Le paradoxe des religions
Le troisième millénaire sera religieux...
A l'heure des manifestations de LMPT et des révolutions musulmanes, peut-être est-il temps de réfléchir à nos croyances et à la place qu'elle doivent garder dans nos choix de vie, pour nous et pour les autres
« Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l'erreur et la misère. Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. »
Pascal
J’ai toujours été surpris par le pari de Pascal, non pas par sa formulation qui finalement est celle d’un croyant incertain mais par le fait que l’homme le plus rationnel et logique de sa génération utilise une contre logique initiale de formulation.
J’ai pas mal cogité sur ce petit problème et c’est Pascal lui-même qui m’a donné la réponse dans ses pensées sur l’importance du « point » de vue dans l’appréhension d’un problème.
A l’époque de Pascal, il n’y a pas deux ou trois ou plus de religions qui cohabitent dans son milieu de vie, il n’y en a qu’une : l’église catholique et donc le problème que se pose pascal n’est pas le même que le nôtre à notre époque. Le point de vu change.
Le pari de Pascal
Pascal se pose la question :
Dois-je croire en la vie éternelle ou non sachant que la majorité de mes congénères y croit ?
Et la réponse rationnelle qu’il donne est, oui bien sûr, parce que l’éternité est bien plus longue que la durée de la vie et risquer de la perdre en ne croyant pas est trop cher payé, alors que si il suffit de croire pour l’obtenir, 30 ou 40 ans sont vite passés.
Pour nous maintenant la question n’est plus « dois-je croire ou non », la question est « en quoi dois-je croire », nous connaissons de manière approfondis des dizaines de cultes différents, des cultes éteins, Grecs, Romain, Egyptien, Aztèque, Maya, inca… des cultes anciens la religion Juive, l’indouisme, des religions récentes le christianisme, l’Islam et des sectes encore plus récentes telle que la scientologie.
Je suis certain que si Pascal avait eu ce point de vue de départ, ce panorama des religions, il n’aurait pas formulé son pari de la même manière.
Sans me comparer à son génie, en réfléchissant à cette question, j’en suis arrivé à mettre en exergue de mon raisonnement le paradoxe logique suivant, même si on laisse de côté les cultes éteins et qu’on ne garde que les principales religions majoritaires, elles se contredisent à la fois dans la nature du divin, dans la vie après la mort, dans la liturgie et même dans le type de vie que l’on doit mener.
Et pourtant dans chacune des religions la ferveur de la croyance est présente. Les gens y sont sûrs d’être en communication avec le Divin qui ordonne l’Univers et d’être dans la vérité. Le problème que soulève une analyse rationnelle, c’est que de manière logique si une religion détient le vrai culte et la vraie croyance et les vraies obligations du croyant, tous les autres croyants se trompent, et vu la répartition des cultes, ils sont forcément plus nombreux ceux qui croient et se trompent, même les plus fervents.
Par la logique, on peut donc déduire que la croyance dans les dogmes n’est sans doute pas le meilleur chemin vers la vérité.
Une admiration sans borne pour Sœur Theresa
Il est temps que je précise ma position personnelle par rapport aux religions, et là je sors de l’analyse logique, je vous explique ma croyance. J’ai une admiration sans borne pour Sœur Theresa, je pense que s’il y a un paradis, elle y a gagné sa place, mais je sais aussi qu’elle a eu son paradis sur terre, entourée d’amour de tous ses amis, et je suis plus serein pour elle, de savoir qu’elle ait connu celui-là que dans la pensée de l’autre vie. La vie éternelle qu’a gagnée Sœur Theresa de manière sure est d’avoir montré un chemin de bonté où des gens se réalisent à la suite d’elle, reprennent le flambeau et veulent se mettre à sa hauteur. Dans mon langage personnel, je dirais qu’elle a spécié une ligne de vie, un comportement, qui lui a apporté le bonheur et qui a encouragé d’autres à suivre son exemple.
