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Commentaire de Christian Labrune

sur Plaidoyer des prédateurs : « Libérez nos fesses ! »


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Christian Labrune Christian Labrune 2 novembre 2013 21:49

@doctorix
Est-ce que nous sommes libres ou entièrement déterminés ? Les philosophes, depuis plus de deux millénaires, n’ont cessé de débattre de cette question. Même si, bien souvent, parce qu’ils manquent de culture et que la connaissance de soi n’est pas chose facile, les hommes peuvent n’avoir qu’une illusion de liberté, je ne vois pas qu’il faille faire une bien grande différence entre les conditions sociales. Je ne suis pas parmi les plus défavorisés et je me plais à penser que je suis libre. Je peux bien voir sans doute qu’un prolétaire surexploité ne fait pas exactement ce qu’il veut, mais s’il me parle de sa liberté et s’il la revendique, je ne vois pas comment, moralement, je pourrais lui répondre qu’il parle pour ne rien dire et qu’il n’est qu’un esclave.
Personnellement, je ne vois rien de plaisant ni d’excitant dans la prostitution, mais si une femme qui se prostitue pense qu’elle est libre, et beaucoup le pensent, je ne vois pas au nom de quoi, sinon d’un préjugé de classe, je pourrais lui dénier ce droit. Une femme prostituée n’est pas ipso facto retranchée de la communauté des hommes, elle n’est pas un objet, elle est munie d’un cerveau, elle pense ; elle peut donc se croire libre, comme vous et moi, et je ne peux que l’approuver de persévérer dans cette voie. Maintenant, son activité est-elle dangereuse pour la société ? Sa liberté s’arrête où commence la mienne, et rien ne m’oblige, si elle me fait un clin d’oeil au bord du trottoir, de lui emboîter le pas.
J’ai connu - maintenant, je suis à la retraite - une activité bien pire et bien plus honteuse que la prostitution : j’ai corrigé dans ma vie des milliers de dissertations. Pendant des milliers d’heures, j’ai eu le cerveau traversé (surtout les dernières années) par des inepties à rendre fou. Une prostituée, pendant que son client s’active, peut bien penser à ce qui l’amuse, mais quand on corrige des copies, c’est totalement impossible. Et prostituer ainsi son cerveau c’est bien pire, croyez moi, que mettre une partie basse de son corps à la disposition de quelqu’un d’autre.


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