La culture de banlieue et ses influences sur la désaffiliation sociale
Beaucoup de personnes imaginent que seule la pauvreté devrait être tenue pour responsable du niveau de violence que l’on peut retrouver dans les banlieue française amenant à une non-intégration de ses habitants. Seulement, elle ne saurait en être tenue pour le seul facteur et il est alors aisé de se demander si ce n’est pas la non-intégration en elle-même qui serait préalable aux facteurs de pauvreté et de délinquance.
Dans la majorité des quartiers défavorisés, une part importante de la population se regroupant est originaire de pays différents avec une culture différente, en l’occurrence il s’agit souvent d’une culture nord-africaine, musulmane, et parfois de langue arabe qui se retrouve alors en France créatrice de lien social. Pour mesurer l’importance de ces liens directement importés, il suffit de mesurer le niveau d'antisémitisme des jeunes de banlieue dangereusement élevé comme a pu nous le révéler l’affaire Mohammed Merah. Les enfants de quartiers sensibles ne naissant pas avec des gènes qui de façon innée les pousseraient à échouer dans leurs études, devenir antisémite ou délinquant, on peut alors se demander pourquoi la difficulté de leur intégration reste pourtant une réalité objective.
Un manque de repère. On peut le voir dans le cadre de l'adoption. Vous avez très probablement rencontré des personnes d'origine africaine et pourtant très bien intégrée socialement. Vous avez aussi probablement remarqué que bien souvent soit ces personnes ont des parents français depuis plusieurs générations, soit elles ont été élevé à la campagne sans possibilité de retrouver des proches de leur origine ou soit elles n'ont pas été élevé dans leur contexte d'origine. On peut notamment prendre l'exemple de Steve Jobs, né d’un père Syrien adopté par des parents américains, qui aurait alors sûrement été plus susceptible de devenir membre de l'armée syrienne voire d'Al-Qaïda plutôt que de créer Apple s’il avait grandi dans un orphelinat de Homs.
Toutes les études psychologiques ont montré que nous ne commettons pas des actes en fonction de ce que nous sommes, mais plutôt que nous devenons ce que nous faisons en fonction de nos expériences aléatoires. Par exemple, si une personne aide un inconnu dans la rue, ce n’est pas du tout parce que c’est dans sa nature d’être serviable, mais simplement parce que toutes les expériences qu’elle aura subie dans sa vie jusque là l’auront poussé à être serviable. Avant de faire une bonne action, demandez-vous toujours tout ce que qui a pu vous pousser à commettre cette bonne action. Un enfant a tendance à devenir l’image que l’on a de lui. C’est ainsi qu’un enfant toujours valorisé durant son enfance pour ses moindres petites réussites ne pourra que réussir sa vie d’adulte et inversement un enfant toujours dévalorisé (que ce soit par le regard de ses parents ou le regard implicite que la société porte sur lui) aura tendance à se conformer sans s’en rendre compte à l’image négative que les autres et la société ont déjà de lui-même et échouera.
Comme nous avons pu le voir dans le cadre de la manif pour tous, beaucoup de parents (souvent aisés) considèrent que ce n'est pas le rôle de l'école d'éduquer moralement les enfants de la république. Or ce n’est pas prendre en compte le fait que beaucoup de parents (souvent pauvres) n'aient tout simplement pas la capacité d'élever leurs enfants. Faute de repères à l’école ou au sein de leur famille, ces enfants n’ont alors d’autre choix pour s’intégrer que d’adopter par conformisme cette culture de banlieue qui peut être violente, misogyne, antisémite et homophobe. A l’exemple du brillant téléfilm « Fracture » sorti en 2010, ces jeunes qui peuvent pourtant être très intelligent et travailleurs, une fois être entrés par hasard dans le cycle de la délinquance n’auront souvent plus jamais la possibilité de revenir sur le chemin de la réussite scolaire et des valeurs républicaines. C’est alors qu’ils se sentiront au fur et à mesure qu’ils grandiront de plus en plus dévalorisés par la société dont ils pourront finir par totalement s’exclure pour rejoindre le djihad ou autres catalyseur de misère ; alors qu’il aurait parfois pu suffire de quelques repères supplémentaires pour autoriser à ces enfants d’avoir des rêves et pourquoi pas de devenir les inventeurs d’une nouvelle multinationale comme Apple.
Dans les zones sensibles et même parfois jusque dans les campagnes, les jeunes venant de pays différents se retrouvent souvent ensemble ; accru par l'effet du communautarisme, les jeunes algériens, marocains ou tchétchène se retrouvent tous ensemble entassés dans des quartiers populaires à soutenir les équipes de foot de leur pays d’origine avec la télévision câblée, sans réel contact avec la culture française. Et il n’existe actuellement aucun réel moyen d'échapper à ce communautarisme étant donné que même les campagnes retracent désormais ce schéma communautaire à moins grande échelle.