Mon pari logique, le mien, est de dire que puisque qu’on sait par la logique si chère à Pascal, que la plupart et, sans doute, toutes les religions se trompent, mieux vaut essayer de tirer un maximum de plaisir et de bonheur, d’amour et d’amitié de l’inerte devenu raison et intelligence que nous sommes, le temps d’une vie, que d’entrer dans des contraintes d’esprit, basées sur des religions qui ne peuvent avoir toutes raisons ensembles, pour une promesse de vie éternelle ou de réincarnation des plus hypothétiques.
débat gay et débat pas gai
Et je ne veux pas m’opposer aux religions, je veux juste pouvoir exprimer où m’ont conduit 45 ans de réflexion, où j'ai essayé de toujours de rester intellectuellement intègre, de me remettre en question quand j’étais face à une impasse.
Je n’ai rien contre les catholiques en particulier. J’ai aussi pas mal d’amis musulmans ou Juifs de confession, avec qui je parle. Je ne leur interdis pas de croire, bien sûr. Je suis pour la tolérance des cultes et la liberté de pensée et d’expression. Simplement, dès qu’eux ou les catholiques utilisent leur croyance et les projettent dans le débat public comme des dogmes pour priver d’autres personnes d’une liberté qui ne les concerne en rien, je parle, par exemple, du débat sur le mariage gay, l’avortement, la contraception, ou le débat, que j’espère, sur la fin de vie dans la dignité (le débat pas gai), je les invite à garder leurs règles de vie pour eux et à laisser la société civile définir ses cadres.
Personne n’a demandé aux prêtres, aux imams ou aux rabbins de bénir les mariages gay dans leur lieux de culte, ni de les promouvoir, il s’agit juste de laisser ceux qui le souhaitent pouvoir le faire en mariage laïc et pourtant on les a entendus comme s’il détenait la vérité universelle pour les autres.
C’est pour cela que je suis à écrire ce texte, non pas que je sois gay, mais parce que j’aime la liberté.
Création, naissance et évolution d’une religion
Je suis trop mauvais théologien, pour m’amuser à parler des religions existantes actuellement, même si je sais à peu près comment ont été écrits et sélectionnés les textes des principaux livres révélés, les chiismes qu’elles ont subies et le rôle qu’elles ont joués au cours de l’Histoire.
Non, dans mes hobbies, j’ai une passion pour l’Egypte et le fonctionnement de la société Egyptienne qui a sans doute été un des premiers essais du genre humain à instituer un état de droit, avant les grecs et avant les romains.
Ce qui est frappant chez eux, c’est que dans le culte solaire et avec la parfaite connaissance qu’il avait de l’astronomie, Ré, naissait et mourrait chaque jour.
Quand je suis allé là-bas de différentes manières, mais notamment en train du Caire à Assouan, j’ai constaté que le paradis terrestre qu’est l’oasis de vie du Nil est aligné Sud/Nord entre la haute et la basse Egypte. Et à l’Est et à l’Ouest se trouvent deux déserts immenses que les fondateurs de l’Egypte associaient à la mort. Je suis pour ma part, convaincu que c’est cette particularité géologique qui fait que les premiers animistes qui ont été la graine évolutive de cette société, ont pensé que le soleil mourrait et renaissait chaque jour
Je ne doute pas un instant que les astronomes égyptiens ont dû soupçonner ensuite la réalité, mais le dogme était imposé et ne permettait plus la contradiction.
Religion et obscurantisme
Mais ne pensez pas que je veuille de manière pernicieuse, associer religion et obscurantisme. Il y a des obscurantistes partout, pas que dans les religions, on en trouve chez les écologistes, dans les partis extrémistes, chez les climato-septiques ET chez les adeptes de la théorie du réchauffement, chez les pro-nucléaires, (qui ont d’ailleurs déversé au passage, des tonnes de déchets toxiques dans les fosses marines pendant des dizaines d’années, alors qu’elles s’avèrent maintenant être sans doute, le refuge du vivant, lors des plus grands cataclysmes…). En fait on trouve de l’obscurantisme dans tout, c’est un état d’esprit qui n’est pas propre à la croyance. C’est une manière d’aborder, ou plutôt de ne pas aborder, la contradiction. C'est un enfermement.
