Cher Monsieur,
Je suis déçu que vous ayez si mal interprété mon texte. Tout d’abord, sachez que je ne suis pas assez stupide pour condamner en bloc les mathématiques, que je ne condamne nullement. Je suis en partie tout à fait d’accord avec vous. Ce n’est pas la Mathématique que je condamne, mais le fait qu’on l’ait érigée en matière phare et impérialiste. J’enseigne depuis 30 ans et je crois avoir, très modestement, une certaine légitimité à dire ce que je dis. J’ai assisté à des centaines de conseil de classes et je peux vous dire qu’un élève n’ayant pas la bosse des math est aussitôt méprisé et relégué dans les séries considérées comme inférieures. C’est inadmissible. C’est partir du postulat que les mathématiques sont le critère absolu de différenciation. C’est une prétention et une mentalité toute française qui ne connaît que la hiérarchie et la valeur des diplômes. Par ailleurs, ce lieu commun qui associe la rigueur et la logique aux math est erroné. Toutes les disciplines demandent cette rigueur et cette logique. Et l’Histoire encore plus peut-être. Quant au Français, loin de moi l’idée de le passer sous silence si vous avez bien lu mon texte. L’Histoire étant une matière littéraire, il va de soi que nous, enseignants en Histoire nous trouvons confrontés tous les jours à ce massacre du Français, sans lequel aucune idée ne peut être clairement enoncée et argumentée. Pour être complet, je me permets d’attirer votre attention sur un point. Si les math sont importantes, et permettent d’acquérie la rigueur « mathématique », elle ne peut être comparée à l’Histoire dans ce que cette dernière apporte à un Homme comme maîtrise de son passé et de l’esprit critique qui peut en découler sur le genre humain.Je connais beaucoup de profs de math, qui n’ont absolument rien compris à la logique et à la complexité de l’Histoire. Donc étant dans la place j’ai une vision, certes qui peut être contredite, mais quand on n’est pas confronté au problème, il faut réfléchir d’autant plus et demander à ceux qui le sont, leur point de vue. J’ai croisé des centaines d’élèves mal orientés parce qu’ils n’étaient pas bons en math, et souvent mal orientés. Un gâchis. Il faut donc remettre la matière à sa juste place, c’est-à-dire, une discipline parmi d’autres et non pas LA DISCIPLINE REINE. Quant au lien étroit entre math et philo, il est bien loin ce temps là. Et si les philosophes ne maîtrisent pas l’Histoire, quelle philosophie pourront-ils enseigner. Philosopher ne signifie pas enseigner la philosophie. Nous pouvons tous philosopher à partir du moment où nous réfléchissons sur l’ordre des choses et sur l’humain.