A Milla. C’est un texte très dense que tu proposes là ! Sûr qu’il invite à réfléchir et à développer. A commencer par les névroses, que l’on croit peut être à tort tombées en désuétude... Alors que le problème de l’obessionnel serait du coté du « toujours l’avoir », quitte à vérifier et revérifier à l’occasion, l’hystérie poserait par excellence le problème de l’identité, qui aurait à se produire sur le théatre du monde. Il semblerait d’ailleurs que cela puisse aller assez loin en matière de questions liées à la représentation puisque l’on a été jusqu’à parler de psychoses hystériques. Tout cela, ce sont à mon avis des noms d’oiseaux, plus ingrats les uns que les autres. La question de l’identité et de ses avatars n’est elle pas, par excellence, celle qui ouvre à la notion du sujet de l’inconscient ?
Dans son livre « L’Homme sans gravité », Melman interroge notre époque en tentant de comprendre ce vers quoi elle tend structuralement (Lacan est passé par là), et la position qui pourrait être occupée par le sujet. Le moins que l’on puisse dire est que cet auteur n’est pas d’un optimisme béat face à ce qui nous est proposé à titre de libéralisme. Gloups ! Il parle à ce propos de « perversion généralisée ». Une distinction importante tient bien entendu au fait qu’un système compris comme structuralement pervers ne peut être purement et simplement assimilé avec le fait de l’être psychiquement si l’on s’y trouve intégré. Ce serait comme une question d’usage du semblant. Néanmoins, il précise une conséquence radicale par rapport à ce qu’il adviendrait de la position du sujet. « Homeless », dit-il. Le mot est lourd, mais suffit déjà à en dire long à propos d’un inconfort majeur.
Dans ce contexte, sont également à considérer des phénomènes de société comme le harcèlement moral (fait de formatage, en fait), et des modalités de la violence telles que le happy slapping et ses variantes. Jusqu’aux gusses qui balancent des vacheries, en précisant à leur proie apeurée qu’elle en aurait « besoin ». Cela se voit, malheureusement. Et cela, aussi, accompagne une certaine recrudescence des discours de prédation. L’idée de « loi du plus fort » n’implique-t-elle pas que la notion de faute basculerait du coté de la faiblesse, c’est-à-dire, la pauvreté, la maladie, le handicap, la vieilleisse, etc...