(Décidément, j’ai du mal avec ce système - j’espère que cette fois c’est la bonne)
Les pauvres sont proportionnelement moins nombreux en France qu’aux USA ? On en déduit que notre système est meilleur.
Acceptons l’assertion comme étant vraie. Dans ce cas, je répète ma question d’hier : pourquoi ces cris d’alarmes sur la pauvreté qui augmente(rait) en France, fait repris par Emmaüs, DAL, les Restos du Coeur, les enfants de Don Quichotte, . . .
A qui celà profite-t-il ?
L’assertion est peut-être vraie. Je dis bien peut-être, car la méthode de calcul du seuil de pauvreté est basée sur le revenu médian (et cette méthode est contestée). Autrement dit, si le revenu médian baisse, le seuil de pauvreté baisse, et donc le nombre de pauvres aussi. Comme la société française se Smicardise , le nombre de pauvre va bientôt baisser. COCORICO ! ! !
Remarquons au passage qu’un revenu médian à 46000 $ (cité dans l’article) est bien supérieur au notre (15700 € en 2004).
Et puis il y a la façon de ne pas être pauvre. Je viens de lire un article dans Marianne N° 513 intitulé « les pièges de l’assistanat ». Vous y lirez le cas d’une mère célibataire 30 ans, 2 enfants, qui touche près de 1800 € net d’aides et allocations en tous genre, ne verse pas d’impôts (ni IRPP, ni locaux), est aidée pour différentes charges (EDF,téléphone,carte orange). Le niveau d’aide est surtout dû aux 2 enfants.
Que deviendra cette personne lorsque ses 2 enfants auront grandis ? J’ai tendance à penser qu’elle sera alors en-dessous du seuil de pauvreté. Et quelles seront ses chances d’y échapper ? Car elle n’aura jamais travaillé à l’âge de 40 ans. Quand on sait que le nombre de femmes seules avec enfant(s) est en augmentation, on peut en conclure que nous avons des pauvres « différés », des gens qui ne font pas encore partie de statistiques, mais pour lesquels ce n’est qu’une question de temps.
Vous me direz que c’est toujours ça. Mais est-ce plus satisfaisant ?
Les commentaires qu’inspirent cet article, qui ont quand même un fort relent de bataille idéologique « USA vs France » sur fond de « modèle social », me semblent n’être là que pour éviter de se poser la question qui me paraît la seule possible devant ces chiffres : mais comment est ce possible que nous en soyons là (logements, SDF, smicardisation) alors que nous avons les impôts parmi les plus élevés d’Europe (en part de PIB, seulement 7% inférieur à la part de la Suède) et une dette publique préoccupante ? Vous pouvez toujours dire que le modèle français est meilleur que l’autre, ou que celui des USA est moins bien (pire ?) que le notre, vous comparez de toute façon des pays qui n’ont pas la même structure financière. Car là où les USA peuvent augmenter les impôts pour redresser une situation qui dériverait, le France ne peut plus le faire (prélèvements déjà trop élevés, dette trop grande, financement des retraites pas réglé). Et là où les USA seraient capables ensuite de baisser ces mêmes impôts pour redonner de la confiance, le France ne le pourrait pas (dette trop grande, financement des retraites pas réglé).
Par conséquent, si notre système marchait vraiment, et s’il était pérenne, on devrait observer ou lire « seuil de pauvreté de la France très inférieur à celui des USA, et pour de nombreuses années », au lieu de constater qu’il est seulement « proche » (ou « presqu’équivalent » selon une approche différente), tout en constatant que nous n’avons plus de marges de manoeuvres.
Je ne suis pas pro-USA, mais je ne suis pas anti-USA. J’essaye seulement de déterminer, après des années de mauvaises nouvelles, de chômage persistant, de misère galopante, d’augmentation continue des prélèvements obligatoires et de « refus des réformes », en cette veille d’élection déterminante pour notre pays pour les 5 années à venir, ce qui me paraît être le meilleur choix, la meilleure orientation. Je ne considère pas que le modèle US est transposable en France, mais on peut constater que notre modèle social est, pour le moins, trop coûteux par rapport à ce qu’il est efficace, et que ni le libéralisme ni le capitalisme n’en sont la cause (comparez les revenus médians cités pour vous en convaincre). La critique des USA est trop souvent utilisée pour masquer nos propres insuffisances et échecs, et non pour nous aider à comprendre ce qui ne marche pas chez nous. On n’est d’ailleurs pas obligé de regarder les USA pour celà. Mais celà nous flatte sûrement de comparer nos 65 Ms d’habitants à la première économie mondiale.
Tout simplement, savoir observer, sans esprit partisan, avec le plus d’objectivité possible, avec la volonté de trouver des solutions à notre état de crise, c’est ce que j’essaye de faire. Et celà me conduit à constater, pour le moins, qu’il est temps de reconnaître nos échecs et de changer de façon de traiter nos problèmes.