Cet article caricatural voudrait faire passer les libéraux pour des gens responsables et actifs et les anti-libéraux pour des assistés irresponsables.
Mais responsable ou irresponsable de quoi ? Le libéral se sentirait davantage responsable de lui-même ou de son propre foyer mais ne se sentirait aucune responsabilité à l’égard du monde et en particulier des victimes du système qu’il défend.
Car le système économique libéral est sans état d’âme à l’égard d’autrui. Seul compte le profit et si pour en réaliser un, il faut mettre une ville entière sur la paille, le libéral n’hésitera pas un quart de seconde. Le délinquant, ce n’est jamais lui mais la victime qui s’attaque à ses biens ou à sa tranquilité. Je conseille à ce propos la lecture de « L’empire de la honte » de Jean Ziegler.
A l’inverse, l’antilibéral estimerait avoir des droits inaliénables en vertu de sa nature humaine et du fait que la terre appartient en droit à tous les hommes. Il se sentirait responsable collectivement du drame de la pauvreté qui entraîne la mort par la faim de 24.000 personnes par jour, soit 8 attentats contre le WTC par jour ou un tsunami asiatique tous les 15 jours. Il réagirait à l’irresponsabilité manifeste des libéraux qui privatisent sans cesse les profits et socialisent les coûts.
Par exemple, les technologies de pointe ont toujours été des produits de la recherche. Cette dernière n’est que la pointe émergée de l’iceberg que constitue l’enseignement.
Le coût de l’enseignement est socialisé. Tous les citoyens paient finalement un long et coûteux écolage qui aboutira à remplacer les travailleurs par des machines et à ponctionner d’autres travailleurs pour assurer la survie des premiers. Et le même raisonnement pourrait être tenu pour les routes, les chemins de fer, les voies navigables...
Voilà qui devrait rectifier quelque peu la manière caricaturale dont l’auteur expose les positions de gauche.
Ceci dit, le système libéral est le meilleur du monde pour motiver la production et il pourrait être aussi le meilleur du monde pour encourager la redistribution s’il n’était frappé d’une erreur conceptuelle fondamentale dont personne ne semble s’apercevoir.
Alors que le jeu économique implique production et consommation, seule la production est considérée comme une création de richesses donnant droit à création monétaire. L’erreur n’est pas apparente quand tout le monde travaille
car le revenu du travail sert à la consommation mais lorsqu’on licencie ne serait-ce qu’un seul travailleur, le montant de son ancien salaire est une perte sèche pour le pouvoir d’achat global des consommateurs. Et ceci est vrai que le travailleur licencié perçoive ou non des allocations de chômage car ce qu’il reçoit est prélevé du pouvoir d’achat d’autres consommateurs.
La conséquence d’une délocalisation est identique. La différence entre le salaire du travailleur occidental et celui du travailleur du pays plus pauvre est aussi une perte du pouvoir d’achat global.
Cela aboutit à une disproportion entre d’une part l’offre de biens et services et d’autre part la demande qui est directement liée au pouvoir d’achat.
Cette disproportion exacerbe la concurrence entre les entreprises pour attirer en même temps les actionnaires et les consommateurs. Pour attirer les premiers, il faut maximaliser les profits, pour attirer les seconds vendre au plus bas prix. Or abaisser le prix d’achat tout en augmentant les bénéfices ne peut s’obtenir qu’en « rationalisant » les dépenses. C’est pourquoi vous voyez tant de fusions d’entreprises, de restructurations, de délocalisations. C’est pourquoi aussi, quoiqu’en disent les menteurs, la perte de pouvoir d’achat vous apparaît de plus en plus sensible car, comme vous l’avez déjà remarqué, nous sommes embarqués dans un véritable cercle vicieux.
La spirale négative est même plus importante que dénoncé ci-dessus car cette perte de pouvoir d’achat a des conséquences sociales en termes de criminalité, de pollution, de soins de santé, d’immigration, d’éducation, ce qui entraîne des dépenses publiques, elles aussi soustraites au pouvoir d’achat des consommateurs par le biais des taxes et impôts.
La solution ne passe pas par ces réactions étatiques classiques puisqu’elles provoquent des réactions toujours plus économes de main d’oeuvre de la part des entreprises.
Elle ne passe pas non plus par l’abaissement des taux d’intérêt car celle-ci provoque une inflation qui fait grimper les prix et laisse les emprunteurs avec des intérêts à rembourser et une vie plus chère. C’est donc un agent important de paupérisation.
Elle consiste à lancer sur le marché un nouveau produit financier : une monnaie sociale réutilisable par le commerçant qui permettrait de payer une fraction des biens et services et qu’on gagnerait exclusivement par des investissements privés de nature sociale, humanitaire et écologique tels que les dons, le bénévolat, l’annulation de dettes et l’investissement écologique.
La redistribution bénéficierait alors du même levier d’action que la production et nous aurions enfin une société équilibrée, j’allais écrire ...civilisée.
Voir http://www.justicesociale.net/crbst_12.html