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Commentaire de Christian Labrune

sur Chronique de la vie enseignante dans un collège de l'enseignement catholique


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Christian Labrune Christian Labrune 13 octobre 2013 11:49

@Jimanju
Pour être à peu près tranquille, dans ce métier, la seule solution c’est de brancher le pilote automatique, et surtout quand on traverse des turbulences. Cela veut dire que plus on est secoué dans la traversée d’un cours, moins il faut y penser, et surtout après qu’on est sorti de la salle ! C’est évidemment plus facile à dire qu’à faire, surtout quand on commence, parce que le pilote automatique n’est pas un dispositif extérieur : on l’a dans la tête, c’est une partie de soi-même qui se forme avec le temps et l’habitude ; c’est un peu comme l’équilibre qu’il faut réaliser quand on apprend à se servir d’une bicyclette.
Plus on réfléchit sur ce qui se passe dans une classe et sur les inévitables dysfonctionnements, et moins ça fonctionne. Quand les élèves ont un niveau convenable et sont à même de comprendre les cours et d’en tirer profit, quelle que soit la manière dont on se comportera avec eux, ça marchera toujours et quelque chose d’intelligent pourra germer. Quand, en revanche - et c’est le cas de plus en plus - les élèves sont très en dessous du niveau requis (on peut être aujourd’hui en terminale et parfaitement illettré) il n’y a plus grand chose à faire et l’intelligence n’a plus aucune prise. Qui pis est, le déploiement des recettes idiotes inspirées par Sainte-Pédagogie ne fera qu’aggraver les choses. Prétendre, par exemple que, muni de la meilleure pédagogie, on pourrait faire un cours sur les nombres imaginaires à des jeunes qui ne maîtrisent même pas la règle de trois ou les rudiments du calcul algébrique, comme c’est souvent le cas, ce serait se faire croire qu’on est capable de faire des miracles.
L’art d’enseigner, dans la situation actuelle, c’est un art du « faire semblant », un art de faussaire, et qui va jusqu’à la délivrance de faux diplômes. Dans ce monde où la seule préoccupation est de sauver les apparences, quiconque a l’audace de dire que le roi est nu est immédiatement perçu comme un traître. L’administration et même les chers collègues ne lui pardonneront jamais d’avoir rompu l’omerta.


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