Alors, voici un article qui aborde de front un débat essentiel dans les relations internationales aujourd’hui. C’est très bien et c’est très courageux.
Dans un premier temps, l’auteur — avec lequel j’ai eu de nombreuses polémiques récemment — appuie son point de vue sur la Charte des Nations Unies elle-même. Je n’ai rien à dire là-dessus ; c’est effectivement ce que je lui ai demandé de faire et visiblement il a eu l’amabilité d’accepter — en fin de compte. C’est une certitude : les juristes et spécialistes du Droit international considèrent que la Charte des Nations Unies, telle quelle, ne permet pas de justifier d’action militaire au nom de la protection des populations. Cependant, on ne peut pas nier que la prévention des « crimes contre l’humanité » ainsi que le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » sont au coeur de la Charte des Nations Unies, dès le préambule et l’article 1. Ils jouent, à mon sens, le rôle de principe de contitutionalité dans la mesure où, dans une charte quelle qu’elle soit, le préambule (et sans doutes les tout premiers articles) doivent conditionner notre lecture du texte tout entier. Mais effectivement, le contexte géopolitique, la bipolarisation du monde durant la guerre froide et après, a fait que l’on n’a pas cherché à justifier d’intervention militaires sur cette seule base. Le contexte géopolitique et non les textes eux-mêmes, j’insiste.
C’est pour cette raison que, par la suite, on a cherché à « amander » la Charte des Nations Unies par divers accords internationaux — deux surtout. Il s’agit des Accords d’Helsinki de 1975 : contre des bénéfices économiques, les Républiques socialistes s’engageaient à respecter et à faire appliquer les Droits de l’Homme. Contrairement à la Déclaration de 1948, ce texte avait bel et bien une valeur contraignante.
Or les Accords d’Helsinki ne sont pas mentionnés dans votre article et Dieu sait si je vous en ai parlé !
Mais comme les Accords d’Helsinki n’étaient plus « à jour », pour ainsi dire, « on » — c’est-à-dire les pays occidentaux, la Russie, etc. — se sont mis d’accord sur un texte en 2005 qui fait de la « Responsabilité de protéger » un principe contraignant dans la vie même des Etats. Ainsi, les Etats souverains sont aujourd’hui contraints par le Droit international de protéger leurs populations. La Russie est d’accord avec ce principe, elle a en tout cas ratifié le texte. Pour autant, il est difficile de justifier une intervention militaire sur la seule foi de ce texte — ou du moins, ça ne s’est pas tellement fait. Mais sans aller jusque là, il est inimaginable que Poutine (qui représente un des pays signataires de ce texte) puisse apporter son soutien à un régime qui bombarde sa population et qui bloque l’aide humanitaire.
Mais, là encore, ce texte, la Responsabilité de protéger, n’est pas mentionné dans cet article qui est donc, tout compte fait, assez incomplet.
De ce point de vue, la photo qui présente un camp de réfugié idyllique (idyllique parce que les enfants ont l’air en bonne santé) est d’ailleurs un mensonge de plus qui vient s’ajouter à ces mensonges par omission.
Enfin, il y a un deuxième temps dans cet article où l’auteur va « passer à la contre-attaque » en cherchant à montrer que les massacres qui ont eu lieu au Kosovo (dont il avait été question dans des échanges que nous avions eus en marge d’autres articles), sont des inventions de l’occident motivées sans doute par quelque intérêt pécunier... Effectivement, comme chacun sait, le Kosovo est connu pour être situé au-dessus d’un très riche bassin pétrolifère !! Il est, à n’en pas douter, une de ces zones « stratégiques » dont parle l’auteur (dans le commentaire qui est juste au-dessus) !!
Réveillez-vous Monsieur, le Kosovo est un pays pauvre, sans ressources autre que le charbon, le zinc ou la bauxite (avec laquelle on fait de l’alu), en un mot rien de particulier ; il est le fin fond de l’Europe. Et les Kosovars n’ont certainement pas mérité ce qui leur est arrivé ; de même qu’ils ne méritent pas vos mensonges.
En fait, c’est là que j’ai arrêté de lire. A partir de ce moment où l’auteur dérive et commence à nier les affreuses évidences.
