Et les notes de pied de page du même article :
1.
La rapporteure Del Castillo n’a eu aucune honte à proposer au
considérant 45 de définir la neutralité du Net comme le principe selon
lequel seuls les trafics équivalents devraient être traités de façon
équivalente, permettant ainsi différentes qualités de service entre un
trafic de vidéo et de VOIP, par exemple. Or, il est largement admis que
la neutralité du Net implique que tout type de trafic soit traité de
façon équivalente, tel que le spécifie, par exemple, l’avis de la
commission LIBE.
2. Traduit par nos soins : « traffic
should be treated equally, without discrimination, restriction or
interference, independent of the sender, receiver, type, content,
device, service or application »
3.
Les services spécialisés sont des réseaux IP déployés en parallèle de
l’Internet et par lesquels la VOIP ou la TVIP sont aujourd’hui
transmises dans le cadre des offres « triple play ». Dans le texte adopté par la commission ITRE, ils sont définis à l’article 2(15) : « “service
spécialisé”, un service de communication électronique optimisé pour des
contenus, des applications ou des services spécifiques, ou à une
combinaison de ces derniers, fourni sur une capacité logiquement
distincte et reposant sur un strict contrôle d’admission en vue
d’assurer une qualité améliorée de point à point et qui n’est pas
commercialisé ou utilisable comme produit de substitution à un service
d’accès à l’internet. » (traduit par nos soins : “specialised
service” means an electronic communications service optimised for
specific content, applications or services, or a combination thereof,
provided over logically distinct capacity and relying on strict
admission control with a view to ensuring enhanced quality from end to
end and that is not marketed or usable as a substitute for internet
access service.).
4. Jens Rohde – le « Master of the Universe »
qui a refusé de rendre public son précédent emploi – a fait preuve
d’une implication particulièrement faible dans ce dossier et ne s’est
que négligemment intéressé à de larges pans des propositions de la
Commission. Sa seule préoccupation portait en réalité sur la suppression
des frais d’itinérance, quand bien même cette mesure bénéficie
davantage aux personnes voyageant régulièrement en dehors de leur pays
(tels que les eurodéputés et les fonctionnaires de la Commission
européenne) qu’à l’ensemble des citoyens européens, au contraire de la
neutralité du Net. Le fait qu’il n’ait que rarement participé aux
réunions de négociations et qu’il ne se soit même pas rendu au vote
initialement prévue en ITRE le 24 février en dit long sur son niveau
d’engagement. Quant à la neutralité du Net, il l’a considère comme un
problème de « communistes du net. ».
5. Les points à aborder :
- Renforcer la neutralité du Net : Le principe de
neutralité du Net doit être affirmé au sein des articles (dans le 2.14),
et non plus seulement dans les considérants. De plus, le principe de
non-discrimination du trafic doit être élargi pour couvrir toute forme
de discrimination (notamment tarifaire) dans l’article 23.5.
- Un encadrement strict des services spécialisés :
Les députés doivent amender le texte afin de s’assurer que la neutralité
du Net – et donc l’innovation et la liberté de choix pour les
internautes qu’elle induit – ne puisse être contournée par des accords
privés entre les opérateurs télécoms et les géants du Net cherchant à
dominer l’économie numérique. Ils doivent définir un principe fort de
non-discrimination assurant que les opérateurs ne puissent choisir à
leur guise le fournisseur de service ou d’application bénéficiant d’une
qualité de service améliorée : ce choix doit appartenir aux seuls
utilisateurs.
- Restrictions contractuelles : Toutes les
références aux « restrictions contractuelles » dans le texte constituent
une faille majeure, impliquant que la neutralité du Net ne doit
s’appliquer que lorsque les contrats l’autorisent.
- Mise en œuvre : Le texte doit permettre aux
utilisateurs d’Internet de présenter des plaintes aux régulateurs
nationaux afin d’obtenir des réparations et sanctions lorsqu’ils sont
victimes d’une violation de la neutralité du Net. Les opérateurs
télécoms doivent être sanctionnés lorsqu’ils discriminent illégitimement
nos communications.
- Encadrer les exceptions pour congestion :
L’article 23.5.d devrait être amélioré afin d’assurer que les opérateurs
ne puissent pas utiliser l’excuse de la congestion du réseau pour
discriminer certaines applications (par exemple, en dégradant les flux
P2P pour favoriser le streaming vidéo sur des plateformes à large
diffusion comme YouTube) et ainsi éviter d’investir dans un
accroissement de bande passante.