Bonjour,
Le Royaume-Uni prétend faire de sa principale langue nationale une langue internationale.
Ce qui n’a d’ailleurs aucun sens en linguistique ; il faut parler de langue véhiculaire, comme le furent l’araméen ou le latin en leur temps pour un usage commercial ou de domination politique.
L’UE a rédigé un rapport accablant concernant l’apprentissage de l’anglais dans les différents pays européens où il n’est pas une langue native, malgré l’acharnement investi par les budgets de l’éducation et le secteur privé, publicitaire, commercial.
Cette vision hégémonique du Royaume-Uni est en totale contradiction avec la position de nombreux linguistes et écrivains anglo-saxons qui voient dans l’usage de leur langue à l’international entre locuteurs non natifs une menace sur la richesse de la langue anglaise. J’ajouterai sur la richesse des langues anglaises des divers peuples qui la pratiquent comme langue natale et culturelle.
Je vous conseille la lecture d’un autre rapport sur l’apprentissage des langues étrangères selon trois scénario : le tout-à-l’anglais, le plurilinguisme et l’espéranto le rapport GRIN :
Il en ressort clairement que la troisième perspective est la plus rationnelle : économie de 25 milliards d’euros (en 2005), soit 54 euros par européen consacrés à payer et loger des interprètes dans les diverses instantes de l’Union.
L’esperanto s’apprend en 150 heures, soit dix fois moins que pour l’anglais (étude de l’Institut de Pédagogie Cybernétique de Paderborn - Allemagne) :
L’espéranto a valeur de langue propédeutique, c’est à dire que son apprentissage facilite l’apprentissage ultérieur d’autres langues. Ce qui en fait, en plus d’un outil de communication en soi, un support pédagogique pour approcher la culture des pays qui nous entourent.
Il est d’usage de dénigrer et de ridiculiser l’espéranto en France. Mais c’est une tradition bien française que l’on ne retrouve guère à l’étranger.
Un petit rappel historique s’impose sur les positions de la France à ce sujet :
- à la création de la SDN en 1920, l’usage de l’espéranto était alors en pleine expansion. Plusieurs pays désiraient l’inscrire comme langue de travail à l’instar des autres langues retenues, mais la France a émis son veto.
- à la création de l’ONU, en 1945, le même scénario s’est produit.
Par la suite De GAULLE restera à jamais le seul chef d’état à avoir qualifié l’espéranto de « langue dégénérée ». Alors que l’espéranto ne se qualifie pas lui-même de langue de substitution mais de langue-outil qui par ailleurs n’étant la langue d’aucune nation, ne peut en aucun cas faire l’objet de prétentions hégémoniques économiques ou culturelles, contrairement à toute langue nationale.
Ce qui aboutit en France à cette situation : on retrouve sur les sites espérantophones de nombreux Français. Mais son enseignement est formellement INTERDIT au sein de l’éducation nationale.
Récemment une pétition a été lancée auprès des pouvoirs publics afin que l’espéranto sous admis comme langue optionnelle au bac. Rien de bien subversif de nature à ébranler les fondements de la Nation. Cette pétition était emmenée par des linguistes, écrivains, scientifiques, élus, mais l’Etat est resté ancré à sa position rétrograde.
Et ceci dans un pays où l’échec scolaire est en progression inquiétante et où il serait permis d’offrir à des enfants l’opportunité d’une acquisition ludique - comme peut l’être la construction interne de l’espéranto - permettant de réussir facilement dans une discipline et de casser ainsi la spirale de l’échec : « je suis nul en tout, à quoi bon... »
Il n’y a donc que des avantages à inscrire l’espéranto au programme scolaire (sur une ou deux années scolaires, cela suffirait) : pédagogique, facilitation de l’apprentissage d’autres langues, budgétaire et économique. Au lieu de cela on s’entête, depuis plusieurs décennies et sur un bilan d’échec, à imposer une langue nationale comme langue véhiculaire au mépris du maintien de son intégrité linguistique et culturelle. Poly-culturelle même, car il y a autant e langues anglaises que de peuples la pratiquant au quotidien dans les deux hémisphères.
La pratique de l’anglais (ou de toute autre langue nationale du reste) comme moyen d’échange est une gabegie impossible à mette en oeuvre jusqu’à présent - et sans doute jamais - dans tous les niveaux d’une société car une langue nationale est faite pour est enracinée dans une histoire et une culture et certainement pas servir d’outil d’échange d’idées entre deux locuteurs non natifs. Les linguistes anglo-saxons ont certainement bien raison de s’inquiéter sur ce point vital pour la survie de leur langue dans toutes ses dimensions historiques et culturelles.