Mais, non seulement je n’accuse pas les religions d’obscurantisme, je vais plus loin encore : La religion a fait la force de l’Egypte. En offrant à ce peuple un idéal commun, des règles et des devoirs individuels et communs, et en lui structurant une société, avec une écriture, une administration puissante aidée de Scribes, un pouvoir politique avec une capitale et des administrations décentralisées, et tout cela, pour eux, dans le respect de l’ordre général de l’Univers.
Chaque rôle ou métiers avait un Dieu, ou plusieurs, qui déterminait, devoir et obligation.
Et grâce aux scribes qui assujettis aux temples et a l’administration notaient tout, cette structure sociale religieuse évoluait en devenant un outil de collecte des savoirs et des bonnes pratiques.
Ainsi, par exemple, l’Egypte comptait des centaines de médecin répartis en spécialités qui référaient chacune à un ou plusieurs dieux. Les médecins pratiquaient en fait de la magie qui pendant 4 jours suivait un protocole écrit. Il utilisait toute une pharmacopée, des amulettes et de véritables instruments de médecine.
Si au cours de ces 4 premiers jours, un médecin divergeait du protocole religieux, la famille du malade pouvait le poursuivre en indemnisation. Indemnisation qui avait elle-même été proportionnée par un autre temple en charge de l’équilibre de la justice. Bien entendu, si au bout des quatre jours une pratique « magique » fonctionnait là où le protocole avait échoué, le retour de savoir se faisait par le scribe.
la géométrie Egyptienne
L’architecture, l’agriculture, le commerce, l’armée… tout fonctionnait entre devoir religieux et scribe.
Les Egyptiens ont perfectionné la médecine, l’architecture et la géométrie.
Oui, peu de gens savent que les mathématiques arabes et la géométrie grecque, ont en fait profité des mathématiques et de la géométrie Egyptienne, qui elle s’est développé à cause des crus du Nil. Comme le fleuve recouvrait de limon toutes les bornes des terres agricoles, il a fallu que l’administration développe des outils pour réattribuer les surfaces de terre après chaque crue en partant de repère situé au-dessus du niveau maximum d'étiage. C’est ainsi que les scribes ont développé la géométrie reprise en -300 par Euclide.
C’est ce fonctionnement d’ordre religieux qui a unifié la nation et a permis à l’Egypte de progresser continuellement sur trois millénaires, entrecoupés de quelques chaos.
La religion a donc une utilité, elle soude et donne de la cohésion au groupe social. Elle coordonne l’action commune et est une alternative à la société de droit, si elle est conçue pour les accordés
Totem et Tabou
Dans Totem et Tabou, Freud évoque une hiérarchie évolutive des religions, primitivement animistes, puis polythéistes, puis monothéistes et pour finalement aboutir à l’athéisme.
J’ai longtemps pris cette hiérarchie pour exacte, logique.
Puis avec ma recherche personnelle du sens de l’évolution, je pense qu’il n’y a pas de hiérarchie des croyances, comme d'ailleurs il n'y a pas forcément de hierarchie évolutive.
Effectivement, si le lien évolutif avant/aprés entre animisme et polythéisme semble assez évident, et que je ne pense pas qu’on ait pu trouver de tribu isolée, reculée qui soit athée. Le monothéisme hébraïque, par exemple, est apparu très tôt avec des peuples de nomades.
Le christianisme a eu lui, de par sa construction spirituelle séparée de l’exécutif, pour effet de séparer l’action religieuse de l’action politique en une sorte de partitions des pouvoirs qui après l’émancipation du savoir par rapport au religieux, a conduit dans un lent processus avec pas mal de balancier à l’émancipation du politique de la religion.
Maintenant dire que dans un ordre hiérarchique de l’évolution, l’homo sapiens athée qui prends le train pour aller au bureau tous les jours et pouvoir se payer 5 semaines de vacances avec ses deux enfants et sa femme, où même le pilote de chasse, le commandant de bord, le philosophe ou l’ingénieur, est au-dessus du touareg qui conduit la caravane dans le désert Ténéré ou de l’aborigène Australien qui partage un feu avec ses amis chasseurs en parlant du panthéon de leur Dieux dans les étoiles et dans les vents…
Jamais je ne dirai cela, que chacun profite du don merveilleux d’avoir une intelligence et de comprendre ce qu’il veut et peut comprendre.
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