ah la grande distribution..
non, d’abord bel article, un ton qui va loin.
donc oui la grande distribution, et leur prophète qui disait :
rien ne m’inquiète autant que le jour où ma communauté se saisira des richesses de la terre - à peu près..
ça y est, tout ce qui circule hydrocarure à mort.
d’un côté quelque chose est arraché du sous-sol,
ailleurs, c’est tout l’arbre de la vie qui est arraché du sol, plus rien n’est produit sur place,
c’est la production humaine, donc toute forme de culture qui est ainsi soulevée
au-dessus du sol par force camions et navions et autres vroums,
la vie en suspens, au-dessus de toutes ces têtes, avec,
pendant de ci de là, quelques lambeaux de boyaux de porcs sanguinolents, mal ficelés encore, quelques crèmes, des pneus... toute la masse grouillante du monde désormais au-dessus des têtes
et maintenant cet homme, le breton, reconnaissant son sous-sol.
mais déjà l’arrachement avait commencé du fait même que l’abattage était série, industrie, & quel porc ce porc sans port,
reste alors le porc du voile face aux voiles du porc.
& les hommes, ces porcs, oublient le miracle que pas de volcan, tsunami,
grandes catastrophes, l’avenir on s’en goinfre,
et pourtant, il suffit un instant, comme y’a trois secondes
de se retrouver sous la menace d’un grand conflit armé par exemple
pour que très vite des questions étranges mais si familières ressurgissent :
bon, où c’est qu’il y aura de l’eau, je connais toutes les sources en forêt pas loin,
et même où placer quelques chèvres encore, mais le blé ?
les légumes, faciles, mais le feu en continu ?
et la jeune fille soudain hurlant ses sanglots,
plus un rasoir sinon ces vieilles lames rouillées,
il reste encore le bon vieux sucre, oui mais où le sucre ?
suspendu au-dessus de nos têtes aussi ?
alors la base, épicurienne par exemple, un fromage, un ami,
sinon basique : manger, s’abriter, s’habiller,
tout au-delà participe à cette monstruosité des pulsions humaines désormais distribuées en grand.
le porc se venge, établi comme arrachable, il suit son destin, et tout ce qui s’est détaché dans la vision, se détachera du sol, encore, tout ! suivra.
lorsque nietzsche choisit d’inventer ses histoires de surhomme,
on oublie dans quel contexte surtout :
il dit, voilà, les hommes vont bientôt, c’est déjà ouvert, en cours,
bientôt prendre le contrôle de toute la planète, sont-ils prêts pour cela ?
clair que non, ravage assuré, en cours,
seul ce qui est au-delà de l’homme pourrait être à la hauteur de pareille responsabilité.
en attendant, nous irions vers le dernier des hommes,
une race, hypermobile, qui ira d’un bout du monde à l’autre en un rien, comme des riens,
le dernier des hommes est l’homme-puce, sa cervelle est minuscule, il est tout mouvement,
à tel point que fasciné par cette valse intense, il finit immobile, en hypnose,
prostré sous le mouvement des choses,
les villes seront défigurées pour ce qui est de ce qui les constitue, la parole,
et des survivants regarderont le vaste spectacle de la circulation des marchandises
dans un temps naturel dont ils auront été dépossédés par le temps de la production.
cet obscurcissement lent de l’homme même est prévu sur des siècles, voire plus.
l’homme-monstre ne se supportant pas ne sait que posséder et/ou être possédé,
c’est un zombie,
j’habite chez les zombies, sont gentils si on déconne pas trop question cuisines,
sinon c’est l’abattoir.