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Commentaire de Christian Labrune

sur Pour en finir avec le mythe de Kennedy


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Christian Labrune Christian Labrune 23 novembre 2013 15:01

"je crois que l’on peut decerner UN POINT STALINE à C.Labrune pour son commentaire !"

Robert Gil
Merci du fond du coeur. J’ignorais que ce point existât et je n’ai pas manqué de cliquer sur le mot pour m’instruire un peu. Ce point récompenserait préférentiellement, si j’ai bien compris, les gens qui sont à droite. J’aurais donc changé d’orientation politique, mais sans vraiment m’en apercevoir. Il est vrai que je suis à un âge où il est convenu qu’on puisse commencer à perdre un peu les pédales et il est bien possible que vous ayez raison. Au reste, et puisqu’il est question en la circonstance des années 30 et du Petit Père des peuples, je ne m’oublierai pas jusqu’à ignorer que les convenances révolutionnaires m’imposent une petite autocritique. Je vous prie de bien vouloir la trouver ci-dessous.

"Du passé, faisons table rase !". C’est l’un des vers de l’Internationale, l’hymne immortel de notre immortelle révolution, et je confesse qu’à cause de mon grand âge, ne la chantant plus depuis longtemps, je l’avais un peu oublié, ce beau vers. Nous voici donc, Camarade, au seuil d’un nouveau siècle. Un radieux avenir s’offre à nous si savons trouver la voie qui conduit par transitions successives au socialisme, et de là à un communisme qui sera la fin de l’histoire et de tous nos emmerdements.
Je ne parlerai pas ici du nazisme, on l’a définitivement oublié. Le Führer de la Révolution iranienne peut bien répéter au début de cette semaine, après Khomeiny et Ahmadinejad : « Israël est voué à disparaître », cela ne rappelle plus rien à personne, pas même aux gentils membres du personnel diplomatique en négociation à Genève. Et puis, ce n’est pas le sujet puisqu’il n’est ici question que du "point Staline", et par conséquent du communisme, objet de notre foi et de notre religion.
On a dit - j’ai dit : je plaide coupable et je ne songerai nullement à me défausser !- beaucoup de mal des communistes, et fort injustement. Tous ceux qui ont un peu travaillé en cuisine savent bien, comme le Camarade Oulianov, que pour faire une bonne omelette, il faut casser des oeufs. La révolution de 1917, contrairement à ce qui est dit souvent, n’a pas été bien féroce. Il est resté suffisamment de Russes en Russie pour qu’on puisse encore vingt ans plus tard, après de mémorables procès très savamment organisés, en envoyer un fort grand nombre s’amuser à travailler dans des régions où l’on est rarement incommodé par la chaleur. J’ai évoqué l’holodomor, mais c’était pour rire : six millions d’Ukrainiens, dans le cadre d’une famine très bien organisée par le camarade Khroutchev et quelques autres, qu’est-ce que c’est, rapporté à la population de l’ensemble de l’Union soviétique ? Par rapport à la population mondiale, ce n’est rien du tout. Certains de ces Ukrainiens étaient des petits propriétaires, des koulaks, des salauds d’exploiteurs. Qu’ils crèvent, c’était un bien. Mais cette famine aura surtout permis de révéler aussi qu’il se trouvait parmi ces populations beaucoup de misérables, au sens moral de l’adjectif, tout à fait capables de devenir anthropophages, de bouffer leurs pères et mères et même, dans beaucoup de cas, des petits enfants. Comment aurait-on su qu’ils n’étaient que des cannibales si on ne les avait pas au préalable affamés ? Les Américains, à l’époque de Kennedy, étaient tellement bourrés de protéines et de coca-cola qu’il aurait été bien difficile de savoir lesquels étaient parmi eux susceptibles de passer au cannibalisme. Beaucoup l’auraient fait, assurément, si on avait eu assez de perspicacité pour leur imposer le même régime qu’aux Ukrainiens de 1932. Ces salauds ont donc survécu comme si de rien n’était et la justice n’aura jamais pu faire son œuvre. Là encore on voit bien qu’une révolution communiste fait très vite fonction de révélateur. Elle permet, dans une société donnée, de séparer le bon grain et l’ivraie.

J’ai dit quelquefois sur ce site beaucoup de mal de Fidel Castro et des méthodes auxquelles il a eu recours, très bien secondé par le « petit boucher » de la Cabaña. Petit boucher, c’est vite dit : un boucher tue dans une vie des dizaines de milliers de bestiaux. Guevara n’en aura expédié tout au plus que quelques centaines. Faut pas exagérer.

Je ne parle pas ici des expériences communistes qui ont été d’éclatants succès. J’ai quelquefois critiqué la Corée du Nord, mais c’est simplement par envie, je suis bien obligé de l’admettre.

Enfin, qui ne voit, malgré toutes les mauvaises langues, ce qu’aura été la grandeur d’un Pol Pot fondateur du Kampuchéa démocratique ? Je connais beaucoup de Cambodgiens. A la fin des années 70, par une espèce de hasard extraordinaire, il s’en était trouvé de plus en plus dans mes classes au lycée. Dans un excellent restaurant du 13e, j’avais un jour commandé au patron des tarot frits. La dernière fois, lui avais-je dit, ils étaient excellents. Mais il avait fait une horrible grimace. Je ne peux plus en manger, m’avait-il dit : j’ai dû rester caché durant des mois dans la forêt cambodgienne, et on n’avait rien d’autre à bouffer que des tarots. Pol Pot a su faire en sorte que ces gens qui, littéralement, crevaient de faim, puissent retrouver le goût de vivre. Il y en a même près d’un million, je crois (on ne sait pas très bien) qui, par un traitement particulier, sont désormais à l’abri de la fin, de toutes les maladies et même de la vieillesse, qui est bien le pire des maux.

Pour rentrer en grâce auprès de tous ceux qu’émeut encore le grand idéal communiste, je vais dès ce soir proposer à l’un de ces excellents restaurateurs cambodgiens d’ouvrir une souscription pour qu’on élève une statue à la gloire de Pol Pot au centre du carrefour près du métro Belleville. Je me réjouis déjà de leur enthousiasme.

Derechef, du passé faisons table rase ! Ce qui a pu rater hier réussira forcément demain ! Nions purement et simplement ce qui n’a pas été tout à fait parfait, c’est ça le travail du négatif. Vive Staline ! Vive Pol Pot ! Vive notre génial Kim Jong-un. Vive tous les communistes à venir. Et crève la France !



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