L’alerte antifasciste : décryptage d’une manipulation
L’alerte
(pseudo)-antifasciste s’apparente à une chasse aux sorcières
maccarthyste, déguisée en combat contre le racisme. Elle est menée par
quelques publications aux méthodes insidieuses et bien rodées (voir
la propagande néoconservatrice déguisée en gauche progressiste).
Derrière une façade pétrie d’idéaux et de symbolique d’inspiration
libertaire, il s’agit pourtant bien d’outils de propagande
néoconservatrice, donc raciste et guerrière.
Le
procédé utilisé par de faux antifascistes mais vrais néoconservateurs
est simple : une campagne médiatique haineuse contre une personne ou un
groupe, avec pour seuls arguments l‘amalgame, l’insinuation et le
procès. Par le biais d’un tract ou d’un article infamant, ces soi-disant
défenseurs des libertés tentent, par exemple, de faire annuler une
conférence si elle sort de la ligne éditoriale des néoconservateurs.
Exemples d’alertes : « Alerte antifasciste paris.indymedia » ou encore « Alerte antifasciste Rebellyon.info »
Les
personnes décriées, intimidées, diabolisées, ont pour seul point commun
la contestation du leadership étasunien sur le reste du monde, et de
la politique d’apartheid et de spoliation du gouvernement israélien
contre le peuple palestinien. Nous retrouvons constamment les mêmes
cibles : des gens de gauche, de droite et d’extrême droite,
systématiquement assimilés sans distinction. Par ailleurs, l’extrême
droite y représente un point d’ancrage argumentaire permanent, signe
d’une manipulation évidente également en usage dans les rangs des
réseaux néocons comme nous allons le voir.
Une source néoconservatrice commune à ces pseudo alertes antifascistes
A la source des alertes, nous retrouvons généralement le blog administré par Rudy Reichstadt « Conspiracy
Watch », le doigt inquisiteur qui sert de grille de lecture à
l’ensemble des protagonistes de la galaxie néocons. Pour le contenu de
leurs alertes, nos petites frappes rééditent en permanence le même
papier et si la démarche n’était pas aussi perverse, nous pourrions
parler de « comique de répétition ».
Trois marqueurs révélateurs de l’idéologie contenue dans la pseudo alerte antifa
1- Parmi les dossiers antimusulmans, Rudy Reichstadt cite 22 fois le MEMRI,
l’officine de propagande néoconservatrice, considérée par beaucoup de
médias de gauche américains comme l’usine à fabriquer du consentement
occidental aux guerres pétrolifères, et de l’islamophobie. Rappelons que
l’on retrouve au sein du MEMRI des acteurs décisionnels de la
gouvernance G.W. Bush (dossier completici). Dans son utilisation du MEMRI, Rudy Reichstadt se paie même le luxe de battre le site d’extrême droite Riposte Laïque, qui pourtant n’est pas avare dans le domaine de la haine antimusulman.
2- La recherche « Pierre-André Taguieff »
sur le moteur de recherche du site Conspiracy Watch donne 69 résultats.
Or, Monsieur Taguieff était un théoricien zélé du Cercle de l’Oratoire,
groupuscule intellectuel omniprésent dans les médias français pour vous
faire avaler la pilule des guerres bushiennes en Afghanistan et en
Irak, grâce à l’image d’intellectuel de gauche de certains de leurs
membres. Pendant de longues années et jusqu’il y a encore quelques mois,
Monsieur Taguieff était administrateur du site d’extrême droite
Dreuz.info (dont les auteurs affichent une islamophobie décomplexée), et
bien entendu le MEMRI représente aussi une source de premier choix pour Dreuz.
3- Palestinian Media Watch,
l’autre site de propagande antimusulmane, est géré par Itamar Marcus,
un israélien qui vit dans une colonie d’Efrat en Cisjordanie située en
territoire palestinien, en violation du droit international.
Jusqu’à récemment, Itamar Marcus occupait le poste de vice-président de
la Caisse Centrale d’Israël (Central Fund of Israël), une ONG de droite
basée à New York, en réalité en charge du financement des groupuscules
colons israéliens les plus violents. Ces dernières années, Itamar Marcus
est l’auteur de nombreux rapports douteux, censés documenter une
agressivité palestinienne à l’égard d’Israël. Ces rapports témoignent
d’une diabolisation dans le but d’empêcher la création d’un Etat
palestinien.
Palestinian Media Watch est présent deux fois sur Conspiracy Watch, et exploité à l’extrême par Dreuz,
la continuité idéologique du site de Rudy Reichstadt. Mais la palme
revient au site du CRIF qui se réfère abondamment à Palestinian Media
Watch. Il n’y a donc rien de très surprenant de voir cette agence être
soutenue par le CRIF,
qui visiblement n’est pas très regardant sur l’origine de ses sources
et détient, selon toute vraisemblance, le record français absolu pour la
diffusion des dépêches du MEMRI(22 pages d’articles). Il n’est pas non plus surprenant de retrouver sur le site du CRIF Pierre
André Taguieff via Dreuz, pris en flagrant délit d’insulte à la mémoire
de Stéphane Hessel, sans que ce média ne soit rappelé à l’ordre par les
autorités compétentes, ni dénoncé par la moindre alerte antifasciste.