Lors de l’affaire du chat « martyrisé » de Marseille, les réactions indignées ont gagné le monde entier. J’entendais les interventions des auditeurs sur France Bleue Provence. Ils nous expliquaient sérieusement que si on aimait les gens on devait aussi ressentir la même indignation pour les mauvais traitements aux animaux. De vrais apôtres de l’Amour universel.
Je me disais qu’ils devaient vraiment souffrir en sachant ce qu’est la vie et la mort des poules pondeuses, des porcs et de tous ces êtres vivants qui finissent en « minerai » ou en « pulpe » dans nos plats cuisinés. Je me demandais aussi comment ils pouvaient dormir en songeant au centre de torture de Guantanamo.
Et puis arrive cette histoire du jeune handicapé maltraité. Et là dans les médias çà a fait « flop ». Je n’ai pas entendu les mêmes auditeurs indignés. Sans doute ne s’étaient-ils pas remis du choc précédent.
Ce qui m’effraie, c’est de voir que le seul critère qui met en route l’indignation à un niveau insoupçonnable, c’est de savoir si je suis personnellement touché, si pour moi si c’est « mignon ». Un chat, surtout petit, c’est si mignon. Un handicapé, un SdF, un chômeur, etc. ce n’est pas mignon.
On prend sa sensiblerie, uniquement centrée sur soi, pour une sensibilité ouverte sur le monde entier. Et en son nom on revendique des châtiments jamais assez durs en se prenant soi même pour quelqu’un d’exemplaire, débordant de bonté. Et bien oui, çà m’effraie.