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Commentaire de Lord WTF !

sur Le Finalisme


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Lord WTF ! Lord WTF ! 7 avril 2014 18:11

 La remarque de Ralph n’est pas simplement jolie : on peut la rapprocher de la pensée d’un Aristote et Sain Thomas d’Aquin concernant l’idée de finalité dans la Nature.

 (Ici, j’écris de mémoire donc l’on me pardonnera les raccourcis et approximations) Le premier (Aristote) lorsque considérant les objections concernant sa proposition que la Nature agirait en vue d’une fin : se réfère à la pluie, qui si elle tombe (existe) ne serait-ce que pour une seule chose : ce serait pour faire croître les récoltes. Pour autant on pourra répondre que la pluie tombera autant sur des grappes de vigne en croissance que d’autres se desséchant : faisant mûrir les unes et pourrir les autres. St Thomas répond que cette objection est erronée puisqu’elle se fonde sur une comparaison entre une cause universelle et un effet particulier. Le cycle de la pluie ne renvoie pas à telle ou telle type de récolte, mais à génération et corruption (altération) en tant que telles : le but paraissant alors être la perpétuation de l’existence/Nature.

 En associant récoltes* et pluie, on se retrouve bloqué : coincé entre le fait de savoir que la pluie est essentielle à la croissance des récoltes tout en sachant dans le même temps qu’il n’existe pas de relations directes entre phénomène pluie et telle ou telle récolte particulière. En adoptant une perspective universelle du cycle hydrologique : n’importe quelle récolte, voir même l’ensemble des récoltes n’apparaissent que par chance (aléatoire) : la pluie continuera de tomber : récoltes ou pas, que le résultat soit croissance ou pourrissement.

 * récoltes peut être remplacé par végétaux

 Maintenant concernant la pastèque, la fleur, etc…la position dominante dans le paradigme naturaliste est la suivante : il n’existe aucun dessein ni dessin dans la nature : toutes les caractéristiques exhibant quelque forme de finalité, de propos ou fonction sont observateur-dépendantes : et les seuls observateurs connus sont eux-mêmes des rejetons de cette mécanique évolutive : seules agissent les forces naturelles : aveugles, brutes et sans aucun propos. Il n’existe aucun propos/finalité intrinsèque que ce soit en matière d’origine ou de survie des entités biologiques.

 Si vous adoptez l’idée de finalisme (stratégie X propre à une entité Y) : vous devez alors considérer qu’il relève de l’intrinsèque : étant propre à la pastèque ou à la fleur sus-citée : c’est là une position marginale voir hérétique dans la famille naturaliste.

 Ce n’est que pour l’observateur que vous êtes que la pastèque exploserait pour disséminer ses graines, la fleur se ferait belle pour attirer les insectes, etc… d’un point de vue naturaliste orthodoxe : la pastèque explose parce qu’elle explose, la fleur a des couleurs parce qu’elle a des couleurs, tout comme la pluie tombe parce qu’elle tombe…Il n’y aucune « explication » à cela (autre que la description physique des mécanismes liés) : les fonctions ou « comportements » ne sont pas intrinsèques aux phénomènes physiques mais assignés par des observateurs conscients.

 Même en introduisant ce concept votre de « finalisme » sans l’associer à intelligence : vous êtes en infraction avec le modèle naturaliste (et particulièrement le modèle matérialiste) : puisque dans vos exemples : si vous pouvez vous passer d’intelligence, vous supposez néanmoins « intention » ergo un propos, une direction, un but, etc… (stratégie avec finalité objective) à des objets physiques/configurations matérielles : ce qui est rigoureusement exclu du matérialisme et naturalisme orthodoxe : les objets/phénomènes physiques n’ont ni intention, propos, but, etc… seuls lois physiques et « hasard » opèrent : le mécanisme de l’explosion pastèquaire n’est donc que cela : un mécanisme étant apparu au hasard au cours de l’évolution de la lignée génétique « pastèque » : il n’est pas utile en soi, ni n’est un atout : il est apparu, il aurait pu ne pas apparaître : il a survécu parce que les pastèques explosives ont survécu…

 Quant à votre conclusion :

 C’est le début d’une finalité au sein de l’univers.

 Il n’y a aucune raison de dissocier l’univers des parties qui le formeraient : si le vivant est finaliste, qu’il l’est par essence : alors l’univers l’est (potentiellement) aussi par conséquence : le vivant n’existe pas en dehors de l’univers : le vivant est composé des mêmes atomes que le reste des objets physiques peuplant l’univers : en quoi les atomes composant une entité vivante se distingueraient-ils des autres objets physiques ? en quoi les mécanismes du vivant se distingueraient-ils des autres mécanismes physiques ?

 Et donc, en employant « par essence » : vous introduisez une distinction essentielle entre vivant et inerte : ce n’est pas un hasard si de telles positions sont rejetées EN BLOC par les paradigmes naturalisme/matérialisme (j’ai récemment lu un article niant l’existence même du vivant autrement que sous la forme d’un concept produit par l’illusion de conscience générée par les aléas stochastiques des variations de potentiel dans les réseaux neuronaux : un chef d’oeuvre de pensée matérialiste/scientiste) : 

votre « finalisme » est donc une sorte de Cheval de Troie : puisque pour le justifier, vous devez recourir à un concept (lequel d’ailleurs ? La Vie ?) ne relevant pas des lois physiques mais de la métaphysique…

 A titre de précision, ici je ne me suis fait que l’avocat du Diable…n’étant pas matérialiste.

 

 


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