@ Syracuse
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Je peux vous donner autant d’arguments qui prouvent le contraire ...
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Ne vous donnez pas cette peine, vos arguments sont excellents, mais de votre point de vue. Pas du nôtre. D’ailleurs, je pense que vous êtes suffisamment fin pour comprendre qu’une confrontation idéologique se gagne à partir du moment où on réussit à imposer son propre point de vue à l’adversaire, ce qui contraint celui-ci à jouer sur un terrain qui n’est pas le sien. C’est aux peuples de définir leur propre identité ; à partir du moment où on délègue cette responsabilité à d’autres, on se retrouve aussitôt en danger de disparition. L’Histoire ne fait pas de quartier.
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Je ne suis pas sûr que sur le plan strictement des
intérêts économiques, il était de l’intérêt de la Russie de défendre le
régime d’Assad ...
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En effet, c’est même un gouffre financier, et d’ailleurs, nos propres libéraux nous rebattent les oreilles avec ça depuis des années. Ces gens sont incapables de rien voir en dehors de leurs catégories économiques. L’enjeu majeur n’était pas (non pas le « régime », mais) le gouvernement alaouite d’Assad, l’enjeu, c’était la stabilisation de cette région. Si nous n’étions pas intervenus, l’instabilité n’aurait pas manqué de s’étendre vers le Nord, c’est à dire chez nous. La Chine avait les mêmes inquiétudes. Au-delà, se posait la question de l’isolement de l’Iran, à quoi nous n’avions aucun intérêt, et également, le respect du droit international. À ce sujet, vous n’ignorez pas qu’il est courant en Occident de s’en torcher le derche, ce qui fait que l’Occident a du mal à intégrer que certains souhaitent la conservation de l’ordre juridique international existant, et interprète toute tentative dans ce sens comme du cynisme ou de la mauvaise foi. Non, ce n’est pas de la mauvaise foi, la Russie (et pas seulement) a réellement intérêt à ce que le droit international soit respecté le plus largement possible en raison de sa posture stratégique défensive.
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On ne va pas refaire l’histoire, mais il ne faut pas
oublier quand même tous les épargnants français spoliés par la perte des
« emprunts russes »
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Oh, les pauvres choux ! fort bien. Quant à nous, nous n’oublions pas tous nos morts, toutes les destructions causées par la guerre civile, les pertes territoriales dues à cette mauvaise aventure géopolitique, etc. Je crois d’ailleurs savoir qu’à Gênes, la délégation soviétique avait accepté les exigences occidentales, à condition que l’Occident accepte les exigences russes, évaluées à ... 38 mds de roubles or. On n’avait rien trouvé à reprocher au mémorandum, les protestations portaient uniquement sur le principe. Certes, on ne refait pas volontiers l’histoire quand cela ne nous arrange pas, n’est-ce pas.
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C’est sans doute votre opinion personnelle.
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Non, c’est la position d’énormément de gens et de bon nombre de mouvements politiques qu’on peut regrouper sous le label « patriote ». Il me semble, et là, par contre, il s’agit bien d’une opinion personnelle, que c’est également la position de Poutine (cf. son discours tout récent sur le rattachement - et non l’ « annexion » - de la Crimée).
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D’autres sont plus ouverts.
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En effet, il s’agit de la catégorie, assez largement détestée, dite des « libérastes ». Je ne crois pas utile de vous expliquer l’origine étymologique de ce vocable, vous vous en sortirez tout seul avec un peu d’imagination.
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Comprenez bien que je ne cherche pas à vous convaincre de
notre bon droit, cela ne me paraît pas envisageable. Je ne fais que
vous expliquer la position russe quant à une éventuelle coopération
« stratégique » avec les puissances occidentales.
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Cordialement.