Pour les deux témoins, je n’ai pas parlé d’individus mais de communautés ou, si vous voulez, de symboles représentant les deux grands ensembles esséniens. Il serait impensable que le Jean de l’apocalypse ne s’adresse pas à eux. Le seul dont on est sûr qu’il ait existé en tant qu’individu, c’est Paul, et même pour Jean dit le Baptiste, il n’y a que Flavius Josèphe qui le dit ; on peut même se demander s’il n’a pas écrit par ouï dire. Jean l’apôtre, l’apôtre Pierre, on peut même se demander si cela ne serait que des titres. Voyez l’épitre de Pierre II. Tous les spécialistes reconnaissent que c’est le style de Paul et ils n’ont même pas compris que cela s’explique tout simplement par le fait que Paul a pris le titre pour gouverner l’Église depuis Rome après la crucifixion de son prédécesseur.
En ce qui concerne l’ordre des évangiles.
En fait, il y a deux juges de paix. Le premier est Flavius Josèphe et le deuxième est la cohérence du déroulement de l’affaire. On peut aussi procéder par esprit d’analyse et ensuite par esprit de synthèse.
Si on change tant soit peu l’ordre et même les dates à partir desquelles nous raisonnons jusqu’à maintenant, rien ne va plus. Tout devient incohérent et on se trouve dans la même situation que les exégètes qui se trouvent obligés de ne voir dans les évangiles que le souvenir mal transmis et romancé d’un homme d’exception ; d’où le désintérêt actuel pour ces textes.
En revanche, en y retrouvant le fil de l’Histoire, c’est absolument fabuleux. On redécouvre l’homme et sa structure de pensée à un moment important de son évolution. On débouche sur l’anthropologie. et on est obligé de se poser des questions sur nous-mêmes.
Reprenez point par point les quelques faits que relatent à la fois Flavius et l’un ou l’autre évangile chacun dans leur style particulier ; ajoutez à cela les indices que les auteurs glissent dans le texte pour indiquer les dates et puis beaucoup d’autres choses, non, vraiment, on peut même dire qu’il y a surplus de preuves. Faire ressusciter (la pensée de) Jésus trois ans après dans Marc et trois ans après dans Luc (en fait 4 ans mais l’évangéliste explique le pourquoi du retard), cela nous surprend mais cela est, et l’historien doit l’accepter.
Ensuite, si on veut aller encore plus loin, il faudrait réécrire l’histoire de cette période particulièrement troublée sur deux colonnes face à face, sur l’une selon Josèphe, sur l’autre selon l’Évangile, mais laissons cela à de jeunes auteurs.