Plusieurs objections sont actuellement mises en avant contre la proposition de François Bayrou sur un gouvernement de rassemblement.
Il faut tout d’abord remarquer que ce type de gouvernement trans-partisan a déjà été réalisé, avec succès, par le Général de Gaulle, notamment en 1958. Mais surtout, il faut souligner l’importance majeure du rôle du président de la république sous la cinquième république, et celle de l’inversion du calendrier électoral, qui fait maintenant précéder les élections législatives par l’élection présidentielle. A ce titre, c’est bien l’élection présidentielle qui détermine la direction politique souhaitée par le peuple français.
Un président élu sur ce projet de rassemblement aurait donc une légitimité très forte. Comme François Bayrou l’indique, il est plus que probable que les électeurs lui donneraient, lors des élections législatives qui suivent, une majorité pour appliquer ce projet. En proposant de présenter des candidats « majorité présidentielle » dans toutes les circonscriptions, ceux-ci pouvant conserver leur appartenance à leur parti d’origine, François Bayrou, s’il était élu, pourrait sans doute disposer d’une majorité au parlement.
La question du soutien des partis actuels, PS ou UMP, à ce type de gouvernement, ne se pose pas avant l’élection du président. Il est évident que chaque parti défend d’abord le candidat issu de ses rangs, et ne peut donc envisager une hypothèse perdante pour celui-ci, sous peine de se décrédibiliser. Il en irait en revanche autrement si François Bayrou était élu. Fort de sa légitimité, celui-ci pourrait sans doute convaincre une fraction suffisamment conséquente des deux principaux partis, PS et UMP, de se joindre à lui au sein d’un accord de gouvernement pour effectuer les réformes profondes dont le pays a besoin. Il est même possible que cela entraîne une recomposition au sein même de ces deux partis. L’aile sociale-démocrate du PS pourrait rejoindre ce gouvernement (comme le suggère par exemple Bernard Kouchner) tandis que l’aile anti-libérale entrerait en opposition. A l’UMP, une scission entre partie modérée (pro-européenne et pro-gouvernementale) et droite dure pourrait aussi avoir lieu.