Manifester contre le droit des autres que ce soit à propos du
mariage ou de l’euthanasie n’est pas digne de la part de démocrates.
Je réitère ce que j’ai déjà dit : il ne s’agit pas de manifester contre le droit des autres, mais contre un droit qui sera donné à chacun. Le mariage n’était pas interdit aux homosexuels avant la loi sur le mariage pour tous, il était simplement défini comme l’union d’un homme et d’une femme. Un homme ne pouvait pas se marier avec un homme tout simplement parce que la définition même mariage l’en empêchait. La question du mariage gay a été la redéfinition du mariage, et non l’extension d’un droit dont une catégorie de la population était privée, contrairement à ce qu’on a essayé de nous faire croire.
Mais au-delà de cette question, car je ne voudrais pas relancer ici le débat sur le mariage gay, je ferai remarquer que les lois ne se réduisent pas aux commodités pratiques qu’elles permettent. Elles sont également le reflet de la manière dont la société considère l’être humain, en particulier les lois qui touchent à la mort, à la vie et à la procréation. Il ne faut donc pas s’étonner que ces sujets soient épineux et que des gens soient contre le mariage gay même s’ils n’ont rien contre le fait que des homosexuels vivent ensemble.
Pour invalider ce paradoxe de la croyance, il faudrait aussi
intégrer les animistes, les scientologues, les taoïstes.... et les
cultes éteints qui tous croyaient être détenteurs de la vérité.
Les animistes et les taoïstes ne se présentaient pas comme des détenteurs de vérité. Cependant, j’intègre volontiers le taoïsme et l’hindouisme dans les religions valables, en tant qu’elles sont conformes à un certain filon traditionnel. En revanche je connais mal l’animisme et je ne porterai pas de jugement dessus.
Quant à la scientologie, il me paraît clair qu’il s’agit d’un charlatanisme.
Et
pourquoi rejeter la croyance dans les idoles par rapport à la votre, sur
quelle base ?
Sur la base de la raison. On peut lire Aristote pour savoir que nous faisons toute chose en vue d’un bien, et que dans ces choses c’est le Bien qu’on recherche à travers elles. C’est donc que nous admettons implicitement qu’il existe un Bien dont participent les choses créées. L’idolâtrie consiste à ne rechercher plus que la chose pour elle-même, et à oublier le bien qui motive nos actions : c’est irrationnel.
je vous rappelle que les religions s’entre-tuent encore tous les jours.
Non. Il n’y a pas d’exemple de guerres de religion chimiquement pures, où les motivations politiques, économiques, territoriales, ethniques n’interviennent pas également. En réalité, la religion est dans ces cas-là utilisée comme un prétexte pour exciter les foules et donner à la population le sentiment que de l’issue du conflit auquel on les prépare dépend l’avenir de la chose qui leur est le plus cher.
Et surtout, n’ont pas les mêmes morales, pas la même vision du
bien et du mal, ne sont pas d’accord sur le Christ, sur le Diable, sur
la vie après la mort... ça fait beaucoup !
Ça fait effectivement beaucoup de choses, et je ne nie pas cela. Mais les grandes religions traditionnelles conservent néanmoins entre elles des similitudes fortes en ce sens qu’elles s’opposent radicalement, et de la même manière, à l’athéisme. Je ne résiste pas à citer ce passage de La Crise du monde moderne de René Guénon :
"Un des caractères particuliers du monde moderne, c’est la scission qu’on
y remarque entre l’Orient et l’Occident. Il peut y avoir une sorte
d’équivalence entre des civilisations de formes très différentes, dès
lors qu’elles reposent toutes sur les mêmes principes fondamentaux, dont
elles représentent seulement des applications conditionnées par des
circonstances variées. Tel est le cas de toutes les civilisations que
nous pouvons appeler normales, ou encore traditionnelles ; il n’y a
entre elles aucune opposition essentielle, et les divergences, s’il en
existe, ne sont qu’extérieures et superficielles. Par contre, une
civilisation qui ne reconnaît aucun principe supérieur, qui n’est même
fondée en réalité que sur une négation des principes, est par là même
dépourvue de tout moyen d’entente avec les autres, car cette entente,
pour être vraiment profonde et efficace, ne peut s’établir que par en
haut, c’est-à-dire précisément par ce qui manque à cette civilisation
anormale et déviée. Dans l’état présent du monde, nous avons donc, d’un
côté, toutes les civilisations qui sont demeurées fidèles à l’esprit
traditionnel, et qui sont les civilisations orientales, et, de l’autre,
une civilisation proprement antitraditionnelle, qui est la civilisation
occidentale moderne."