Comme nous avons pu le voir avec l'affaire des jeunes toulousains partis faire le jihad en Syrie, ceux-ci venant déjà du même lycée se sont lié d’amitié par le simple fait de partager une même religion plutôt que de préférer s'intégrer indifféremment en fonction de leur affinités personnelles avec les autres élèves de leur établissement. On peut conclure que l’islam est certainement le plus grand créateur de lien sociaux dans les cités, notamment grâce aux mosquées. Pour se rendre compte de son influence, prenons l’exemple d’un lycée de campagne. La plupart des élèves de confession musulmane se regroupent en cercle, en communauté (parfois à remuer leur haine de la France ou des juifs), sans vraiment s’intégrer aux autres élèves. Inversement, les élèves d’origine subsaharienne non musulman ne forment généralement aucun repli identitaire, ceux-ci sont parfaitement intégrés socialement à la vie du lycée et peuvent se lier à n’importe quel élève sans se soucier de leurs origines. Avec une étude comparative de l’histoire de l’intégration des afro-américain aux Etats-Unis, on se rend compte que cette socialisation réussi n’aurait probablement pas été possible jusque dans les années 80 et peut s’expliquer principalement par une lutte accrue contre le racisme qui a permis aux élèves noirs de se sentir intégrer à la société ainsi qu’aux élèves blancs de ne pas avoir peur de se mélanger.
Le phénomène de repli identitaire, exacerbé dans les banlieues par l’islamophobie implicite qui s’y engouffre très bien (à la manière de l’homophobie implicite dans les milieux chrétiens conservateurs), recrée la culture des pays d'origine des différents habitants, à tel point que les nouvelles familles française depuis des générations s'installant dans les banlieues adoptent sans s’en rendre compte un mode de vie plutôt nord-africain. Par ce phénomène d'assimilation, on peut remarquer que le taux d'antisémitisme ou d'homophobie par exemple parmi de jeunes blancs de banlieue non musulman est aujourd'hui presque identique à celui que l'on pourrait trouver parmi un bon nombre de musulman au Maghreb.
Un des moyens que l'on pourrait retenir contre ce communautarisme serait donc de lutter plus expressément contre les discriminations et la musulmanophobie (à la manière du racisme), il serait alors judicieux de remplacer le terme islamophobie par musulmanophobie (à la manière de l’antisémitisme), pour empêcher aux personnes musulmanes de se sentir ostracisé par une simple critique de l’islam. De la même manière qu’a permis la lutte contre le racisme aux personnes noirs non musulmane de s’intégrer socialement, la lutte contre les discriminations et la musulmanophobie permettrait par exemple dans les établissements scolaires, de pousser d'avantage les élèves intégrés socialement à se mélangé à d'autre personnes moins intégrés et/ou de culture différentes. (Beaucoup de parents étant effrayé à tort ou à raison à l'idée que leur enfant puisse avoir pour amis ces personnes non intégrées à la culture française traditionnel, ceux-ci transmettent leurs peurs à leurs enfants qui auront alors tendance à ostraciser à leur tour toutes formes de différence, empêchant ainsi à ces différences de s’estomper). Il serait aussi nécessaire de créer un réel programme de lutte contre les discriminations dès la primaire auxquelles faire directement participer les élèves avec des test contre l’intolérance et des questions portant sur tous types de discriminations. Il serait également utile de condamner certains rappeurs français (faisant notamment passer les médias et les classes dirigeantes pour « de dangereux pédophiles juifs ») considérés comme des pères et des modèles dans les banlieue par ces jeunes enfants et adolescent en manque de repère. Interdire réellement les imams ayant des propos radicaux, et enfin interdire aux mineurs (ou couper totalement) l’accès depuis la France aux sites Internet d’embrigadement jihadiste ou antisémite pour éviter à ces jeunes influençables de retrouver sur Internet puis d’importer les pires formes d’intégrismes depuis des sites français ou étrangers qui maintiennent en quelque sorte voir fabrique cette sous culture de banlieue qui ne permet pas d’en sortir.
Une autre solution cumulable pourrait consister à supprimer toutes formes de distinctions religieuses dans les écoles, la laïcité ne permettant que de limiter certaines formes de discrimination sans rendre les élèves égaux du point de vue religieux. Il faut inciter les élèves à privilégier le vivre ensemble et ce qui rassemble plutôt que ce qui ressemble. Dans n'importe quel établissement public, n'importe quel élève serait par exemple capable de distinguer dans sa classe qui est chrétien ou musulman, et qui ne l'est pas. Notamment au moment de la cantine ou les élèves musulmans se voit obligé de demander entouré de leurs camarades si un plat contient où non du porc. De plus, toutes les polémiques sur le halal instrumentalisée par les médias et politiques ne font qu'accroître le repli identitaire des différentes catégories socioculturelles. Il serait alors envisageable de créer dans les écoles une réelle neutralité religieuse, c'est à dire ne plus permettre à aucun élève de laisser transparaître la foi que ses parents lui ont implicitement imposée. L’islam étant la religion de près de 5 millions de personnes en France, il est donc urgent de facilité l’intégration de ces près de 10% de la population. Certaines des ces mesures de neutralité religieuse pourraient consister dans les écoles et universités, à interdire le port de tout signe qui pourrait faire suspecter une appartenance à un groupe religieux, interdire aux accompagnatrices d’être voilées lors des sorties scolaire, faire la promotion de la neutralité religieuse dans les écoles, ou plus paradoxalement à privilégier des viandes halal ou d’autres viandes à la viande de porc dans les cantines. Ces mesures pourraient également se limiter aux établissements sensibles situés en zone d’éducation prioritaire (ZEP). Enfin il serait aussi envisageable de rendre tous les établissements privés sous contrat avec l’État laïques pour favoriser l’universalisme républicain.
Malheureusement, sans réelle prise de conscience de l’opinion, ces démarches pragmatiques visant à empêcher la rupture du lien social ne sont pas prête de voir le jour. Les questions d’intégration ne pouvant jusqu’à présent produire au niveau politique que des débats populistes ostracisant davantage les minorités.
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