Fergus,
Le temps, l’argent, la volonté manquent à cette justice.
La formation des Magistrats souffre de lacunes invraisemblables et qui ont des répercussions sur le quotidien de milliers de citoyens.
Beaucoup font leur travail correctement, malgré des contraintes énormes.
Mais beaucoup laissent la place à l’arbitraire, à l’insécurité juridique.
Il n’est pas normal d’avoir une telle distorsion dans les décisions, selon que l’on aura été enrôlé dans tel ou tel cabinet.
Il n’est pas normal d’entendre d’un magistrat qu’un justiciable a fraudé le fisc quand aucune preuve n’est apportée.
Il n’est pas normal d’appliquer des barèmes en matière de pensions alimentaires sans écouter les arguments qui permettraient de s’en affranchir.
Il n’est pas normal de ne pas réviser entièrement un jugement rendu sur base d’éléments qui ont aujourd’hui disparu et de surfer sur le passé pour justifier du présent.
Il n’est pas normal d’avoir un Magistrat qui regarde par la fenêtre pendant que l’avocat plaide.
Il n’est pas normal de dire à un avocat : je sais lire, taisez-vous.
Il n’est pas normal d’avoir des cabinets JAF où 40 dossiers sont à étudier dans la matinée.
Il n’est pas normal d’avoir des décisions rendues des mois après.
Tous les jours, j’ai de nouvelles raisons de déprimer parce que mon métier devient lourd.
Tous les jours, je dois expliquer à mes clients les dysfonctionnements et les appeler à la raison d’un accord plutôt que d’une décision dont je suis de plus en plus incapable de leur en donner un aperçu.
Et au-delà, je lis que les Avocats seraient des salauds, des vendus, des richards jaloux d’un statut qu’ils ont pourtant perdu depuis longtemps.
Ce statut que l’on rogne, ces prérogatives que l’on voudrait confier à d’autres en dépit de l’intérêt du justiciable.
Mon opinion ?
On affame la justice pour se débarrasser de l’avocat empêcheur de tourner en rond et de juger de manière expéditive.
Alors les grandes idées, les idéologies exprimées par des Taubira, je m’en cogne.
Ce qui m’intéresse, c’est ma justice au quotidien, les moyens que l’on met sur la table et l’assurance qu’au travers des réformes, c’est le justiciable qui en sortira grandi.