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Commentaire de Corinne Colas

sur Sombres et lumières


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Corinne Colas Corinne Colas 12 mars 2014 15:29

OOOOh ! Chez nous, la troisième génération vient tout juste de démarrer Barjavel… (famille de sadiques qui adorent tuer dans l’oeuf la candeur des mioches)

 smiley

Pourquoi Barjavel ?

Lovecraft faisait appel à l’indicible menace tandis que Barjavel se servait de son art pour dénoncer de façon satirique l’humain lui-même et notre définition utilitariste du progrès. Anti nucléaire convaincu, il défendait la nature et croyait au pouvoir de l’amour. Pourtant, il était… pessimiste !

Le cauchemar Alinea :

 « ces tuyaux, ces ventres ouverts. Ces ors, ces verres de champagne renversés sur des nappes dégueulasses, ces bellâtres échevelés qui répondent en haranguant le vide, à quelque appel divin. Ces nains, ces géants laids, braguette ouverte, qui voudraient être pris au sérieux ; ces mains avides qui fouillent des valises pleines de billets, des sacs pleins de pierreries de mauvais goût, ces femmes frigides qui tiennent d’une main ferme le fouet de la jouissance, ces harpies qui crient sus aux hommes et qui ne les sucent que pour satisfaire leur vénalité ; ça et là des veaux aux yeux crevés geignent sans bruit, des chiens écorchés fuient leurs souffrances et des truies entravées pleurent de chagrin. Une foule sombre muette et glacée sort de nulle part par des bouches édentées, et s’enfile pressée dans des tubes transparents »,


L’inquiétude de Barjavel dans la même veine horrifique :

(..)

 Un des bergers entrés avec moi conduisit sa vache vers une de ces outres flasques et introduisit le tétin de l’animal dans un trou du récipient. J’entendis avec étonnement un bruit de succion. Je m’approchai. Ce n’était pas un trou, mais une bouche qui suçait le pis de la bête ! Autour de cette bouche s’étalait une sorte de visage humain, plat comme une crêpe, une face lunaire, sans crâne, ni cou, à peine distincte de l’abdomen dans lequel se vidait la mamelle. La bouche suçait comme celle d’un bébé affamé. Les yeux sans âme exprimaient une sorte de plaisir passif, teinté d’abrutissement, et me rappelaient cette expression qu’on voit dans les restaurants aux hommes seuls à table, qui ne lisent ni ne parlent et ne sont occupés qu’à mâcher. J’entendais le gargouillis du liquide qui coulait à l’intérieur de l’être affamé. De part et d’autre de son ventre pendaient, atrophiés à une échelle de poupée, des jambes et des bras mous. Le cœur soulevé, je dus me rendre à l’évidence : ces outres épandues sur la paille, ces récipients, ces ventres sans cervelle, sans muscles, sans os, étaient eux aussi des hommes !

 

(..)

 

Sur la litière d’herbe sèche étaient alignés des hommes-ventres d’une variété nouvelle, munis de bras solides, de mains à crocs et d’une gueule de requin. Un berger suivi d’un porc s’approchait d’un de ces hommes-mâchoires. Celui-ci étendait ses bras dans l’air couleur de sang, accrochait l’animal hurlant, le portait à sa gueule et, d’un seul coup, lui coupait les deux jambons. En moins d’une minute, il l’avalait tout entier.

(..)

 

Les ouvriers du sous-sol sont dépourvus d’appareil respiratoire tout autant que de tube digestif et d’organe reproducteur. Leur corps n’est qu’une masse formidable de muscles. Leur tête aplatie leur sert à tasser les déblais (..)

 

Etc.

 

http://www.yellobook.cm/admin/uploads/Le_voyageur_imprudent_-_Rene_Barjavel.pdf

 

 

Pour les dépressifs : à consommer avec modération ! Le choix d’un « Don Camillo » sera plus judicieux… Les autres auront la chance de se « nettoyer » comme Alinea, en se reconnectant à la nature.


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