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Commentaire de Clém

sur Et si le modèle social français était frappé d'une maladie incurable ?


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Clém (---.---.89.19) 31 mars 2006 18:06

Voilà pour ma part :

* Le CPE, ça va permettre au jeune de rentrer sur le marché du travail et le chômage va baisser. Essayons et vérifions le résultat dans 6 mois.

Alors là, je dis oui, le chômage va certainement baisser ! Par contre que ce soit le CPE qui en soit la cause, j’ai un gros doute. Non seulement il existe déjà des solutions flexibles que les jeunes acceptent, bien malgré eux, mais de plus le CPE n’apporte rien à une grande entreprise. Pour ce qui est des emplois peut qualifiés, l’entreprise utilise soit le CDD pour « tester » l’employé soit la sous-traitance pour plus de flexibilité. Pour les cadres, la période d’essais est de 3 à 6 mois, ce qui suffit amplement pour juger de la qualité d’un individu ou non. A quoi peut donc servir le CPE ? Sans doute à remplacer avantageusement les CDI afin de mettre la pression pendant 2 ans aux nouveaux embauchés : Plus le droit de donner son avis, plus le droit de grève, obligation d’accepter les heures supplémentaires sans broncher, interdiction de tomber enceinte pour mesdames... Je veux préciser que « question flexibilité », il y a une réflexion à avoir pour les PME, un dialogue doit s’ouvrir à ce sujet tout comme sur la façon de mieux orienter la jeunesse lors de son éducation, proposer plus d’apprentissage, redonner de la valeur (pécuniaire) aux filières moins qualifiés...

Vous vous demandez alors pourquoi la théorie de Villepin (baisse du chômage) va se vérifier dans 6 mois : le papy-boum est là pour aider nos chers politiques. Toutes les entreprises doivent renouveler une partie de leurs effectifs, alors oui, le chômage va certainement baisser pendant les prochaines années mais ne profitons pas de cette aubaine pour baisser nos droits.

* Le CPE c’est toujours mieux qu’un CDD, l’interim ou un stage.

Beaucoup de personnes soutenant le CPE arguent qu’ils ont galèré dans leur jeunesse en enchaînant les stages et autres CDD, qu’ils s’en sont sortis à force de travail et de courage, que le CPE offre plus de sécurité. J’appellerai cela la théorie du « c’est mieux que rien » et les manifestants de répondre « c’est pire que tout ». Je voudrai rappeler au « c’est mieux que rien-iste » que le CPE ne va pas supprimer stages, CDD et autres interim ! Il va se substituer vraisemblablement au CDI car c’est un contrat de longue durée ! Alors oui, il faut le répéter ; le CPE c’est pire que le CDI. Si le gouvernement veut régler le problème de la jeunesse, qu’il rende les stages rémunérés et les CDD réellement non renouvelables !

Pour ce qui est de la perte de la « valeur » au travail, elle est simplement du au fait que les milieux défavorisés se rendent compte qu’il faut être né avec des parents riches et un niveau social élevé pour s’en sortir facilement. Alors pourquoi se bouger en travaillant comme des fous si c’est pour toucher le smic toute sa vie ! Si le niveau de vie des gens n’était pas entièrement dépendant à leur « capital de naissance » ou à la chance, si la notion de « biens et services produits » était réellement reconnue, les gens seraient certainement plus apte à tortiller leur postérieur.

* La loi française est trop stricte.

En effet la loi française est plus stricte que dans les pays (sociaux-)libéraux. Les protections et les droits du citoyen dans les domaines du social, de la santé et de l’éducation ont toujours été élevé en France. Cette particularité était une fierté de notre système, enviée par un grand nombre d’étrangers mais depuis la tendance « à la flexibilité » et à la concurrence, il est de rigueur d’abolir ces privilèges féodaux. Doit-on, sous prétexte de la concurrence de nos voisins aboutir à une régression social ? Toutes ces luttes d’un autre âge doivent-elles être abandonnées ? Il y a ceux qui pensent que c’est la seule façon de relancer notre économie et puis il y a ceux qui croient que le progrès à toujours fait partie de l’Histoire, que grâce à nos recherches, à nos connaissances, à l’automatisation... il est encore possible de tirer « l’humain » vers le haut.

