Vous m’avez donné envie de redonner une chance à cette trilogie même si elle m’a toujours laissée sceptique.
Effectivement, son influence est incontestable sur le cinéma américain d’aujourd’hui mais aussi sur la SF. Malheureusement, pour ce qui est du genre de la SF, je ne suis pas sûre qu’il s’agisse seulement d’une bonne influence. Même si on peut y trouver un contenu intéressant, Matrix a engendré toute une génération de films SF certes spectaculaires mais totalement vides, au point que le genre a perdu de son sens au cinéma. C’est d’ailleurs très frustrant parce que, comme vous le soulignez, les Wachowski avaient une véritable ambition, même s’ils se sont laissés happer par le système pour les opus 2 et 3 (en même temps, avec Joel Silver à la production, on peut leur trouver des excuses)...
D’autre part, je vous avoue qu’à l’époque, j’ai été un peu biaisée quand je l’ai vu. En effet, j’étais (et je suis toujours) passionnée de cinémas asiatiques, notamment de films de Hong Kong et d’animation japonaise. Or il se trouve que les Wachowski le sont aussi ! Et qu’ils ont voulu rendre hommage à certaines œuvres, telles que les films de Kung Fu à la Jet Li (ils font ouvertement référence à Fist of Legend et à Black Mask) mais aussi le film d’animation Ghost in the Shell de Mamoru Oshii. J’ajouterais à la longue liste des références la série animée Serial Experiments Lain, où l’on trouve déjà une bonne partie des thématiques que vous développez dans votre article.
Bref, pour vous faire part de mon vécu personnel lié à Matrix, je me souviens de véritables guerres sur les forums spécialisés en SF ou en cinéma pour déterminer s’il s’agissait de pompages ou d’hommages. Oui, j’étais jeune à l’époque et je n’étais pas la dernière à me laisser emporter. :)
Aujourd’hui, j’ai pris du recul évidemment et j’ai une autre opinion sur les Wachowski. Quelque chose m’a surprise dans leur parcours : après un tel succès, la logique aurait voulu qu’ils s’orientent vers un registre consensuel pour confirmer leur position à Hollywood. Or ils ont fait tout l’inverse en choisissant de relever des paris impossibles, comme d’adapter Speed Racer en adoptant les codes narratifs des dessins-animés japonais des années 70, ou de se lancer dans l’incroyable Cloud Atlas avec Tom Tykwer. Rien que pour ces choix osés, je les respecte et je les reconnais en tant qu’artistes, même si ça m’aura pris des années ! :)
Du coup, votre papier m’a donné envie de revoir les Matrix et de leur laisser une seconde chance.
Avez-vous vu Cloud Atlas et qu’en pensez-vous ?