Nota Bene : qu’on veuille excuser la petite vanité qui me pousse à vous proposer ce long texte, portant sur le christianisme, Nabe, le conspirationnisme... bref excédant un peu le sujet.
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On est passé de l’eschatologie à la technocratie – le « Maitre de la terre », à présent, c’est l’« expert », jumeau du banquier comme Prométhée est le jumeau d’Epiméthée : l’un dérobe le feu pour le bonheur du troupeau, tandis que l’autre veille sur l’ordre des ténèbres. Mais le vieux sac à malices de l’Espèce finit par crever d’un seul homme, embrasant ciel et terre de ses mortels éclairs, son tonnerre véridique !
Dans ces conditions, quelle est la mission de la Loi, l’implacable mandat du politique ? – Rendre le peuple enfin vertueux. Le péché originel est devant nous, vaste champ d’épandages prophylactiques. Aussi la grande pétoche des bien-pensants, à présent, est-elle de donner prise à l’accusation de populisme : la plus unanime, la plus républicaine de toutes.
Et voilà que Nabe, fort de son petit moi-je d’artiste, y va de son couplet sur l’Histoire et ses tempêtes. Ces mythomanes déboussolés de conspirationnistes redoutent le hasard, dit-il. Ne sait-il plus que le hasard est le dieu des experts et le démon des mécanos – le contraire exactement de la Providence, grâce des pécheurs ?
Non seulement Nabe dit n’importe quoi – notamment quant au 11-Septembre –, mais ses balivernes sur la complexité du réel, l’indécision quantique de toutes choses, le battement d’aile de papillon qui déchaine les continents, n’ont pas plus de sens qu’un slogan publicitaire, ou une formule magique. Charlatanerie journalistique. Logique du pitre.
Tous ceux qui voient partout des conspirationnistes, tous ces conspirologues timorés prétendant même lutter contre ce péché sans pardon, en définitive, reprochent au scorpion de piquer et à l’Oiseau de Minerve – et même au moindre chat de gouttière – d’y voir clair dans la nuit.
Normalement, le chrétien est mieux trempé que le cynique le plus acquiesçant pour démasquer l’imposture infinie du monde – cette verruqueuse pullulation, dont les ondes putrides submergent nos cœurs.
Satan règne sans peine sur les Chrétiens depuis que ceux-ci, regrimpés comme des singes dans l’arbrisseau de la science moderne, plaident l’incompétence des élites plutôt que la malveillance intrinsèque du Pouvoir. Je ne cesse d’éprouver la prégnance de tels mantras idolâtres dans mon entourage prudent, lucide, honnête. Au scandale de tous les complices du « plan social » (si je puis dire), confits dans les droits de l’homme et la psychanalyse, qui me traitent de conspirationniste quand je les traite d’hallucinés, de tartufes – et surtout d’imbéciles.
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La vie est la mélodie du bonheur. La société, l’écho de la pulsation musicale du monde. Tout ce qu’on nous dit est crédible, seul ce qu’on voit est incroyable ; la transparence est dans l’oreille, l’obscurantisme dans les yeux. CQFD. Tout va bien. Le Progrès veille, main invisible du Cosmos. Pas de vagues. Aimons-nous. Le reste est paranoïa. Les paranos rendent parano. Il faut choisir entre la folie du monde et la nôtre. – « Entre les œillères des « officialistes » et celles des « complotistes », on peut aussi choisir de ne pas choisir. » Pondération, nuance, réserve. Je doute, donc je ne choisis pas : retour malgré lui de l’abstentionniste au bercail citoyen. Ignorons les Marchands du Temps ; notre destin n’est pas d’être un chasse-mouche !
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La démocratie c’est la confiance, la méfiance c’est la guerre ! Les faits sont volatiles et tous les partis sont manichéens ! – Le positiviste sceptique devrait quand même s’apercevoir que la vraie conspiration du conspirationniste, c’est de conspirer contre le conspirologue. Sans le conspirationniste, pas de conspirologue – et sans conspirologue, plus de sceptique positiviste ! – Auquel des deux se réfère en effet, ce prudent qui se croit audacieux, ce lâche qui se dit raisonnable ?
