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Commentaire de soi même

sur Les yeux de Chimène pour la France


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soi même 19 février 2014 18:12

Bylines

Qui nous parlera, du vieux temps,
Du vieux temps, du temps passé,
D’Ilia Mouromets,
Ilia Mouromets, fils d’Ivan,
Resta cul-de-jatte trente-trois ans ;
Vinrent le trouver des frères mendiants,
Jésus-Christ lui-même, deux apôtres :
« Dis donc, Ilia, apporte-nous à boire !
- Frères mendiants, je suis sans bras, sans jambes.
Lève-toi, Ilia, ne te moque pas de nous ! »
Ilia se mit debout, comme si de rien n’était ;
Il alla, apporta une tasse d’un védro et demi,
La présenta aux frères mendiants ;
Les mendiants la lui rendent ;
Les frères mendiants interrogent Ilia :
« Te sens-tu, Ilia, beaucoup de force ?
S’il y avait une colonne de la terre jusqu’au ciel,
Si à la colonne il y avait un anneau d’or,
Je tirerais sur l’anneau et renverserais la Sainte- Russie  !
Dis donc, Ilia, apporte une deuxième tasse ! »
Ilia la leur présenta ; ils la lui rendent.
Ilia but sans reprendre haleine
Une grande tasse d’un védro et demi.
Ils demandent à Ilia :
« Te sens-tu, Ilia, beaucoup de force ?
- J’ai la moitié de ma force »
Les mendiants voyageurs disent :
« Tu seras, Ilia, un grand bogatyr
Et ta mort au combat n’est pas inscrite :
Bats-toi, combats avec tous les bogatyrs
Et avec toutes les hardies cavalières.
Seulement ne va pas te mesurer
Avec Sviatogor le bogatyr :
La terre le porte sur soi avec peine ;
Ne va pas lutter avec Samson le bogatyr :
Il a sur la tête les sept cheveux de l’ange ;
Ne te bats pas aussi avec la race de Mikoula :
La terre humide notre mère l’aime ;
N’affronte pas non plus Volga Vseslavitch :
Il ne te prendra pas par la force,
Mais par la ruse, la finesse.
Procure-toi, Ilia, un cheval de bogatyr,
Sors dans l’étendue de la rase campagne :
Achète le premier étalon venu,
Mets-le dans un hangar pendant trois mois,
Pendant trois nuits conduis ton étalon au jardin,
Et dans trois rosées roule l’étalon,
conduis-le vers la haute clôture :
Quand l’étalon sautera par-dessus la clôture
Et d’un côté et de l’autre côté,
Va-t’en avec lui où tu veux : il te portera »
Alors les mendiants disparurent.
Ilia s’en alla trouver son père
À son travail de paysan :
Il faut nettoyer la forêt incendiée des souches de chêne ;
Il enlève à la hache toutes les souches de chêne,
Les met en tas dans la rivière profonde,
Puis s’en retourne chez lui..

Sviatogor s’est équipé pour aller en rase campagne,
Il selle son bon cheval et chevauche en rase campagne.
Personne pour la force ne peut égaler Sviatogor,
Et la force dans ses tendons joue comme un enfant pétulant  :
Il est chargé de sa force comme d’un lourd fardeau.
Et voilà Sviatogor qui dit :
« Si je trouvais un treuil, je soulèverais toute la terre ! »
Sviatogor trouve par hasard dans la steppe
Une petite besace à deux poches ;
Il prend son fouet, touche la besace, elle ne bouge pas,
Il la pousse du doigt, elle ne remue pas.
Du haut de son cheval il la prend en main, elle ne se soulève pas ;
« Nombre d’années j’ai chevauché dans le monde
Et n’ai jamais rencontré pareil prodige,
Jamais je n’ai vu pareille merveille :
Une petite besace à deux poches ne bouge pas,
Ne remue pas, ne se soulève pas. »
Sviatogor descend de son bon cheval,
Saisit la besace des deux mains,
Soulève la besace plus haute que le genou :
Et jusqu’au genou Sviatogor s’embourbe en terre,
Et sur son blanc visage, il coule non des larmes, mais [du sang.
Là où Sviatogor s’embourba, il ne put se relever. Là fut sa fin...


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