N’en déplaise à certains qui se disent « patriotes » et qui ne font que nous chanter la bonne vieille histoire officielle de la France, Indépendance des Chercheurs a raison de rappeler la manière dont l’Eglise a poussé au développement de la monarchie parisienne pour s’opposer aux tendances progressistes du début du XIII siècle.
Au moment de la Croisade contre les Albigeois, ce que l’on appelle aujourd’hui le « Midi de la France » était le pays le plus avancé de l’Europe sur les plans économique, culturel et politique. La bourgeoisie, nouvelle classe sociale montante, tentait d’y développer un nouveau type de société et les nobles locaux ne s’y opposaient pas vraiment. L’Eglise de Rome a considéré que sa propre existence était en danger.
D’autant plus, que dans les villes occitanes la profession du christianisme n’était pas exigée pour exercer une fonction publique. De nos jours, on parlerait de « laïcité ». Les légats du Pape ont explicitement reproché au Comte de Toulouse de permettre que des juifs puissent exercer une autorité administrative sur des chrétiens. C’est l’un des motifs officiels de la Croisade Albigeoise que l’on retrouve dans les sources historiques.
Et si la logique impériale n’existait pas déjà à l’époque, il faudra m’expliquer ce que Louis IX (dit « Saint Louis ») est allé faire à Tunis où il est mort. Le XIII siècle a d’ailleurs connu la montée de l’empire catalan dans la méditerranée, au détriment des prétentions parisiennes en la matière (vêpres siciliennes et la suite). Les empires existaient donc déjà à l’époque. Le successeur de Louis IX, Philippe III, est mort à Perpignan (alors ville du Royaume d’Aragon) en plein échec de la croisade contre la Catalogne. Une guerre fomentée, encore, par la Papauté pour qui le royaume de Paris était toujours le « royaume garant ».
Au XIII siècle, l’Eglise a également imposé aux Juifs le port de la rouelle, et Louis IX a été l’un des exécutants de cette politique.
De même, François I a bien mené une politique d’expansion autant qu’il en a eu les moyens, et brigué la couronne impériale à la mort de Maximilien de Habsbourg. Si les précédents rois de France avaient développé avant tout une politique d’hégémonie méditerranéenne, François I s’engagera du côté de l’Amérique. C’est bien une politique impériale et impérialiste, que les successeurs de François I ont poursuivie.
Dans ces constats, il n’y a aucun « mondialisme ». C’est trop facile de crier au « mondialisme » pour étouffer les critiques que l’on peut légitimement adresser à ces aspects de la politique de l’Etat français, un Etat construit par la force à coups d’annexions.
Quant à la politique coloniale, franchement les discours de Léon Gambetta et Jules Ferry n’ont rien eu de glorieux. Jusqu’à parler ouvertement de « races supérieures » et de « races inférieures » comme Ferry devant l’Assemblée Nationale ici (site de l’Assemblée Nationale) :
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/Ferry1885.asp
M. Jules Ferry....
et je vous défie - permettez-moi de vous porter ce défi, mon honorable
collègue, monsieur Pelletan -, de soutenir jusqu’au bout votre thèse,
qui repose sur l’égalité, la liberté, l’indépendance des races
inférieures. Vous ne la soutiendrez pas jusqu’au bout, car vous êtes,
comme votre honorable collègue et ami M. Georges Perin, le partisan de
l’expansion coloniale qui se fait par voie de trafic et de commerce.
[...]
Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! il faut dire
ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des
races inférieures... (Rumeurs sur plusieurs bancs à l’extrême gauche.)
(...)
M. Jules Ferry.
Si l’honorable M. Maigne a raison, si la déclaration des droits de
l’homme a été écrite pour les noirs de l’Afrique équatoriale, alors de
quel droit allez-vous leur imposer les échanges, les trafics ? Ils ne
vous appellent pas ! (Interruptions à l’extrême gauche et à droite. - Très bien ! très bien ! sur divers bancs à gauche.)
(...)