Bonjour Emmanuel Aguera et merci pour votre
réaction. Effectivement, comme vous le redoutez, "tout ceci va nous péter à la
gueule". C’est en se situant sur l’angle de la géopolitique et de la
géostratégie qu’on comprend mieux ce qui s’est passé au Rwanda et qui se passe au Congo. En 1994, on était parti pour un grand bouleversement en
Afrique centrale avec, en chantier, le démantèlement du Congo. Le Rwanda,
soutenu par les Américains, les Britanniques et les Israéliens, avait déjà, sur
le papier, acquis un territoire de 300 km à l’intérieur du Congo (aux termes
des fameux accords de Lemera). L’Ouganda également. Mais les populations
congolaises locales ont refusé d’être soumises à l’autorité des deux dictateurs
(Kagamé/Rwanda et Museveni/Ouganda). Les Congolais sont fermement restés
attachés à leur identité et leur « Congo uni », le "Congo de
Lumumba" comme ils aiment le chanter. Un attachement qu’ils vont devoir
payer cher. C’est ainsi que les dirigeants rwandais, ougandais et leurs
soutiens américains et britanniques, vont se livrer à des actes impensables,
dans le but de briser les Congolais en tant que « nation ». Des guerres
à répétition, des assassinats des chefs coutumiers et des notables locaux, des
assassinats de prêtres, des leaders politiques, des militants des droits de
l’homme, des massacres à répétition, des exodes forcés des populations, des
viols systématiques de femmes congolaises pour les contaminer au VIH et briser
les repères familiaux,... bref, toutes les horreurs imaginables dans le but de
soumettre un peuple à des autorités imposées de l’extérieur. On en est
maintenant à plus de six millions de morts, mais ils n’ont toujours pas baissé
les bras. Les médias se taisent parce qu’ils sont au courant, mais évitent de fâcher
certaines personnalités comme les dirigeants des multinationales qui espèrent
réaliser de bonnes affaires si un jour le Congo est morcelé. Mais aussi de
prestigieux dirigeants occidentaux. Pensez seulement qu’un tyran comme Kagame a
pour conseillers l’ancien Président américain Bill Clinton et l’ancien Premier ministre
britannique Tony Blair. Alors, tout le monde se tait et observe le plus grand abattoir
du monde en silence. Mais il arrive que les peuples se réveillent. Alors, ce
jour-là, ça explose et, comme vous le dites "ça nous pète sur la
gueule".