Donc pour vous, le rôle de la religion c’est de souder une communauté. Peu importe le contenu précis de cette religion à condition qu’elle arrive à ce but. On aurait même pu se passer de la « révélation » si on avait pu aboutir à un consensus autrement. Et en fait peu importe qu’il y ait eu révélation ou pas si ce n’est qu’affirmer qu’il y a eu révélation permet d’arriver à ce but de la religion plus facilement. Peu importe ce que dit le coran que personne n’a jamais compris, un peu comme s’il n’avait pas été écrit en arabe, à condition que tout le monde se mette d’accord sur une interprétation et que cette interprétation soude la communauté.
C’est le point de vue de Girard, dans « La violence et le sacré » et « Des choses cachées depuis la fondation du monde ». Il « montre » (cela reste purement spéculatif) comment les religions primitives ont rempli ce rôle spontanément dans de petits groupes humains à l’aube de l’hominisation. Il montre aussi comment ces religions n’arrivent plus à remplir cette fonction dès que la société évolue et que les gens prennent peu à peu conscience du fait religieux. Un peu comme le placebo qui peut très bien guérir un malade de n’importe quelle maladie — à condition que le malade ne sache pas qu’il s’agit d’un placebo. Croyez-vous vraiment que l’islam soude les sociétés islamiques de nos jours ?
Maintenant, je note une contradiction dans ce que vous dites. Si ce qui importe dans une religion est la vérité qui se forme par consensus, qu’est-ce qui peut bien vous déranger si les chrétiens en sont arrivés à définir cette algèbre interne qu’ils appellent trinité ?