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Des faits de complot flagrants, il en est que Nabe et les partisans de l’épochè « anti-idéologique » ne veulent pas voir du tout : par exemple, le WTC7 (je ne relance pas le débat sur le 11 Septembre télégénique, clos par nos éditorialistes avant d’avoir exprimé son potentiel d’audimat, non : je teste le rafraichissant concept de conspirologie… C’est vrai qu’un débat télé sur le 11-septembre reste un débat télégénique – un débat sur le télégénie de l’Attentat… Le télégénie comme mode de gouvernement terroriste – donc le terrorisme, comme mode de gouvernement télégénique. – Ça me parait sensé…)
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Nabe peut fanfaronner tout son soul, l’effondrement discret d’un troisième gratte-ciel à 17h20 le 11 septembre 2001 n’est matériellement explicable, rationnellement concevable, que par l’utilisation d’explosifs. Un événement aussi miraculeux ne relève certes pas de l’adhésion facultative, il n’est pas susceptible d’une distraite observation : c’est une sommation intellectuelle. Et d’autant plus carabinée que le Rapport Kean-Hamilton – ladite VO – le passe mystérieusement sous silence : pas un mot sur ce collapsus magique ! D’après les Autorités compétentes, il ne s’est rien passé… Oubli si fabuleux qu’on doive le trouver aussi louche que l’anomalie contre-nature de la tour folle ! – Eh bien, cette chute libre sans raison démontre en six secondes et demie ce que signifient la « démocratie », toute la politique occidentale, la « mondialisation heureuse »… et ça n’émeut pas Nabe, le philosophe conspirophobe !
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Les beaux esprits deviennent complètement cons dès qu’ils prononcent le mot « conspirationnisme ». C’est le cas de Nabe. On peut avoir adoré Le Bonheur, Alain Zanini, L’Homme qui arrêta d’écrire, L’Enculé… on peut trouver un grand talent d’écriture à Nabe et juger affligeants ses commentaires politiques – qui plus est reniements circonstanciés de son propos. Ses engouements ethniques, spirituels, esthétiques, et surtout ses inimitiés, plutôt que sa maitrise du sujet, décident de ses anathèmes, enflamment sa logorrhée autoréférentielle. Après avoir ôté toutes choses pour y voir, Nabe s’écoute parler, seul à s’applaudir quand son ami Tarik le Jeûneur tâche de le ramener à la raison. Pour lui, sa passion confuse de l’Islam est intelligence a priori du terrorisme, sa haine des Français le désigne pour les vomir, son esthétisme benoit l’oblige à penser pour tous ledit conspirationnisme… Nabe veut que les Arabes l’aient fait comme il veut que les Noirs soient plus cool que les Blancs ! Question de swing dans la peau et de piqure de cactus au Sahara. – A mon avis, pas besoin de se farcir mille pages d’insultes, de caftage et de ratiocinage sans surprise.
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La plus belle ruse du Diable, c’est de nous faire croire qu’il existe : voilà toute la thèse de Nabe, le conspirologue diabolique. En vertu du hasard, il élude le Mal – c’est-à-dire la fatalité. Fort de la complexité (alibi des technocrates et des mondains), il justifie le monde – c’est-à-dire l’inconscience. Forçons son trait caricatural : la complexité du monde atteste la bienveillance du Pouvoir, et vice versa : la complexité du Pouvoir témoigne de l’innocence du monde… Le scandale est relatif, l’impensable impossible : Je suis tiède, donc le monde est tiède, nous dit-il. Une telle auto-confortation est aberrante. De cette balourde hypothèse (à laquelle le bourgeois de tous temps assortit ce prédicat désopilant : Mon pouvoir d’achat est un quotient intellectuel de droit divin), Nabe enfonce le clou, en dissident marteau s’efforçant de réconcilier la Croix et l’Histoire : Ma vocation d’artiste, d’amuseur de bobos, est la preuve de mon art, de mon sérieux critique. – Si le Christ n’a pas ressuscité, il se crucifiera lui-même.
