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Commentaire de Morpheus

sur Mélenchon nos peines


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Morpheus Morpheus 22 janvier 2014 18:35

Salut Alinéa,

J’ai honte, car j’ai lu ton billet en pensant que c’était Ariane Walter qui faisait cette confession...

(là, vous avez le droit chanter ♪ ♪ Petit poney, petit poney ♪ ♪ Petit poney, petit poney ♪ ♪ smiley )

En tout cas, ton témoignage montre bien ce que sont les partis politiques, ou plutôt, nous devrions employer le vrai terme : FACTIONS politiques.

Je ne saurais trop conseiller à tout qui veut s’engager en politique la lecture préalable de la Note sur la suppression générale des partis politiques de Simone A. Weil dont voici quelque passages :

« L’idée de parti n’entrait pas dans la conception politique française de 1789, sinon comme mal à éviter. Mais il y eut le club des Jacobins. C’était d’abord seulement un lieu de libre discussion. (...)

« Les luttes des factions sous la Terreur furent gouvernées par la pensée si bien formulée par Tomski : ’’Un parti au pouvoir et tous les autres en prison.’’ Ainsi sur le continent d’Europe le totalitarisme est le péché originel des partis. (...)

« Notre idéal républicain procède entièrement de la notion de volonté générale due à Rousseau, mais le sens de la notion a été perdu presque tout de suite, parce qu’elle est complexe et demande un degré d’attention élevé. Quelques chapitres mis à part, peu de livres sont beaux, forts, lucides et clairs comme Le Contrat Social. On dit que peu de livres ont eu autant d’influence. Mais en fait tout s’est passé et se passe encore comme s’il n’avait jamais été lu. (...)

« Le véritable esprit de 1789 consiste à penser, non pas qu’une chose est juste parce que le peuple la veut, mais qu’à certaines conditions le vouloir du peuple a plus de chances qu’aucun autre vouloir d’être conforme à la justice. (...)

« Il est tout à fait évident que le raisonnement de Rousseau tombe dès qu’il y a passion collective. Rousseau le savait bien. La passion collective est une impulsion de crime et de mensonge infiniment plus puissante qu’aucune passion individuelle. Les impulsions mauvaises, en ce cas, loin de se neutraliser, se portent mutuellement à la millième puissance. La pression est presque irrésistible, sinon pour les saints authentiques. (...)

« Dans ce que nous nommons de ce nom [démocratie], jamais le peuple n’a l’occasion ni le moyen d’exprimer un avis sur aucun problème de la vie publique ; et tout ce qui échappe aux intérêts particuliers est livré aux passions collectives, lesquelles sont systématiquement, officiellement encouragées. (...)

« L’usage même des mots de démocratie et de république oblige à examiner avec une attention extrême les deux problèmes que voici :

1) Comment donner en fait aux hommes qui composent le peuple de France la possibilité d’exprimer parfois un jugement sur les grands problèmes de la vie publique ?

2) Comment empêcher, au moment où le peuple est interrogé, qu’il circule à travers lui aucune espèce de passion collective ?

Si on ne pense pas à ces deux points, il est inutile de parler de légitimité républicaine. (...)

« Pour apprécier les partis politiques selon le critère de la vérité, de la justice, du bien public, il convient de commencer par en discerner les caractères essentiels. On peut en énumérer trois :

1) Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective.

2) Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres.

3) La première fin, et, en dernière analyse, l’unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite.

Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration. S’il ne l’est pas en fait, c’est seulement parce que ceux qui l’entourent ne le sont pas moins que lui. Ces trois caractères sont des vérités de fait évidentes à quiconque s’est approché de la vie des partis. »

Si tu ne connaissais pas, je gage que tu trouveras dans ce texte vieux de 70 ans l’analyse politique de ce dont tu as toi-même fait l’amère expérience.

Morpheus


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