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Commentaire de Olivier Perriet

sur Le mauvais procès fait à Manuel Valls


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Olivier Perriet Olivier Perriet 10 janvier 2014 21:55
Donc dans ce clivage fondamental, la droite se définit en négatif : elle est tout ce que l’autre n’est pas. En plus elle est multiple. On peut constater qu’au minimum ce flou est...une habileté rhétorique : si « la droite » agit comme « la gauche »...c’est parce qu’elle est influencée par « la gauche ». C’est un raisonnement où l’hypothèse de départ (« la droite n’est rien ») impose la conclusion (« si la droite dérape, ce n’est pas sa responsabilité [puisqu’elle n’existe qu’en creux] mais celle de la gauche »). C’est ainsi qu’on définit Hitler comme « de gauche ». C’est ainsi que par exemple, Eric Zemmour ou Alain-Gérard Slama justifient leurs désaccords avec les différents pouvoirs « de droite » qui se sont succédé : « si Chirac, Villepin, Sarkozy ou Balladur ont fait des actions que je déplore, c’est parce qu’ils ont cédé à la gauche ».

Finalement, vous ressortez, il me semble, une définition bien connue : la gauche c’est « l’idéologie », la droite, c’est « le réel », « le pragmatisme », « le concret » (au choix). Au reste, comme vous le dites, « la gauche » est idéologie, mais cela ne nous dit pas laquelle, puisque ses idéologies, au fil du temps, évoluent voire sont contradictoires (voir Valls et Dieudonné). Si « la droite » n’est « rien » « la gauche » n’est finalement pas grand chose non plus.

Et ce couple fantomatique qui échappe à toute définition un peu précise au fur et à mesure qu’on s’en rapproche est censé expliquer, sinon le monde, du moins la société française ? À vous de voir.

C’est un défaut d’historien : je me méfie des gens qui tracent des égalités par dessus les siècles entre les situations passées et actuelles. La crainte de l’anachronisme me retient d’utiliser les concepts contemporains pour décrire le passé.

Coïncidence ? Je n’ai pas l’impression qu’au XIXe siècle, et même jusqu’à très récemment, cette histoire de « droite » et de « gauche » ait été LE clivage structurant de la vie politique : il y a eu des libéraux, des monarchistes, des socialistes, des radicaux, des communistes, des gaullistes, les démocrates-chrétiens, etc, etc.... mais c’est depuis peu de temps qu’on s’accroche comme une moule à son rocher à ce clivage. (J’allais oublier « le centre », le dernier venu qui est, d’une certaine manière, comme une caricature, ouvertement neutre, ouvertement vide).

Encore un indice pour remettre en cause sa pertinence.

Au fait, plaquer sur n’importe quel événement une grille de lecture, y compris en tordant les faits pour qu’ils y entrent, n’est-ce pas le défaut même de « l’idéologie » smiley ?


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