JL,

Je ne veux pas vous provoquer. Le droit est souvent socialement injuste, pour ne pas dire moralement. Ce n’est pas le lieu ici de s’étendre sur l’écart entre la morale et le droit, discussion qui serait trop étendue.

Sachez toutefois que lors de la création de la fameuse formule Liberté Egalité Fraternité, certains membres des assemblées révolutionnaires (ne me demandez pas qui, il faudrait les citer exactement, mais ils ont existé), demandaient l’égalité de condition. Ce qui a été refusé par les groupes conservateurs. Il en a découlé un droit le plus souvent beaucoup plus favorable aux propriétaires, aux rentiers, et aux patrons. Pour illustrer mon propos, il suffit de mentionner le travail des enfants, les risques d’accidents encourus par les ouvriers dans l’exercice de leur métier, le droit des patrons et le non-droit des ouvriers. Plus récemment, parlons du droit de vote des femmes, du droit de gérer ses finances par une femme mariée, d’avoir un emploi, de la loi ignoble du Code Napoléon dépouillant les femmes lors du décès de leur mari, etc. Lisez l’histoire du droit, c’est passionnant.

Le droit n’est qu’une convention temporaire imposée le plus souvent par les plus puissants, dans un intérêt soi-disant général. Plongez-vous, si le coeur vous en dit dans l’histoire du droit. Ou gardez vos illusions. C’est une attitude tout à fait respectable. Je ne m’en fâcherai pas.

Il existait au XVIIIème une distinction entre droit naturel et droit positif, càd promulgué par un gouvernement ou une assemblée pouvant légiférer. Le droit positif (et son histoire) est jalonné par des grandes injustices. Ne l’érigeons pas en totem, même si on n’a pas (?) trouvé mieux.

P.S. Je recommande le livre de François Ewald : « L’Etat providence », très éclairant.

Sur la traduction de « unantastbar », pour moi, intouchable évoque trop les Pariahs de l’Inde. J’ai donc évité.

Cordialement.