« Dirigeants, hommes d’affaires et chefs des médias occidentaux
s’interrogent avec inquiétude sur la voie que suit la Russie
contemporaine. »
Plus qu’inquiets, je les
vois exaspérés, parce que Poutine refuse, avec superbe, de se couler dans le moule
de l’abject Nouvel Ordre Mondial. Et, à ce titre, il est peut-être notre ultime espoir.
« La tendance à créer une vaste union de peuples soumis à un
pouvoir central découlait de l’organisation étatique russe préservée par
la Révolution. »
Personnellement, je
rapproche cette remarque de ce que Gustave Le Bon* écrivait, en 1895, de
l’héritage monarchique de la révolution française :
« Rien
assurément, si l’on ne s’en tient qu’aux apparences, n’est plus différent de
l’ancien régime que celui créé par notre grande Révolution. En réalité
pourtant, et sans s’en douter certes, elle n’a fait que continuer la tradition
royale, en achevant l’œuvre de centralisation commencée par la monarchie depuis
quelques siècles. Si Louis XIII et Louis XIV sortaient de leurs tombes pour
juger l’œuvre de la
Révolution, ils blâmeraient sans doute quelques-unes des
violences qui ont accompagné sa réalisation, mais ils la considéreraient comme
rigoureusement conforme à leurs traditions et à leur programme et
reconnaîtraient qu’un ministre chargé par eux d’exécuter ce programme n’eût pas
mieux réussi. Ils diraient que le moins révolutionnaire des gouvernements que la
France a connus
fut précisément celui de la
Révolution. Ils constateraient,
en outre, que, depuis un siècle, aucun des régimes divers qui se sont succédé
en France n’a essayé de toucher à cette œuvre, tant elle est bien le fruit
d’une évolution régulière, la continuation de l’idéal monarchique et
l’expression du génie de la race. »
Et
je me dis qu’à son tour, Vladimir Poutine est, lui aussi, dans la perpétuation
de l’expression du génie de la race (russe, bien sûr).
On
peut nier l’identité des peuples, comme font les universalistes, mais il y a
toujours un moment où elle leur revient en retour dans la tronche 
*
C’est aussi lui qui écrivait, en... 1918 (!) : « Les futures
tentatives d’hégémonie industrielle de l’Allemagne seront aussi redoutables que
son rêve d’hégémonie militaire. »