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Ce que le Moderne appelle conspirationnisme, c’est ce que le chrétien appelle politique. Je ne crois pas qu’il y ait eu machination interne le 11-Septembre : je le sais comme deux et deux font quatre ; sur ce point ma religion est défaite. La thèse de l’inside job n’est pas seulement la plus raisonnable, c’est la seule rationnelle. Toute autre perspective, à commencer par la VO de 2004 (un théologien parlerait d’attrition forcée), n’est que boniment, contorsion poussée jusqu’au délire institutionnel, l’affabulation collective, le je-m’en-foutisme de masse… Ça ne fait pas de moi un adepte du folklore reptilien ni de la gnose illuminati – et c’est, cher Complotiste, votre premier message qui me parait « manichéen », en dépit de votre humour ma foi bien sympathique. Le reproche de manichéisme est une fausse pudeur, il ne conjure aucun démon partisan. Il écarte juste du droit chemin de la réalité. Méfions-nous des valeurs, tant que les faits nous obligent. On se laisse pendre au gibet de ses rêves, mais on ne peut danser sur le fil du rasoir (d’Ockham, en l’occurrence).
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J’ignore si le conspirationnisme s’adresse à notre cœur, comme un chant des sirènes, mais je sais que la conspirologie n’a rien à dire à ma raison : qu’elle n’est qu’un fatras creux et mensonger. Nous ne sommes pas confrontés à une alternative piégée, mais aux limites de notre conscience acculée par nos sens, à commencer par notre sens logique. D’ailleurs il ne s’agit même pas de philosophie politique, de sagesse historique – mais de la survie du langage, de possibilité physiologique du sens. (L’ingénierie sociale s’attaque encore plus aux neurones qu’à la psyché, ce n’est plus seulement la langue qu’elle rabote, c’est le principe du langage qu’elle arase, annihilant jusqu’à la faculté d’articuler des mots… si bien qu’on ait des nœuds dans les cordes vocales à force de trous dans la tête !) Ce scandale mystique du WTC7 éclabousse le prudent qu’il le veuille ou non : la seule différence avec la Shoah, ce sont les milliards de fuites et, surtout, d’autruches. – Car, de même que l’extrême centre est le vrai fascisme, le positiviste et le sceptique atteints de la même cécité opiniâtre sont je crois les vrais idéologues de ce temps, la vraie graine de canaille. Quel coup porter au flasque ; que répondre au silence ? Comment ne pas se soumettre corps et âme à la douceur la plus passive ?
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Il est un autre idéologue, synthèse bricolée des deux précédents. C’est cet hyper-parano, ce dingue ami à la fois de l’Etat et du Capital, de l’Elite et de la Morale, de la Technique et de la Liberté, des Médias et de l’Intelligence, du Social et de l’Ame, sûr de son fait jusqu’au coma critique et soucieux de son droit jusqu’à l’extase sacrificielle – et que j’appelle conspirologue. Le conspirologue est le souteneur bénévole de la morale de l’Elite – le fondamentaliste imperturbable de la véridicité du social. Terre à terre, il croit en lui, la société, l’avenir, toutes les substances célestes. Il est le fidéiste pur, le démocrate en majesté, l’honnête homme enchanté. Autrement dit cet imbécile heureux qui prend sa tiédeur de bourgeois pour la température du monde, ses diplômes en sciences molles pour des certificats de libre-pensée, et son pouvoir d’achat pour un quotient intellectuel de droit divin ! Ha ha ha ! Tout serait pour le mieux dans son meilleur des mondes, si le conspirationniste n’en saccageait l’ordre, le luxe, le calme et la volupté. – C’est pourquoi, en pratique, le conspirologue est d’abord cette espèce d’illuminé catatonique, voyant partout des conspirationnistes.
