Merci de cet article que je trouve très beau. Bien qu’agnostique, je suis tout à fait d’accord avec vous. Seule votre remarque sur les Américains, bien que juste, faisait un fausse note dans un texte plein de fraternité et tolérance, un texte qui se lit comme une belle cantique de Noël littéraire.
N’ayant jamais fréquenté une église, j’assistais avec indifférence à l’affaiblissement de la foi et l’abandon de la culte, sans ma rendre compte qu’il s’agissait d’un changement profond de la civilisation. Je n’aurais jamais cru qu’il m’arriverait de vouloir défendre le christianisme, mais la laïcité, qui était une valeur chrétienne dès son début, après avoir remis l’Eglise à la place qu’elle n’aurait jamais du quitter, a jeté le bébé avec l’eau de bain en devenant franchement antichrétienne. Tournant ainsi le dos à son propre histoire, elle a proclamé les « valeurs laïques ».
La spécificité des valeurs laïques, qui n’ont donc rien à faire avec les valeurs chrétiennes, m’échappe, mais la volonté de faire table rase de notre héritage spirituel est évidente. Toutes les religions sont « égales » et sont strictement personnelles et privées. Elles n’ont pas à se montrer de façon ostentatoire.
Débarrassés définitivement de la religion, nous voilà dans un monde enfin tolérant, rationnel, scientifique, matérialiste et progressiste. Un chacun peut poursuive ses plaisirs et ses désirs. L’Etat providentiel s’occupe des problèmes dans le meilleur des mondes.
Sauf qu’un sentiment de désarroi m’envahit. Le sentiment de me trouver dans un désert de terre brûlée. Dans un désert de matérialisme athée où la spiritualité s’est effondrée en désespoir. Où le merveilleux énigme de la vie a été désacralisé et banalisé comme un simple hasard, arbitraire. Où l’intuition de la transcendance qui m’émeut devant toute vie, soit-elle un chaton, ou un vieux chêne, est scientifiquement rationalisée et banalisée.
Matérialisme athée et religion dogmatique sont tous les deux des dogmatismes qui ne me convainquent pas. La vie reste pour moi un merveilleux énigme qui ni la science ni la religion ne peut expliquer. Mais la philosophie de la vie qui s’exprime dans les paraboles et métaphores poétiques du Nouveau Testament me convainquent profondément. Qu’importe si l’histoire de Jésus est exacte et véridique ou pas ? La philosophie que l’histoire fait comprendre - la fraternité, la compassion, la tolérance - est universelle et insurpassable. Tout en rejetant l’histoire en tant que telle, juifs, musulmans ou athées ne peuvent que reconnaître la sagesse de cette philosophie.