C’est cela, supprimons « la dictature des notes », « bannissons le redoublement » etc. en gros mettons encore un peu plus l’élève au centre du système éducatif, laissons donc le indemne de toute tentative de modifier sa nature angélique pour en faire un adulte par le travail, éduquons le à la construction collégiale du savoir et autres belles paroles au lieu de l’instruire. En gros, faisons un peu plus ce qui a tellement bien marché dans l’évolution du système éducatif depuis 20 ans !
Il n’y a pas de secret concernant ce qui différencie les pays dont les résultats montent et ceux dont les résultats baissent, c’est le travail. Au lieu de convoquer des spécialistes en pédagogie qui ont quitté le terrain depuis des années voire qui n’ont jamais eu de classes en responsabilité, comme c’est le cas depuis que Jospin, ministre de l’éducation en 1992, a supprimé le redoublement de la première à la terminale et rendu quasi-impossible dans les autres classes, les politiques feraient bien de demander leur avis aux enseignants qui sont en situation. Et ils disent en majorité que les élèves ne travaillent pas, parce qu’ils savent qu’ils pourront passer dans la classe supérieure supposée la meilleure sans avoir à travailler. Le bac lui-même est obtenu par plus 80% d’une classe d’âge au prix d’une grande dévaluation des compétences exigées et en permettant à un élève bon uniquement dans une matière et négligeant toutes les autres de l’avoir à coup sûr en jouant sur les coefficients. L’année dernière encore il a fallu glisser certaines épreuves de niveau seconde dans les différentes sections pour s’assurer que les chiffres seraient bons. Ensuite, tout est fait pour pousser les enseignants à surnoter leurs élèves tout au long de leur scolarité, tandis qu’on demande à ces derniers de maîtriser de moins en moins de savoirs sous couvert de « socle commun des connaissances » bien utile pour baisser le nombre d’heures de cours pour le public scolaire. D’où il suit une perte presque complète d’autorité des enseignants sur leurs élèves puisqu’ils n’ont plus rien à décider réellement quant à leur devenir scolaire.
Allez voir dans les pays qui montent au niveau des résultats du PISA, en Asie notamment, les enseignants y sont respectés parce qu’ils y ont du pouvoir, le droit pour les élèves d’entrer dans des classes valorisées ne relève pas de leur bon vouloir ni du portefeuille des parents, comme c’est de plus en plus le cas en France avec l’enseignement privé, mais ce droit relève de ses résultats dont jugent les enseignants, sans aucune pression administrative pour faire preuve d’indulgence ou de « générosité ».
Car, comme le redoublement n’est pas très efficace pour permettre à un élève de se mettre au travail, on l’a quasi supprimé chez nous, sans solution de substitution, pour que l’élève paresseux contamine tous ses camarades qui n’ont plus de raison de ne pas l’imiter et il n’est pas question bien sûr de substituer ce
redoublement à quoi que ce soit, comme l’obligation d’être orienté vers
une classe de rattrapage ou préprofesionnalisante : on aime tellement nos élèves qu’on préfère qu’ils soient assurés de se planter dans leurs études en les laissant entraîner leurs camarades dans cette fuite en avant.