais qui aurait des difficultés dans ses études, à suivre ces études justement, là où aujourd’hui, il peut travailler à côté pour financer ses études, sans dépendre d’aides.
Aujourd’hui donc, la très grande majorité des étudiants ont besoin d’un afflux d’argent pour pouvoir suivre des études (et ça ne se limite pas aux étudiants fils de « prolétaires », mais aussi à des étudiants issus de la classe moyenne : même quand on est de classe moyenne, subvenir aux besoins de 3 enfants qui font des études supérieures à différents endroits de la France voire du monde, ce n’est en général pas possible si ces enfants ne travaillent pas à côté). Et pourtant, vous proposez de leur retirer un peu plus de leurs moyens au motif que votre idéologie est qu’ils ne devraient pas avoir à travailler. Au final, votre belle idéologie est 100% néfaste pour ces étudiants.
Et il n’y a d’ailleurs pas que les étudiants qui sont volontaires pour ce genre de travail, mais également des hommes et femmes en couple avec enfant, qui certes sacrifient un WE en famille, mais gagnent en retour la possibilité de vivre et de s’occuper correctement de leurs enfants. Quand les deux parents dans un couple travaillent, il faut bien pouvoir s’occuper des enfants la semaine ; à cet effet, il faut au minimum trouver à garder ses enfants dans une garderie, si tant est que l’on peut leur trouver une place (oui, aujourd’hui il y a un cruel manque d’infrastructures, et s’il serait idéal que les parents n’aient pas de problèmes de se côté là, avant de combattre le travail le dimanche, il faut encore donner à ces parents la possibilité de s’en passer, comme pour les étudiants). Mais déjà supposons que ces parents ont pu trouver une place pour leurs enfants : les horaires restent limités, et avec les temps de trajet pour se rendre au travail (en particulier en région parisienne), il est à peu près impossible à moins de travailler à temps partiel de pouvoir à la fois déposer les enfants le matin et les récupérer le soir ; ce n’est pas toujours possible non plus avec un des parents qui le pose le matin et l’autre qui le récupère le soir, même en supposant que les deux parents aient pu obtenir des horaires décalés auprès de leur employeur. Ainsi, en sus des coûts de garderie, il faut donc également trouver quelqu’un pour s’occuper des enfants en attendant que les parents rentrent du travail, avec là un coût supplémentaire. C’est au point où les diverses charges supplémentaires font que le 2e parent doit être notablement bien payé pour que le salaire supplémentaire rapporte plus que le coût pour garder les enfants. Enfin, en plus de tout ça, il faut prendre en compte le fait que les enfants sont en congés régulièrement pendant l’année (les parents ne pourront pas toujours prendre leurs congés pendant les vacances scolaires), mais surtout qu’ils sont en congés 2 mois pendant l’été : qui s’occupent deux pendant la semaine ?
Pour ces familles, les seules options sont donc : premièrement, d’avoir un des parents qui ne travaillent pas, et dans bien des cas ne pas arriver à boucler les fins de mois ; deuxièmement, d’avoir un des parents qui travaille le week-end (ou alternativement en soirée ou de nuit, mais c’est aussi quelque chose contre quoi vous luttez, mais en plus c’est aussi nettemtn plus difficile pour la famille qu’un travail le week-end), ce qui permet d’avoir toujours un parent pour s’occuper du gamin, et suffisamment d’argent pour boucler les fins de mois.
Quant aux différents arguments que j’ai pu lire comme quoi l’ouverture du dimanche n’augmentait pas la consommation et donc l’activité, mais que ça ne faisait que déporter la consommation sur le dimanche : c’est un bel argument vide issu d’une idéologie qui se veut d’extrême gauche (qui est à la base anti-cléricale) mais relève au final du plus pure traditionalisme catholique.
D’une part, la consommation n’est pas faite que de besoins indispensables (une partie non négligeable de la consommation est générée uniquement par des « opportunités », et supprimer l’opportunité supprime l’acte de consommation), et pour ces cas de figure, l’impossibilité de pouvoir assouvir ce besoin « optionnel » lorsque nous-mêmes ne travaillons pas conduit à l’abandon pur et simple de la résolution de ce besoin : on ne va pas prendre un jour de congé pour aller faire ces achats, ni même bien souvent faire sauter les activités extra-scolaires des enfants du samedi (mais dans le cas où les activités du samedi des enfants sont moins prioritaires que le besoin, votre idéologie du « dimanche sacré » aura ainsi nuit au bien-être de ces enfants qui auront vu leurs activités annulées pour permettre aux parents d’assouvir ce besoin optionnel). Ainsi donc, la réduction des opportunités en imposant la fermeture le dimanche conduit à une baisse de consommation, et donc d’activité.