Posez-vous une question simple, si malgré tous ces progrès nous devions accepter un niveau de vie et une protection plus bas, à qui profiterait cette productivité accrue !?

* Le problème : Les français sont des fainéants influencés par les super-fainéants fonctionnaires. Les jeunes sont entraînés par les extrémistes de gauche mais ne comprennent rien au problème. La jeunesse des cités s’en fout de la grogne.

Et si nous inversions le discours, et si le problème du chômage et du niveau de vie des gens venaient des entreprises et de leur fonctionnement ? Pourquoi accusons nous si rarement le besoin d’une minorité de décideurs et autres profiteurs cherchant à augmenter le profit de leur société plutôt que de résoudre les problèmes de la société. Je ne veux pas faire la propagande du patron tyrannique et sans valeur. Je cherche juste à exposer un fait très bien décrit par un journaliste du Monde : « Et si c’était l’entreprise qui était au service de la société et non l’inverse... » Peut être avancerions nous dans la bonne direction.

Je ne nie pas les problèmes d’inefficacité de nos administrations mais je crois que le problème a déjà été pris en main par le non renouvellement des postes de fonctionnaires et l’informatisation de notre système publique. De plus, n’a-t-on pas démontré à plusieurs reprises l’efficacité de notre entreprise publique productrice d’électricité, de notre réseau publique ferroviaire, de la fiabilité de nos lignes téléphoniqes... ? Est-ce que nos fonctionnaires sont et étaient si fainéant que ça ? Pourquoi les Anglais et Américain vont-ils se faire soigner en Inde pour quelques roupies ? Ah oui, j’oubliais, la « globalisation »...

De plus, ce genre de mobilisation « politise » la jeunesse. Alors oui, une majorité des jeunes se fait entraîner par les plus extrémistes, une autre en a rien à faire mais au moins, des discussions éclatent, les jeunes se posent des questions, apprennent la politique. Et tout ça ne peut être que bénéfique.

* Les blocages sont anti-démocratique, laissons la liberté aux gens de travailler, ce n’est pas la rue qui gouverne, les manifestants sont minoritaires dans ce pays et caetera...

2/3 des français soutiennent le mouvement anti-CPE, nous pourrions arreter le débat mais...

Je crois qu’avec l’élection de M. Chirac, le vote contre la constitution européenne et les élections régionales nous avons une vrai preuve d’illégitimité de la majorité actuelle et plus particulièrement de notre président. Il faudrait revenir sur les vices de nos institutions mais ce n’est pas le sujet du débat. Tout ça pour dire que les citoyens n’ont trouvé d’autre moyen pour se faire entendre que la rue, droit démocratique de revendication si l’on doit le répéter. Cette forme de citoyenneté, particulièrement chère à notre pays a toujours été écouté par nos politiques. Pourquoi un tel autisme actuellement ? Encore une façon de dire : « Fini l’exception française », rentrons dans le droit chemin... Concernant les blocages et les actions « musclées », il est facile de remarquer que ce sont les seuls actions efficaces pour se faire entendre. Qui se fout d’un million de personne se promenant dans Paris un beau dimanche après-midi ? Le blocage des infrastructures de communications, d’approvisionnements, des édifices publique... sont de très bons moyens de se faire entendre et sont seulement possibles lorsque la population dans sa majorité soutien le mouvement.

* Les syndicats n’ont qu’à répondre à la main tendue de Villepin. Il faut respecter les choix démocratiques du parlement.

Promesse du candidat Chirac pour les présidentielles : « ...Je consulterai les Français par référendum pour tous les grands problèmes de société.. »). je vous l’accorde, ce n’est qu’une promesse orale... Alors que penser la loi « Fillon » du 4 mai 2004 qui prévoit de consulter les partenaires sociaux avant de légiférer dans le domaine social ! Comment oser parler de respecter la démocratie quand les responsables de notre exécutif sont incapables de respecter leur propre loi.

