Vous avez raison de vous référer à Condorcet.
Jusqu’au début des années 2000, les programmes des ’disciplines’ du Secondaire étaient introduits par une référence éducative fondamentale : l’objectif de chaque discipline était une éducation au Beau, au Vrai, au Bien. Ce qui primait était donc un triptyque : la formation esthétique, la formation scientifique (sciences dures et sciences humaines mises à égalité) et la formation morale.
Chacune des matières d’enseignement se prévalait de ces trois composantes. Les enseignants les prenaient en compte, plus ou moins consciemment. Nombreux sont ceux qui continuent à former les élèves dans cet esprit, comme des sujets de leur formation et non comme des objets, c’est-à-dire de simples outils de la machine économique (souhait des tenants du néolibéralisme).
Je n’ai pas retrouvé ces préambules dans les derniers programmes publiés. Aurait-on changé de paradigme ?
Il est grand temps de re-considérer les jeunes êtres humains en formation comme des citoyens en devenir, comme des Sujets qui parlent au ’je’, qui ont leur mot à dire dans toutes les affaires publiques, y compris au sein de l’entreprise.
En tant que connaisseur de l’ex-RDA pour y avoir vécu plusieurs années, je constate avec effarement que la Commission de Bruxelles met en place progressivement un régime de coercition semblable à celui de l’Allemagne de l’Est. Dans le domaine de l’éducation, chacun devait prendre sa place dans le système économique. En conséquence, si l’on avait un certain choix dans la palette des métiers offerts, l’individu ne s’y développait qu’en fonction de son utilité pour la société. La place du ’je’ était donc très restreinte, au sein du ’collectif’ où il évoluait. Le sens de sa vie ne pouvait être que la participation au développement du socialisme, en marche vers le communisme. Ceux qui refusaient de participer à cet idéal étaient maintenus dans un rôle subalterne, voire réprimés.
N’est-ce pas ce qui arrive de plus en plus souvent à ceux qui résistent au néolibéralisme ?
Et si le communisme avait pour objectif le bien général, de tous, l’objectif néolibéral est l’enrichissement illimité d’un tout petit nombre.
Comme disait une voisine qui touche le RSA :« C’est normal, il y a toujours eu des riches et des pauvres. » Ce qu’elle oublie, c’est que les riches d’aujourd’hui empêchent les gens d’acheter des médicaments pour se soigner, en France et pas seulement en France.