D’autre part, il ne faut pas oublier que nous sommes à l’ère d’Internet. Aussi, des achats qui auraient été effectués dans un magasin en France avec l’ouverture du dimanche, seront alors effectués par correspondance, parce qu’on aura supprimé la possibilité pour de nombreux acheteurs de se déplacer en magasin lorsqu’il est disponible. Achat par correspondance oblige, à part pour des produits frais (et encore), une grosse partie se fera sur des sites étrangers ; et quand bien même il s’agirait de sites français, la vente par correspondance (et en particulier par Internet) nécessite moins de main d’œuvre que la vente en magasins. Dès lors, votre idéologie du « dimanche sacré », là encore, conduit à une baisse de la consommation auprès d’entreprises françaises, et pour la consommation française à une baisse de la main d’œuvre nécessaire, donc baisse de l’emploi.
J’ai vu cité à plusieurs reprises (certains sont d’ailleurs quelque peu des disques rayés à ce sujet) les « 3 8 » : quel est le rapport entre « travail le dimanche » et « 3 8 » ? Absolument aucun : les « 3 8 » peuvent se faire sans travail le dimanche (et c’est souvent le cas), et réciproquement le « travail le dimanche » se fait en général en horaires « normaux », donc sans « 3 8 » : au mieux il se fait avec deux équipes de 8h avec recoupement, et encore bien souvent du fait de la typologie de ceux qui travaillent le dimanche, avec une grosse journée de 12h.
J’ai vu également cité des entreprises qui imposent le travail le dimanche à leurs employés et les préviennent au dernier moment qu’ils vont bosser le dimanche, ou encore les conventions (fleuristes) ou les exceptions (zones touristiques) qui font que le dimanche est payé comme un autre jour, et ces faits pris comme justification pour interdire le travail le dimanche. À ceci je répondrais que vous devriez plutôt vous battre pour que ces situations cessent, à commencer vous battre pour que quelle qu’en soient la raison et le contexte, le travail le dimanche soit payé plus ; ensuite pour qu’il y ait plus de contrôle sur le caractère volontaire du travail le dimanche ; enfin pour que l’employeur soit obligé d’annoncer suffisamment longtemps à l’avance les horaires de travail effectifs. Et pour le cas de carrefour qui ne paierait pas ses employés au SMIC : il est où le rapport ? Il n’y en a aucun. Par contre au lieu d’utiliser ça en argument contre le travail du dimanche, battez-vous plutôt pour que Carrefour soit condamné pour cela, et fortement.
Un petit point avant de finir : pour ce qui est de l’ouverture du dimanche qui serait juste une guerre des enseignes entre Leroy Merlin et Catorama, qui mènerait à très court terme à la disparition d’un des deux si on autorisait le travail le dimanche : ces deux enseignes sont en pratique ouvertes le dimanche depuis plus de 10 ans (si ce n’est 20 pour Leroy Merlin), et aucune des deux ne s’en porte plus mal, bien au contraire, donc oubliez votre argument bidon qui ne se fonde sur absolument rien.
Donc maintenant on fait quoi : on supprime toutes les possibilités des étudiants et de nombreux ménages au motif d’une idéologie qui fait qu’ils ne devraient pas avoir à travailler le dimanche et on les fout dans la merde, ou on commence par travailler à faire en sorte qu’ils n’aient réellement pas besoin de travailler le dimanche, en les laissant le faire en attendant ?
07/10 21:30 - Yohan
Ce Dimanche, je suis allé, comme un gland de privilégié que je suis, faire un tour à (...)
07/10 21:18 - Gorkk
@Alinea : plutôt que d’utiliser cet argument pour vous opposer au travail du dimanche, il (...)
07/10 21:14 - Gorkk
Votre idéologie est bien belle Démosthène, mais maintenant revenons-en à la réalité. (...)
04/10 17:49 - careless
Qui peut prétendre que le travail du dimanche va tour régler ? Pas moi, personne je crois. (...)
04/10 00:59 - soi même
« Acheter massivement chinois est bien plus pervers pour l’économie. » Nous sommes (...)
04/10 00:40 - soi même
@ careless , ce n’est pas parce qu’il y a un frétillement de volontaire qui veux (...)
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