Naomi Oreskes est historienne des sciences et professeur à l’université
de Harvard.
Erik M. Conway est historien à la Nasa. Il y étudie les interactions
entre les politiques nationales, la recherche scientifique et les mutations
technologiques.
A la rentrée 2013, les deux auteurs publient un article dans le
prestigieux journal du MIT, Daedalus. Devant le retentissement provoqué par la
thèse qu’ils défendent et l’angle choisi pour l’exposer, ils étoffent leur
texte pour commettre ce qui s’avère être un essai vif et brillant, qui se veut
coup de semonce et livre d’alerte sur l’avenir même de notre civilisation.
« L’effondrement de la civilisation occidentale » , publié en
langue française le 30 avril 2014, édition LLL Les Liens qui Libèrent, 13,90 euros.
http://www.placedeslibraires.fr/detaillivre.php?gencod=9791020901033
Deux des plus grands
intellectuels aux U.S.A. se posent dans cet essai de prospective la question
suivante : pourquoi restons-nous inactifs, alors que nous disposons
d’informations scientifiques robustes sur le changement climatique et que nous
savons quels terribles événements vont suivre ?
Nous sommes en 2093,
avènement de l’ "Age de la
Pénombre", et les deux historiens futurs se retournent sur leur passé -
qui est notre présent et notre avenir (possible). Tout avait pourtant bien
commencé avec la création du GIEC en 1988. Mais rapidement le « déni »
se répand en faisant valoir l’incertitude des données scientifiques. Les effets
du changement climatique s’intensifient, et en 2023, l’année de l’ « été perpétuel », il y a 500 000
morts et 500 milliards de dollars de perte.
La frénésie pour les
énergies fossiles amène les dirigeants à saisir les notes scientifiques sur la
fuite de pétrole Bp en 2011. Puis la loi dite de "négation de la hausse du niveau de la
mer" est adoptée par certains états. Mais rien n’y fait. La nature se
déchaine sans que les mesures nécessaires ne soient prises.
Pendant l’été 2041, des
vagues de chaleur sans précédent détruisent les récoltes. Panique, émeutes,
migration de masse, hausse explosive des populations d’insectes, épidémies.
L’ordre social s’effondre dans les années 2050 et les gouvernants, acquis à
l’idéologie néolibérale, se retrouvent désarmés devant la nécessité d’une
intervention massive de l’Etat...
En imaginant la situation
vers laquelle l’humanité s’oriente si rien n’est fait, les auteurs démontrent
magistralement le double piège dans lesquels la civilisation occidentale est en
train de tomber. Deux idéologies inhibantes dominent : le positivisme et le
fondamentalisme de marché. Quand les effets du Grand Effondrement se sont fait
sentir, les démocraties n’ont d’abord pas voulu, puis pas pu faire face à la
crise, se trouvant dénuées de l’infrastructure et de la capacité
organisationnelle pour lutter.
Foisonnant d’érudition,
fruit d’un travail de prospective scientifique rigoureux, cet essai veut tenter
de lutter contre les obscurantismes intéressés afin d’éviter à l’humanité ce
que les auteurs nomment "l’Age de
la pénombre".