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Commentaire de jaja

sur Deux tactiques pour combattre l'extrême droite


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jaja jaja 11 octobre 2013 17:59

Sur les conséquences de la sortie sèche de l’Euro lire Husson avec lequel je ne suis pas d’accord sur tout mais qui pose bien le problème...

Sortie de l’euro ?
http://hussonet.free.fr/socregfw.pdf
Quel serait l’avantage d’une sortie de l’euro ? L’argument principal est qu’il rendrait possible une dévaluation de la nouvelle monnaie qui rétablirait la compétitivité du pays concerné. Il redonnerait à la Banque centrale la possibilité d’émettre de la monnaie afin de financer autrement son déficit.
Les plus optimistes y voient un moyen de réindustrialiser une économie, d’atteindre une croissance plus élevée et de créer des emplois.
La fusion des monnaies nationales au sein de l’euro a retiré une variable d’ajustement essentielle, le taux de change. Les pays dont la compétitivité-prix recule n’ont d’autre moyen, dans le cadre européen actuel, que le freinage des salaires et la fuite en avant dans l’endettement. Ceci est vrai mais n’empêche pas le scénario de sortie de l’euro d’être incohérent.
La sortie de l’euro ne résoudrait en rien la question de la dette et l’aggraverait au contraire, dans la mesure où la dette à l’égard des non-résidents serait immédiatement augmentée du taux de dévaluation. La restructuration de la dette devrait donc en tout état de cause être réalisée avant la sortie de l’euro.
Revenir à une monnaie nationale dans le cas de pays qui enregistrent d’importants déficits extérieurs les soumet directement à la spéculation sur la monnaie. L’appartenance à l’euro avait au moins l’avantage de préserver les pays de ces attaques spéculatives : ainsi le déficit commercial de l’Espagne avait atteint jusqu’à 9 % du PIB sans effet, évidemment, sur « sa » monnaie. Une
dévaluation rend les produits d’un pays plus compétitifs, en tout cas à l’égard des pays qui ne
dévaluent pas. Il faudrait donc que la sortie de l’euro ne concerne qu’un petit nombre de pays.
C’est donc une solution nationale non coopérative où un pays cherche à gagner des parts de marché sur ses partenaires commerciaux.
Mais une dévaluation fait augmenter le prix des importations, qui se répercute sur l’inflation interne et peu annuler en partie les gains de compétitivité sur les prix à l’exportation.
L’économiste Jacques Sapir, qui a établi un plan de sortie de l’euro pour la France reconnaît quel’inflation « imposera des dévaluations régulières (tous les ans ou tous les 18 mois) » pour maintenir le taux de change réel constant. Cela revient à accepter une boucle inflation-dévaluation sans fin.
La compétitivité d’un pays repose sur des éléments matériels : les gains de productivité, l’innovation, la spécialisation industrielle, etc. Penser que la manipulation des taux de change peut suffire à assurer la compétitivité est largement une illusion.
C’est pourquoi il n’y a à peu près aucune expérience de dévaluation qui ne se soit pas traduite par une austérité accrue qui retombe en définitive sur les salariés. Pour que la dévaluation serve à lamise en place d’une autre répartition des revenus et d’un autre mode de croissance, il faudrait queles rapports de forces sociaux aient été profondément transformés. Faire de la sortie de l’euro un préalable revient donc à inverser les priorités entre transformation sociale et taux de change. Il y a
là un glissement extrêmement dangereux. Dans son document, Jacques Sapir souligne que la « nouvelle monnaie devrait alors être insérée dans les changements de politique macroéconomique et institutionnel (...) si l’on veut qu’elle donne tous les effets attendus » Parmi ces changements, il cite un rattrapage des salaires, la pérennisation des systèmes sociaux, un contrôle strict des capitaux, la réquisition de la banque de France, le contrôle de l’Etat sur les banques et les assurances. Mais toute ces mesures devraient avoir été imposées avant même tout projet de sortie de l’euro.
Un gouvernement de transformation sociale commettrait d’ailleurs une terrible erreur stratégique en commençant par sortir de l’euro, puisqu’il s’exposerait ainsi à toutes es mesures de rétorsion.
Politiquement, le risque est très grand de donner une légitimité de gauche aux programmes populistes. En France, le Front National fait de la sortie de l’euro l’un des axes de sa politique. Il renoue avec une logique national-socialiste qui combine le discours xénophobe avec une lecture faisant de l’intégration européenne la source exclusive de tous les maux économiques et sociaux.
C’est le fond de la question. La mondialisation et l’intégration européenne néolibérales renforcent le rapport de forces en faveur du capital. Mais il n’est pas possible d’en faire la cause unique, comme si un meilleur partage des richesses pouvait s’établir spontanément, à l’intérieur de chaque pays, à la seule condition de prendre des mesures protectionnistes. Laisser croire que la sortie de l’euro pourrait en soi améliorer le rapport de forces en faveur des travailleurs est au fond l’erreur
d’analyse fondamentale. Il suffit pourtant de considérer l’exemple britannique : la livre sterling ne fait pas partie de l’euro, mais cela ne met pas la population à l’abri d’un plan d’austérité parmi les plus brutaux en Europe.
Les partisans de la sortie de l’euro avancent un autre argument : la sortie de l’euro serait une mesure immédiate, relativement facile à prendre, alors qu’une perspective de refondation européenne serait hors d’atteinte. Cet argument passe à côté de la possibilité même d’une stratégie de rupture qui ne présuppose pas qu’elle intervienne de manière simultanée dans tous les pays européens.

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