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Commentaire de Benoît RIVILLON

sur Les Professionnels de la Culture : ni Chômeurs-ni Quémandeurs


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Benoît RIVILLON Benoît RIVILLON 26 mars 2014 14:17

Monsieur ou Madame, 

La teneur de vos réponses me montrent bien pourquoi les victimes de cette dissociété votent FN. Leur représentation du monde, qui semble être la vôtre hélas, est faite de voyous, de profiteurs, de voleurs de systèmes sociaux.

Et les voleurs pour vous, dans votre monde exigu et un tantinet paranoïaque, ce sont toujours les pauvres salariés, comme vous, ou plutôt, que vous croyez extérieurs ou étrangers à vous. Mais l’on vous a dressé à désigner des responsables à tous nos maux. Vous vous trompez. Il est encore temps d’ouvrir les yeux.

Ces dompteurs, qui nous dressent les uns contre les autres, tiennent ce discours par peur que l’on reprenne notre bien commun par une vraie Ré-publique, qu’ils privatisent peu à peu et dont il tirent profit. Ils font de notre monde un enfer mental et relationnel pour nous, car ce sont eux, justement, les premiers voleurs, les premiers assistés, les premiers profiteurs : les puissants, les possédants, les grandes fortunes financières et industrielles. Vous n’avez pas compris ?

Les crédits d’impôt accordés au entreprises coûtent 30 Milliards d’Euros alors que le déficit de l’assurance des professionnels de la culture est de 300 millions d’Euros : 100 fois moins... Alors qui sont les profiteurs ? On plaisante là...

Ils n’offrent aucun emploi ; ça c’est leur vocabulaire. Ils DEMANDENT des compétences pour occuper des postes, dont eux ont besoin, pour leurs profits personnels. C’est ce que vous ne semblez pas comprendre, embué par le discours media-FN de bourrage de crâne à l’œuvre 24h/24. 

Ce sont donc les entreprises qui sont DEMANDEUSES D’EMPLOIS. Pas les salariés. Vous êtes devenus tous bêtes, ou quoi, à regarder TF1 et écouter BFMTV ?

Donc réveillez-vous, ne vous laissez pas endormir par les sirènes.

Je connais le monde du spectacle et des industries culturelles en général depuis 25 ans, et des profiteurs, oui, j’en ai croisés. Deux, qui étaient employées à l’année comme secrétaires de production. Donc, qui n’étaient ni des artistes ni des techniciennes. Leur employeur fraudait. Elles, avaient accepté des conditions sine qua non, bien sûr, à cause de la peur du chômage. Vous comprenez ? Si nous fraudions, nous les vrais professionnels, nous serions immédiatement détectés et, pour un papier manquant sur une centaine, nous sommes de suite radiés. Je ne vous souhaite d’aller à Pôle emploi pendant 22 mois en dehors mes jours travaillés, pour prouver votre bonne foi, comme ça m’est arrivé, et à combien d’autres... Notre assurance n’est pas le paradis que vous décrivez. C’est de l’intérieur un enfer, un mauvais système dont il faudrait s’affranchir par un système plus souple, moins cher et plus solidaire.

Nous sommes à 99% des gens honnêtes et surtout, chose que vous semblez ne pas admettre : nous ne voulons QUE travailler. Disposer d’indemnités d’assurance ne nous intéresse pas. 

Pourtant nous avons autrefois accepté la proposition, du Medef de l’époque, de devenir des « Intermittents du Spectacle », selon leurs termes à eux, c’est à-dire hyper flexibles et hyper-disponibles.

C’est cette hyper-disponibilité qu’ils paient en cotisant. Sinon le prix du travail que nous offrons serait beaucoup plus cher... et ils le savent bien.

Nous assurons leur pérennité économique. II faudrait donc que nous crevions de faim pendant les jours où ils n’ont pas besoin de nos services ? Mais j’ai deux enfants... 

Je ne comprends donc RIEN à ce que vous dites. RIEN.

Posez vous cette question : pourquoi tolérons-nous le chômage de masse ? Cela arrange qui ? Cela ne ferait-il pas pression à la baisse sur l’ensemble des salaires ? 

Il a des systèmes sociaux, en Inde ou en Amérique du Sud où les « profiteurs », comme vous dites, sont ignorés. Dans toute société humaine il y a 15% d’asociaux, chez les fourmis aussi. Elle ne perdent pas d’énergie à les opprimer ou les punir. Elles vont au plus efficace et continuent de travailler en les laissant vivre leur vie.

Et puis, il ne s’agit pas de me « croire », c’est vous qui croyez les balivernes. Les chiffres que je vous ai donnés sont ceux connus de l’INSEE et je ne pense pas que la cour des comptes laisse passer les anomalies que vous sous-entendez. Là aussi, votre esprit suspicieux semble souffrir d’une ignorance crasse. Comme je vous plains... 

« Vous dites : Votre assurance n’en est pas une car elle est utilisée au quotidient, au dépens des souscripteurs honnetes »

Je répète : nous cotisons 2 fois : pendant le travail et pendant les périodes de disponibilités que vous appelez le chômage quotidien. Nous cotisons à la Sécu et à la retraite également sur les assedics. Pas vous. Mais on ne peut pas comparer le régime général et le nôtre. Ce serait idiot. Nous, nous recherchons du travail toute l’année. Vous ne tiendriez pas deux semaines à ce régime. Et puis quoi, vous préféreriez que notre assurance ne servent pas ses destinataires ? Qu’elle aille dans les poches de qui ? C’est absurde encore une fois. C’est justement une vraie assurance par ce qu’elle ne sert pas qu’une fois, en cas « d’accident ». 

Maintenant laissez-moi vous dire ceci : Ce sont vos commentaires qui ne sont pas dignes, eux, ni constructifs. C’est un tissu d’insultes proférés à ma face, et à la face de tous ceux qui font vos films, vos dessins animés, vos spectacles. Je ne vous donne pas le droit de dire que je n’aurais pas de dignité. 

Alors la prochaine fois que vous irez voir un film, ou une pièce de Molière dans un festival : huez, crachez sur les artistes. Vous serez plus en accord avec vous-même plutôt que d’applaudir hypocritement. Car le lendemain de la représentation, ils seront déjà au « chômage, » comme vous dites, ces feignants, ces bons à rien, ces profiteurs ; et c’est la peur au ventre de ne jamais remonter sur scène qu’ils penseront à vous. 

Mais soyez sûr qu’un jour, si vous avez le malheur d’être du mauvais côté de la barricade, moi non plus je n’hésiterai pas à tirer.


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