En préambule, je dirai que je suis assez d’accord avec le fond de l’article, mais comme le souligne Machiavel, je crois qu’il y a pas mal d’approximations, notamment au niveau des exemples, qui mettent en exergue des problématiques au lieu ne n’apparaitre que comme des épiphénomènes rarissimes, donc pas forcément significatifs de quoi que ce soit.
Par ailleurs, tandis que les propos se veulent généralistes, ils se concentrent sur une population musulmane ou banlieusarde qui, de fait, elle, est mise en avant.
Sur le caractère massivement antisémite de la banlieue... j’émets pas mal de réserve, dans le sens où je connais pas mal de gens hors banlieues qui sont antisémites (« de toute façon, ce sont tous les mêmes »). Je ne suis pas sûr que l’antisémitisme soit consubstantielle d’un terreau banlieusard ou musulman. Je parle bien ici d’antisémitisme (« les juifs sont ceci ou cela », et pas de critique politique de la politique israélienne.)
Sur le caractère influençable de ces jeunes, je crois aussi que c’est une fausse vraie idée, car ce serait considéré que ces jeunes là, de fait, sont idiots, et incapables d’avoir leurs propres raisonnements. Comme tout à chacun, ils se forgent un système de représentation et des croyances qui, un jour, deviennent performatives ou pas (=qui en arrivent à agir). Ce qui m’amène à penser que le problème des « banlieusards », des « musulmans », mais aussi des « petits patrons », des « profs »... bref, de toute catégorie sociale caractérisable, c’est celui de l’impuissance politique. Politique au sens d’avoir une action réelle sur la cité, i.e. les règles qui nous régissent. Ce sont des problématiques de pouvoir démocratique.
Penser qu’ils sont influençables, c’est accepter de les considérer comme des gens à éduquer, c’est les faire objets politiques, et c’est la même chose que JE ressens, moi, petit blanc athée lettré, lorsqu’un homme politique me dit que j’ai mal voté parce que j’avais mal compris et que, comme il est gentil, il va mieux m’expliquer.
De plus en plus, chacun se rend compte que les institutions sont irréformables, non par manque d’idées ou d’envies (voir toutes les « initiatives citoyennes » et manifestations sans effets), mais parce que les institutionnels ne souhaitent pas remettre en cause leur pouvoir. Nous sommes dans un système « charitable », qui gère et éventuellement aide les individus « à leur place », plutôt que de les considérer comme des agissants potentiels (supprimant la valeur ajoutée, et donc l’existence même des gestionnaires).
A titre d’exemple, pour fréquenter des assos dans des « quartiers sensibles », je me rends comptes que ceux qui gèrent ces assos sont tous blancs et cultivés, qui habitent ailleurs que le quartier, et ne délèguent jamais le pouvoir de faire à la population, ou alors à la marge.
Le pouvoir réel, le rapport à l’institution (ici, la mairie), c’est toujours pour les gestionnaires. Et comme ils sont subventionnés par la mairie, et que leur existence dépend de ces fonds, ils ne se donnent aucun pouvoir de contestation, et ne formulent pas l’expression politique de la contestation de la population du quartier : ce serait se mettre en danger ! Et souvent, parce que ces gestionnaires sont mal payés, pétris d’idéaux et qu’ils ne comptent pas leurs heures, ils croient qu’ils aident, tandis qu’ils fondent le terreau, non de la violence ou du communautarisme, mais de l’impuissance.
Dès lors, sans alternatives performatives, cette impuissance se fait jour, et la performation n’est qu’un moyen de retrouver de la puissance politique par l’action, qui peut trouver une ouverture dans l’action entre pairs, c’est à dire en communanutés auto-caractérisables et stéréotypiques.
Ma conclusion : si la banlieue peut être considérée comme un ensemble de problématiques (architecturale, sociale, géographique, communautaire,...), celle ci est surtout contenue dans la problématique très actuelle de la bonne gestion du débat démocratique, ce que nos institutions ne permettent pas.