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Commentaire de Roungalashinga

sur Valls redemande de l'eau bénite !


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Rounga Roungalashinga 2 mai 2014 16:59

njama et CHALOT,
Vous savez, il n’y a pas si longtemps de cela, je serais monté au créneau comme vous pour affirmer avec assurance que la laïcité n’est pas l’anti-religion. C’est que, comme dans tout contrat qu’on signe avec le diable, on ne voit rien à redire lorsqu’on en lit les termes, mais on en constate les vices quand ceux-là entrent en application. Aujourd’hui on présente avec complaisance la laïcité comme un régime d’équilibre parfait entre liberté religieuse et liberté politique, mais quand on fouille l’histoire et qu’on s’intéresse à l’idéologie des personnes qui ont mis cette chose en place, on y lit en toutes lettres qu’il s’agissait bien d’une « guerre d’extermination contre l’Église catholique ».
J’ai à ce sujet été peut-être imprécis, et j’aurais dû dire que la laïcité est de l’anti-catholicisme, de même qu’elle est un anti-islamisme. Car en effet elle s’accommode très bien des religions temporalisées, comme le protestantisme ou le judaïsme. La laïcité est la religion de la franc-maçonnerie, qui est l’un des acteurs de la lutte de la Terre contre le Ciel. Il s’agit pour elle de supprimer de la surface de la planète les intermédiaires entre Dieu et les hommes, pour livrer l’humanité à son orgueil et lui donner l’espoir de parvenir à sa perfection par ses propres forces, uniquement par les moyens qu’elle trouve dan sa propre nature. En cela, vous avez entièrement raison de définir la laïcité comme le fait de se passer de clergé. Or c’est bien là le contenu propre de la religion catholique, qui proclame que l’Homme ne peut s’accomplir pleinement que par la transfiguration à travers le Christ, dont le corps ressuscité est l’Église. La laïcité a donc bien pour objectif de vider de son contenu le catholicisme, en en faisant une religion personnelle, qui se pratique « dans la sphère privée », ce qui est tout le contraire de ce à quoi le catholicisme prétend. Je précise qu’il en est de même de l’islam, pour d’autres raisons que je ne développerai pas.
Quoi qu’il en soit, il faudra bien revenir un jour sur cette laïcité. Elle avait été la solution libérale aux problèmes de guerres civiles de religion, mais nous voyons bien aujourd’hui qu’elle ne tient plus ce rôle, et qu’elle exacerbe les tensions plutôt qu’elle ne les calme. Comme les billets de banque distribués par le Diable dans Le Maître et Marguerite sur lesquels les spectateurs du théâtre se ruent, et s’aperçoivent le lendemain qu’ils se sont changés en papiers blancs sans valeur, la laïcité est un fruit qui a pourri dans nos mains et qui, après avoir « éteint des étoiles dans le ciel qui ne se rallumeront plus », commence aussi à empuantir l’atmosphère sur terre, alors qu’elle avait été adoptée dans un but inverse.
Les solutions alternatives existent. Être contre la laïcité ne signifie pas être contre la séparation de l’Église et de l’État, qui a bien été signifiée par Jésus-Christ. La bulle Unam Sanctam de Boniface VIII présente les grandes lignes d’un projet intéressant. On peut également imaginer une société où plusieurs religions cohabitent, mais où la tolérance serait abandonnée au profit de la controverse : les différentes religions, qui auraient une existence officielle, pourraient initier des débats entre elles sur leurs points de doctrine. Il paraît qu’un livre est sorti récemment pour défendre cette proposition, je ne l’ai pas lu.


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