Tout d’abord, l’article de Quitterie est execellent, au moins à deux points de vue : c’est une des premières réactions visibles qui présente le triptyque du gouvernement, d’une part, et d’autre part, au vu de la date de publication, je suppose que cette synthèse a démandé un travail important, dans l’urgence. Cela est méritoire, les internautes engagés qui font de la veille, de l’information, voire de la mobilisation, l’auront compris immédiatement. Merci Quitterie, donc.
Cela étant, je voulais surtout intervenir sur le point 4 de la conclusion de cette tribune :
« 4 Passage de lois rendant tout le monde coupable ou presque (88% des Français avaient en 2005 de la musique copiée chez eux, et la tendance logique est à la hausse). »
Il y a la un point de vue assez _éclairant_. Tous les internautes qui suivent de près les processus législatifs depuis quelques années arrivent nécessairement en analysant les textes produits à se demander ce qui peut bien se passer dans la tête de ceux qui les fabriquent pour qu’ils en arrivent à tant de partialité ou d’aveuglement (j’euphémise).
On peut alors être amené à faire l’hypothèse que s’est peu à peu installée dans leur esprit une espèce d’évidence plus ou moins inconsciente (j’oxymorise) : la présomption de culpabilité généralisée. Tout se passe comme si l’ensemble des citoyens de ce pays étaient a priori coupables. Et là, tout devient cohérent...
Je (dois) casse(r) un drm pour lire un dvd : je suis un pirate (jamais il ne leur viendrait à l’esprit que je veuille simplement lire le dvd que j’ai acheté sur mon pc/linux).
Je publie une vidéo violente : je suis un ignoble happy slapper, ou complice de happy slapper, voire pire même pas complice parce que la complicité de complicité ça coince en droit, et donc ce sera 5 ans (jamais il ne leur viendrait à l’esprit que je veuille simplement témoigner en tant que citoyen, informer mes concitoyens de faits que j’estime ne pas devoir avoir lieu dans une démocratie, par exemple).
On pourrait trouver de nombreux exemples. Et ce phénomène de suspicion systématique envers les citoyens n’est pas un signe de bonne santé pour une démocratie.
Pour en revenir à la répression du happy slapping : distinguons -comme d’habitude- la toute petite minorité de ceux qui savent _parfaitement_ ce qu’ils font lorsqu’ils rédigent les projets de lois ou directives, de notre majorité parlementaire victime de suspicite aigüe, voire porteflinguisée pour les plus récalcitrants....
Hormis donc la minorité de petits malins (j’euphémise derechef), on a de nouveau vu un symptôme désormais classique s’exprimer : La majorité parlementaire a donc décidé de partir en guerre contre le « happy slapping »... En oubliant un détail : Au fait, qu’est-ce que le happy slapping précisément ?
cf à se sujet les enfilades sur happy slapping vs vidéo lynchage lors des débats. Mais comment peut-on légiférer en utlisant des mots qui ne sont même pas clairement définis ?
Inéluctablement, à un moment ou à un autre du débat, ça coince. Alors à ce moment, on peut faire une exception pour les journalistes « professionnels » ou pour ceux qui auraient envie d’établir des preuves pour la justice... Mais, quand la chambre est de mauvaise qualité(...je sais...), une rustine ne suffit pas.
Et notre majorité parlementaire est tellement obnubilée par sa suspicite aigüe, que pas une seconde elle n’imagine que ce faisant, elle menace de cinq ans de prisons d’honnêtes citoyens qui voudraient simplement témoigner ou dénoncer publiquement, sur internet, des faits qu’ils estiment inacceptables. Ou qui voudraient simplement enrichir une encyclopédie (en ligne, au hasard). Et dire que les historiens dans une ou deux générations auraient pu avoir un travail facile.....
Bref. Tous les gens à qui je parle de l’article « happy slapping » sont incrédules, disent que c’est de la parano, et que bien évidemment le législateur ne vise que le happy slapping...
Ah oui ?
Où est-ce écrit dans la loi ?
Nulle part.
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P.C.