Mais en réalité cet internationalisme est un usurpateur : il a produit l’exact contraire de ce qu’il était censé promouvoir, un gouvernement ouvrier pour l’intérêt général et la fin du nationalisme et donc des guerres.
Cela est la base de l’ escroquerie fomentée par le PCUS, qui voulait faire croire que le marxisme et la IIIè Internationale apporteraient la paix aux peuples.
En réalité, cette « paix » n’était qu’ un appât pour asseoir la domination politique et sociale du PCUS sur tous les partis « frères » et imposer SES buts et SES moyens aux autres peuples. Le sort des dirigeants communistes qui osaient mettre le Dogme en doute en Hongrie et en Tchécoslovaquie est là pour le prouver : l’exil ou la corde. Le PCUS avait plus de mal à l’ Ouest car il ne possédait pas les rênes du pouvoirs via les PC locaux dont certains se méfiaient à juste titre de l’omniprésence de Moscou.
C’est d’autant plus rageant pour les anciens communistes qui ont assisté à l’effondrement de l’empire rouge que les institutions internationales, de nature libérales sur le plan économique, sont en train de réussir ce à quoi ils aspiraient : la paix.
Oh, je sais bien, ce n’est pas par pure philanthropie, loin de là, mais la paix est un facteur essentiel pour la bonne marche du commerce qui fonde leur idéologie. Il n’y a jamais eu aussi peu de conflits entre nations que maintenant.
Pas parce que la guerre, c’est mal. Autrefois, une guerre éclatait pour des questions non pas de patriotisme ou d’orgueil national ( ces raisons étaient juste des cache-sexe pour abuser les imbéciles ), mais pour la possession de ressources ( la guerre Bolivie-Paraguay par exemple, téléguidée par de grosses compagnies pétrolières, pour rien car les territoires visés se révélèrent vides d’hydrocarbures ) ou la main mise sur un marché captif, peu ouvert à la concurrence ( la colonisation de l’Afrique ).
Le conflit faisait tourner les machines, et ensuite il fallait reconstruire. Le double effet kiss-cool pour les entreprises.
Le problème, c’est que le progrès technologique a fini par apporter au monde des armes plus puissantes et désormais capables de tout détruire. Un conflit majeur dégénérerait immanquablement en conflit nucléaire, ce qui va à l’encontre des intérêts du patronat : les tas de cendres radioactives n’ont pas un grand pouvoir d’achat.
Leur intérêt est donc désormais de stabiliser les pôles politiques et civilisationnels, ce qui passe par des alliances entre nations en premier, puis entre continents.
C’est ce qui se passe en ce moment.
Bien entendu, les guerres n’ont pas totalement disparu. Elles sont désormais asymétriques : une nation peut se voir opposé un petit groupe armé qui n’est pas lié à une nation particulière, mais à une culture, une cause. C’est le cas d’ AlQaida qui lutte par le biais de guérillas locales en Afrique ou dans le Caucase. Leur incursion en territoire américain en 2001 leur a fait comprendre qu’ils se sont frottés à un adversaire trop puissants pour eux et surtout, bien plus déterminés et moralement solides qu’ils ne se l’étaient imaginés. Ce n’est qu’en se tenant éloignés des USA et de leurs alliés que ce groupe fondamentaliste a pu survivre, en se reconvertissant dans le grand banditisme et le trafic de drogue.
Cette paix politique et militaire n’a pas encore, en revanche, été consacrée sur le plan économique.
L’ouverture des frontières et des différences flagrantes entre les politiques sociales de chaque pays provoque des déséquilibres entre les continents, mis à profits par les entreprises qui recherchent le moindre cout pour la production industrielle.
L’ Europe est, pour le moment, la grande perdante, de même que les USA qui en délocalisant à tout va, ont appauvri et asséché leur propre demande intérieure.
Les pays du Sud, eux, en sont sortis gagnant au début mais ils sont désormais confrontés à la grogne de la classe moyenne croissante qui exige du pouvoir politique plus de protection sociale, de meilleurs salaires et un meilleur avenir.
Les communistes qui luttent contre la mondialisation sont des imbéciles. Ils devraient au contraire l’encourager, car ce mouvement, initié dès l’ Antiquité, provoque chez les pays les plus pauvres qui se voient devenir le point de chute de la production industrielle une forte croissance sociale : malgré les efforts du PCC, le salaire moyen chinois ne cesse d’augmenter, rendant ce pays moins intéressant pour leurs industriels qui commencent, ironie, à délocaliser vers l’ Ethiopie.
Ce mouvement DOIT être encouragé ! Ces peuples les plus pauvres se verront de façon automatique offrir un accès à un meilleur cadre de vie, à une meilleure formation. Le niveau d’enseignement montera obligatoirement ( les moyens de productions exigent des ouvriers plus intelligents et mieux formés qu’ au XIXè siècle ), ce qui alimentera la contestation sociale.
Et quand les industriels n’auront plus nulle part ou aller, ils seront bien forcés de partager plus.
C’est assez ironique de voir que les tenants de l’ultra-libéralisme sont en train, inévitablement, de creuser leur propre tombe.
Pourquoi se fatiguer à espérer le Grand Soir ? Le Médef le prépare lentement mais surement.
Le sage s’asseoir sur le bord du fleuve, car il sait qu’avec le temps, il verra le corps de son ennemi passer.