Privatisation des barrages : Royal en retenue
La ministre de l’Écologie a appelé, dans un communiqué du 29 avril, à « ne pas privatiser les barrages français mais à les intégrer dans des structures qui permettent à l’État d’en garder le contrôle ».
L’arrivée à échéance des concessions sur les barrages français est un sujet récurrent en France et nous avons à plusieurs reprises abordé ce sujet dans nos colonnes. Leur mise en concurrence était une promesse de la majorité précédente : Jean-Louis Borloo avait annoncé en 2010 le lancement, d’ici à 2015, d’appels d’offres pour dix barrages d’une capacité totale de 5.300 mégawatts. Soit 20% de la puissance hydroélectrique française. Un appel à candidatures imposé par les directives européennes.
L’ex-ministre de l’Écologie, Delphine Batho, a dénoncé le lundi 28 avril, dans une tribune publiée par Les Échos (1), les projets du gouvernement actuel, évoquant « une privatisation qui ne dit pas son nom (et) contraire aux intérêts de la France ». Ségolène Royal, piquée au vif, lui a répondu dès le lendemain par un communiqué, se prononçant contre une « mise en concurrence pure et simple » des concessions hydrauliques françaises. Elle propose une solution alternative pour maintenir « un contrôle public » du secteur. La ministre considère que « la mise en concurrence pure et simple présente des risques pour l’intérêt général de la gestion de la ressource en eau, de l’équilibre écologique des vallées et des conditions de distribution de l’électricité ». « Il faut donc garder un contrôle public », a-t-elle ajouté. Elle propose de créer des sociétés d’économie mixte à majorité publique en s’inspirant de la Compagnie nationale du Rhône (CNR), qui est détenue à 50,1% par la CDC et des collectivités locales et à 49,9% par GDF Suez. « Le principe communautaire de concurrence sera appliqué aux entreprises de production d’électricité, partenaires des SEM », a également indiqué Ségolène Royal, pour qui cette solution devra être formalisée dans le projet de loi de programmation pour la transition énergétique.
Plusieurs groupes européens comme l’allemand E.ON ou le français Direct Énergie appellent à la mise en concurrence des concessions françaises, gérées à 80% par EDF et à 15% environ par GDF Suez (via la CNR et la Société Hydro-Electrique du Midi). L’énergie hydraulique a représenté 13,8% de la production d’électricité en France en 2013, derrière le nucléaire (73,3%) mais loin devant l’éolien (2,9%) et le solaire (0,8%).
Notes
(1) En ligne sur le site des Échos : http://goo.gl/vrQW03
(2) Communiqué de presse du ministère de l’Écologie, du 29 avril : http://goo.gl/i1VTMW
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