* C’est la honte pour la France vis à vis du reste du monde

C’est le dernier argument à la mode, la France est haït par le reste du monde. La jeunesse française est fainéante... Alors premièrement, en matière de politique internationale, je voudrais signaler qu’une grosse puissance actuelle devrait éviter de donner des leçons de relations internationales. D’autre part, la France n’est pas un pays de fainéants, preuve à son deuxième taux de productivité horaire au monde. Ensuite, en consultant d’autres sources que les médias de masses étrangers, on peut lire des commentaires élogieux sur cette jeunesse « battante », n’abdiquant pas devant les choix de ses dirigeants. Ma pensée est bien relayée par ce blogger :

"Faut il avoir honte des railleries de nos voisins anglo-saxons et américains ? Je crois au réalisme, je crois qu’il faudra pour nous étudiants, futurs actifs, actifs faire des concessions pour que la France relance la machine et permette à une grande majorité de vivre décemment.Je crois surtout que je n’ai pas à abdiquer devant cette réalité et ce futur en plastique que l’on me propose : Je n’ai pas honte de vouloir une alternative différente au libéralisme sauvage que l’on veut appliquer à toute ma vie, je n’ai pas honte de vouloir que la France rejette ce modèle déshumanisant et cherche une autre voie. Je finirai peut être citoyen d’un pays du tiers monde, mais j’ai surtout l’espoir que la France, qui piétine depuis 30 ans, soit digne de mes idées et de mes volontés, et surtout que je sois digne d’en être un citoyen actif, travailleur, et un citoyen HEUREUX." (Ponk)

* Idéologie Dominante

Depuis le débat sur la constitution européenne certaines voix, qu’elles soient de droite ou de gauche nous rabattent que l’on ne peut pas réformer en France, qu’en prenant autant de retard sur le reste du monde (on nous cite l’exemple américain, anglais, indien...) la France perd la bataille, ou plus explicitement la Compétition. Cette idée croissante d’une fatalité à suivre un modèle (capitalisme/libéralisme) fait son chemin même chez les socialistes. Alors pourquoi, lutter contre cette vision « unique » ?

Tout d’abord, l’économie française n’est pas aussi mauvaise qu’on souhaite le faire croire. Les entreprises du CAC40 font des bénéfices records, les investisseurs étrangers sont toujours là : en 2003, la France se situait au 4° rang mondial des investissements étrangers de part sa qualité de main-d’oeuvre, le haut niveau de la recherche et la maîtrise des technologies avancées, le nombre de création d’entreprises ne cessent de croître d’année en année (INSEE). Il y a en contrepartie une baisse des exportations, un taux de chômage élevé et un moral plus bas que la moyenne mais rien de dramatique.

De plus, la vie n’est pas une compétition, le bonheur ne se juge pas au taux de croissance et d’équipement des ménages. Les avancés dans l’organisation de la société et dans les technologies sont suffisantes pour permettre à un plus grand nombre de vivre décemment. Certains nous demandes le droit à travailler plus, qu’ils réfléchissent à ceux qui veulent travailler moins ! Essayons de faire comprendre au plus grand nombre qu’on en a marre de la croissance, du profit et du cac 40.

Le gouvernement essaye de nous faire croire que si « la masse » n’accepte pas ses réformes, c’est qu’on lui a mal expliqué, qu’elle ne comprend pas les enjeux. Arrêtons de prendre les gens pour des imbéciles ! Dès qu’un avis divergeant secoue la population, c’est qu’on l’a mal informée. Stop, c’est tout simplement parce que nous ne sommes pas d’accord ! Il ne faut pas aller chercher plus loin.

Je terminerais par une citation de l’OCDE : « En résumé, les mesures de la croissance économique restent cruciales pour toute évaluation du bien-être, mais il faut les compléter par des mesures des autres dimensions du bien-être. Il reste à savoir comment intégrer de façon optimale ces différentes mesures. Une solution consiste à prendre comme point de départ les mesures des ressources économiques, puis à introduire une série de correctifs pour tenir compte d’autres aspects, mais on ne dispose pas encore de normes internationales pour évaluer ces divers facteurs non marchands. Une autre solution est d’utiliser différents indicateurs non monétaires en complément des mesures des ressources économiques. Même si un cadre conceptuel et statistique cohérent leur fait encore défaut, ces indicateurs fournissent des informations pertinentes pour l’évaluation du bien-être. »


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