J’ai arrêté de lire parce que c’est du « négationisme en barre » !
Néanmoins, je suis allé voir les sources que vous donniez Monsieur, je reproduis le lien : http://www.mondialisation.ca/le-massacre-serbe-de-racak-n-a-jamais-eu-lieu/12232
L’auteur de cet article, « Louis Magnin » n’a pas publié d’autre article sur ce site. Par ailleurs, la recherche « Louis Magnin » (avec guillemets) sur un moteur de recherche bien connnu, ne renvoie qu’à un label de vin rouge et en aucun cas à une personne. Bref, c’est un pseudonyme — je n’ai rien contre l’usage de pseudonyme sur le net, mais encore faut-il qu’il soit explicite.
Et encore faut-il ne pas oublier le Massacre de Srebrenica, commis sous le nez des 400 casques bleus hollandais et, pour ainsi dire, devant les caméras du monde entier !
Là encore, 6000 à 8000 victimes dont vous vous moquez.
D’autre part, en consultant d’autres articles de ce média (« Mondalisation.ca), j’ai constaté qu’ils étaient tous orientées en faveur de la politique du Kremlin. Par le passé, j’avais très vertement reproché à »Pierre« sa négligence sur la question des sources ; très couramment, il me citait des articles de Ria Novosti ou même de la SANA (!) pour justifier son point de vue sur la révolution syrienne. Aujourd’hui, ça n’est pas différent, le site auquel il renvoie n’est pas un site d’information libre et objectif. Il présente une information biaisée quand ce ne sont pas des mensonges purs et simples !
Par exemple, voici ce qu’ils disent des manifestants ukrainiens : »Comme c’était prévisible, la mobilisation (et tentative de coup d’état)
“pro-européenne” encouragée par l’UE et les EU débouche sur des
violences meurtrières. Après deux mois de tolérance et d’impuissance du
pouvoir, celui-ci s’est enfin décidé à des mesures répressives et à
passer à l’action« (http://www.mondialisation.ca/ukraine-les-premiers-morts-sont-tombes/5365860). Les manifestants sont présentés, sans distinction, comme des agents de l’étranger et, plus loin dans l’article, comme des néonazis. Et ce dans l’amalgame le plus total ! Je vous ferais remarquer que c’est la même rhétorique qu’emploie le ministre syrien des affaires étrangères, en ce moment même, à Montreux.
J’ajoute que l’auteur de cet article, Jean-Maris Chauvier, est, pour le coup, un essayiste connu pour ses prises de position en faveur de l’URSS et de la Russie poutinienne. Il a été pigiste au »Drapeau rouge« (dont l’orientation est claire), aux »Temps modernes« , la revue de Sartre (qui n’a jamais caché ses orientations géopolitiques — sa philosophie que pour ma part j’admire beaucoup, c’est une autre question)... Il publie même dans le »Monde diplomatique" — mais alors ses articles sont d’une toute autre trempe, ils sont clairs et bien écrits, et surtout il ne s’agit que d’innocents compte-rendus d’ouvrage.
Je pense être assez clair, vous relayez, Monsieur, un point de vue orienté ; à vrai dire celui d’un nostalgique du communisme.
Vous êtes communiste, c’est votre droit le plus souverain, mais ce droit, après toutes les horreurs du XXe siècle, implique également un devoir : celui de l’exactitude et de l’exhaustivité.
28/01 18:04 - Pierre
PS. Il y a des millions de gens qui émigrent librement en Russie, la pire dictature du monde (...)
28/01 18:00 - Pierre
Vous êtes à coté de la plaque. J’écris qu’il faut laisser les Syriens librement (...)
28/01 17:43 - Pyrrhos
"...il ne faut pas provoquer des émeutes violentes et ainsi subir les représailles du pouvoir (...)
28/01 17:14 - Pierre
C’est très difficile de vous répondre pour la simple raison que vous vous sentez toujours (...)
27/01 13:17 - Pyrrhos
Ainsi, si je vous comprends bien, les femmes et les enfants morts à Srebrenica ont péris « par (...)
27/01 02:06 - Pierre
Je place justement le droit à la vie avant tous les autres droits. Il est inutile d’avoir (...)
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