Je suis certain que si Pascal avait eu ce point de vue de départ, ce
panorama des religions, il n’aurait pas formulé son pari de la même
manière. Sans me comparer à son génie, en réfléchissant à cette question,
j’en suis arrivé à mettre en exergue de mon raisonnement le paradoxe
logique suivant, même si on laisse de côté les cultes éteins et qu’on ne
garde que les principales religions majoritaires, elles se contredisent
à la fois dans la nature du divin, dans la vie après la mort, dans la
liturgie et même dans le type de vie que l’on doit mener.
Il avait sûrement une très bonne connaissance de la religion gréco-romaine comme tous les lettrés de son temps (au XVIIème siècle le latin et le grec ancien faisaient partie de l’éducation supérieure). Lui qui prit ouvertement parti contre l’autorité des Anciens en matière scientifique n’était manifestement pas impressionné par elle. Lui auriez-vous répondu par l’argument ci-dessus (« elles se contredisent... ») qu’il aurait répondu en citant de nombreuses histoires de la mythologie gréco-romaine pour vous faire voir leur ridicule puis en s’inspirant ou en citant Cicéron et quelques autres philosophes antiques il vous aurait expliqué qu’il faut se conduire par la raison et écarter les superstitions. Vôtre admiration pour la civilisation égyptienne l’aurait sans doute fait rire sous cape car de son temps on se souvenait surtout de l’Égypte comme du pays des magiciens (l’alchimie tire son origine lointaine de ce qui restait de la religion égyptienne antique).
J’ajoute qu’apparemment une petite partie de l’apologie de la religion chrétienne qu’il méditait (les fameuses Pensées étant le « brouillon » laissé inachevé par sa mort) aurait été consacrée à la réfutation de l’Islam déjà bien connu par les Européens au XVIIème siècle .
Ce qui m’amène à faire remarquer que vous ne comprenez pas manifestement rien à ce sentiment qu’on appelle la foi : Pascal ne doutait pas de la vérité du christianisme et avait une confiance absolue en sa religion.