Pour répondre à l’article, et dans le fil de mon précédent commentaire :
Le parti d’Erdogan, un faux-nez des « frères musulmans » !
"C’est
sous son long règne -1983 à 1993- (Turgut Örgal président du parti de
la Mère Patrie - Anavatan Partisi ou ANAP) que se développe le parti « Refah » à la coloration fortement islamique
[Refah Partisi, « Parti de la prospérité »], ce qui est une nouveauté
dans un pays qui se vante de son régime strictement laïque. Ce parti
acquiert 158 sièges sur 550 à l’Assemblée législative en décembre 1995,
ce qui en fait la parti disposant du plus grand nombre de sièges. Son
chef, Necmettin Erbakan, devint premier ministre en janvier 1996.
L’armée intervient cependant dès février 1997 et l’oblige à
démissionner, cependant qu’en janvier 1998 la Cour constitutionnelle prononce la dissolution du parti « pour atteinte à la laïcité de l’Etat » [voir réquisitoire ci-dessous]. Ce dernier se reconstitue sous la dénomination de « Parti de la justice et du développement » [AKP, Adalet ve Kalkınma Partisi], et sous la direction de Recep Tayyip Erdogan.
En novembre 2002, c’est un raz-de-marée électoral pour le parti, qui
obtient la majorité absolue au parlement, avec 363 sièges. Erdogan,
inéligible en 2002 à la suite d’une condamnation de 1998 pour
« incitation à la haine religieuse » (il avait évoqué dans un discours
public des symboles islamiques comme moyens de lutte politique), peut
accéder aux fonctions de Premier ministre en mars 2003 - grâce à une
réforme de la loi électorale qui lui permet de se présenter et d’être
élu à une élection législative partielle. L’armée laisse faire et le nouveau Premier ministre s’impose sans difficulté comme un « modéré ».
Histoire du Moyen-Orient De l’antiquité à nos jours. Page 127 / La Turquie et ses relations avec l’Union Européenne.
Auteur, Georges Corm, homme politique, historien, consultant économique, financier international et juriste libanais. Ancien ministre des Finances (1998–2000) de la République libanaise.