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En vérité c’est la psychose du conspirologue, épais bouillon de prosaïsme et d’angélisme assassiné, qui décerne au conspirationniste un label d’existence quelconque. Le vrai conspirationniste ne se sait pas tel : il refuse d’être le repoussoir du conspirologue ; c’est le conspirologue qui l’y oblige. L’un ne va pas sans l’autre, qui va très bien sans lui. Le conspirologue est un phénomène triste : le parasite des pires spécimens de l’esprit.
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Il suffit d’observer – comme chez Taddei l’autre soir – les censeurs monomanes de l’anti-antisémitisme pousser leurs cris d’orfraies, répercutés à l’infini par les Médias en autant d’échos concentriques, pour comprendre que le conspirationnisme est un mythe inventé par les conspirologues. Et que l’antisémitisme – conspirationnisme des conspirationnismes – n’existerait pas comme hantise terroriste universelle, comme injonction catégorique, sans ces amalgames menaçants. Immonde jactance, odieuses lamentations, tout à la fois chantage et pleurnicherie, bigoterie et roublardise, dont l’insignifiance n’a d’égale que la férocité, et dont la seule raison d’être est manifestement de faire advenir la bête immonde, pour la traquer, la réprimer, la maudire en la dépiautant avec sadisme et raffinement – pour s’en repaitre entre équarrisseurs de parias, et jouir ad vitam aeternam de ce monstrueux dépeçage, dans l’effrayante posture du Juste ! – En tous cas, on dirait…
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Le positivisme appliqué du conspirologue l’empêche de saisir l’essence du Pouvoir : l’illimitation. Le conspirologue ne doute pas plus de la rationalité de la technocratie que de sa bienveillance : elle est la légitimité représentative du bon sens et des bons sentiments du commun des mortels. Pour lui, les clivages sont inexistants, tout va dans le sens de l’accumulation : pas de scène primitive, mais un processus exponentiel de stabilité à travers les âges. Alors il fait reproche au conspirationniste de son obstination, de sa rigueur. Le conspirationniste qui ose rappeler au Démocrate qu’aucun Pouvoir ne se fixe de limite – que celle-ci lui est imposée par la technique, ou par la force, ce qui revient au même. Le Pouvoir ne bute que sur la Matière, l’effet de masse – jamais sur l’Idée, jamais sur la chair ni la vie. Le Pouvoir méprise la pensée, est redoute le corps mystique des foules et compte la vie pour rien. Il exterminera au besoin, comme cela s’est toujours vu faire. Les masques de la société civile – fût-elle libérale, sinon a fortiori – n’y font rien. Le Pouvoir est l’ange de la mort – il ment, c’est un menteur polyglotte, un voleur aux mille mains, un tueur et même un tortionnaire.
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L’antisémitisme est un phénomène dérisoire que le « fait social total » de l’anti-antisémitisme se propose d’éradiquer. L’antisémitisme n’est rien sans l’éradication. Qu’importe le réel à l’éradicateur dans l’âme ? – C’est toute l’histoire du conspirationnisme, éradiqué en mille pages à paraitre par l’anti-antisémite Nabe.
06/09 10:53 - Franck ABED
Je refuse l’étiquette de complotiste... qui frise la diffamation. De même je ne désire (...)
03/02 12:03 - christian pène
s’il y a des conspirateurs en France , ceux qui gouvernent en sont la cause....quand on a (...)
02/02 21:24 - Zeb_66
@Doctorix Vous faites une confusion, l’accident s’est produit dans le Hoggar pour (...)
02/02 19:56 - agent orange
@ JL "si les théories élaborées par les reptiliens, la « Flat Earth Society » et autres « (...)
02/02 15:31 - Totor le fort
Effectivement, c’est un mot valise, à fonction invalidante, un anglicisme dérivé de « (...)
02/02 15:19 - Totor le fort
Taguieff, fondateur de l’école française de « conspirologie », faisan intellectuel, père (...)
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