Il m’est arrivé plusieurs fois de me retrouver à Illiers, pas très loin de Méseglises, et ses buissons d’aupébine.
La première fois ce fut à l’occasion d’un grand prix cycliste, auquel je participais, et je ne connaissais pas alors en raison de mon age et de mon expérience, l’oeuvre du petit Marcel.
Proust était juste le nom d’un autre coureur cycliste de mon club, assez doué d’ailleurs, d’aucune origine sémite connue.
Pas de différence sociale sur un vélo ! C’est un engin qui vous remet les idées en ordre, et demande du souffle et du coffre, et réduit au plus les discutions de salon.
Pas le meilleur endroit il est vrai pour rencontrer les Guermandes, les Villacomblay, et autres vieilles familles authentiques de france.
Maintenant avec le recul je me demande si le petit Marcel ne m’a pas vu passer, du haut de sa fenêtre.
Oui, c’est vrai maintenant que vous me le dites, je me souviens de ce ce gaçon neurasthénique, toujours un peu malade, figé dans les jupes de sa mère et qui refusait de nous suivre, par les bons matins d’été
Quand nous allions par les sentiers
Picotés par le vent
Fouler l’herbe menue
Le passé n’est jamais au fond bouclé, c’est la grande leçon de la recherche.
A Illiers-Combourg, beaucoup de japonais, de chinois, de Péruviens, le nez au vent, descendus des cars pullman.
La Beauce est immense, un océan de blés, coupés de petites routes, que les labourages, d’une année à l’autre, réduisent encore à chaque fois, un peu en largeur
Les routes des alpes sont plus larges, mais pas le ciel.
Les massifs enneigés, ici ,sont les gros cumulo nimbus !
Les touristes éclairés, appareil en boudoulière, vont d’un commerce de madeleines à l’autre.
« A la véritable madeleine »
« A la madeleine véritable »
A quel critique se fier, pour mieux déguster ces choses ?
Ils ont le livre dans les mains, et cherchent religieusement les repères leur chemin de mémoire, la fameuse maison, la cloche au bout du fil qui alertait la bonne.
« Chacun se construit sa méditérannée ! » comme disait Trenet
.
Demain, ils iront à Balbeck.
Cabourg, c’est là qu’on allait aussi en vacances, dans les années soixante.
« Le camping de la plage », deux étoiles, sans eau chaude.
Proust, je crois, n’y avait jamais mis les pieds !
La recherche, c’est un peu comme la cathédrale de Chartres, qu’on voit de loin apparaitre, les jours de beau temps.
Encore plus belle quand on la voit de loin, bien que les détails, je vous l’accorde, soient remarquables.
Le portail évidemment, et puis ces gargouilles sur les hauteurs, aux motifs pas toujours religieux, un petit plaisir que s’accordaient les scultpeurs, et qui sont accessibles uniquement aux esprits avertis